dimanche 28 décembre 2014

Formatés aux « compétences » dès le plus jeune âge !

Le vocabulaire de l'éducation nationale s'infiltre jusque dans les jouets pour jeunes enfants. Voici ce qu'on peut lire sur la boîte d'un jeu destiné à des futurs « apprenants » en lecture :


Nul doute que les concepteurs de ce jeu sont de grands lecteurs des textes de notre ministère et de ses pourvoyeurs en concepts pédagogiques !

lundi 1 décembre 2014

A voté !

J'ai effectué mon devoir électoral ce matin sur le site des élections professionnelles 2014. Je m'attendais à rencontrer une complication ou un dysfonctionnement dans la procédure mais tout a bien fonctionné ! J'avais noté la semaine dernière dans un fichier l'adresse du site de vote ainsi que le mot de passe pour y accéder. J'avais laissé sur mon bureau bien en évidence le papier avec le deuxième mot de passe pour accéder à l'espace de vote. Comme mon choix était déjà fait, cela a pris peu de temps pour le valider ! Reconnaissons qu'il faut être motivé pour voter. J'ai signalé à plusieurs reprises la tenue de ces élections à des collègues mais beaucoup m'ont paru résignés devant la dégradation de nos conditions de travail et de l'évolution du système scolaire en général. Pourtant, voilà un moyen facile de manifester son mécontentement en choisissant parmi les listes en présence celle qui l'exprime le mieux. Heureusement, il y en a encore, même si certaines ne rappellent pas qu'elles ont voté avec enthousiasme la loi de « refondation » de l'école et le changement funeste de nos statuts. Ce serait dommage de se priver de ce moyen d'expression. Votez !

Le site du vote :
https://vote2014.education.gouv.fr/emg-portal-webapp/frontend/#/login

vendredi 21 novembre 2014

La bienveillance, nouveau mantra de l'Ecole

Voici une lecture distrayante en ces journées pluvieuses d'automne : le récent rapport du CNIRE, le conseil national de l'innovation pour la réussite éducative. Je me suis peu penché sur la partie « innovation » au début, où il n'est question que d'évidences déjà en oeuvre et, en la matière, l'innovation vient rarement « d'en haut » mais essentiellement des pratiques pédagogiques que les collègues mènent dans leurs classes.
C'est surtout le paragraphe III intitulé La fabrique de l'engagement : une école bienveillante qui retient l'attention. Les sous-parties nous annoncent successivement :
_ Installer la bienveillance dans le système éducatif. Malgré les apparences, elle ne doit pas l'être suffisamment car voici le diagnostic qui est présenté dans le rapport :
« De ce point de vue, l’idée de la bienveillance s’est imposée : la bienveillance est la condition nécessaire à l’engagement mais aussi à l’efficacité de l’école. La bienveillance commence avec la suppression de la tendance inscrite dans des fonctionnements et des attitudes qui consistent à sanctionner mais aussi à dévaloriser et à invalider. Au-delà de l’échec, il faut prendre au sérieux les témoignages récurrents des élèves sur le sentiment d’avoir été à telle ou telle occasion « humiliés par l’Ecole ou les enseignants ». » Ce constat semble singulièrement daté ! Je n'ai jamais connu de tels cas d' « humiliation » depuis le début de ma carrière dans toutes les instances des établissements où je suis passé et ils furent nombreux.
L'école bienveillante est pourtant une évidence depuis plus de 30 ans avec la massification de l'enseignement secondaire. Il a bien fallu se montrer bienveillant, voire laxiste, pour permettre à des élèves qui n'avaient pas le niveau requis de passer de classe en classe et de cycle en cycle dans l'enseignement général.
Les rapporteurs sont incapables de faire des propositions concrètes sur cette introduction de la bienveillance car ils suggèrent de la demander aux équipes pédagogiques pour la rendre « explicite » ! Commençons par mettre un calicot à l'entrée de nos établissements pour signaler « ici école bienveillante ». Ou porter un badge des bisounours. Soit dit en passant, il faudra expliquer aux parents en situation irrégulière en France et dont les enfants sont scolarisés sans conditions et sans papiers pourquoi le ministère de l'Intérieur n'est pas bienveillant avec eux comme celui de l'éducation nationale... Il faut exiger que les autres ministères se montrent bienveillants avec tous les usagers : Justice, police, impôts... Ces propos valent aussi pour les entreprises : Nos élèves ne comprendraient pas pourquoi le monde du travail se montre si peu accueillant et bienveillant avec eux !
On nous annonce plus loin que « les emplois du temps et les missions doivent comporter des temps spécifiques de concertation ». En plus des heures de cours ? Cela va sans dire, mais avec une rémunération supplémentaire ? Rien n'est moins sûr au vu de la redéfinition des services qui entrera en action à la rentrée 2015 dans laquelle il est prévu des tâches supplémentaires à celles d'enseignement.
Enfin, voici la porte ouverte à la fin du cadre national hebdomadaire du temps de service : « reconfigurant les métiers de l’éducation et du professorat par une réorganisation de la semaine type de travail, même de façon dérogatoire, afin de créer de la souplesse et de
favoriser le partage des rôles et des responsabilités au sein des équipes. »

_ Décliner la bienveillance dans les relations : dans quel sens faut-il entendre le verbe décliner ? S'il y a déclin c'est bien dans les relations de l'administration avec ses personnels.
_Organiser la bienveillance. Répartir autrement les pouvoirs. Le rapport parle de « déconcentration du pouvoir autrement dit une plus grande répartition des responsabilités ». On peut se demander en quoi consistent ces responsabilités et qui va voir les siennes augmenter ou diminuer. Pour ce dernier cas, il est à prévoir que la liberté pédagogique des professeurs se réduise avec le renforcement du rôle du conseil pédagogique souhaité par le rapport, même s'il est précisé « en tant qu'instance de concertation ».

_ Accompagner la mise en oeuvre de la bienveillance : Dans cette rubrique, il est question de « favoriser les espaces de travail collectif, de co-intervention et de mise en relation entre partenaires extérieurs et intérieurs ». L'école est déjà ouverte sur le monde, ce n'est pas une nouveauté. Des intervenants extérieurs y sont invités lorsque cela sert le parcours scolaire des élèves. Mais multiplier ces interventions et autres sorties scolaires suppose d'empiéter encore plus sur le temps scolaire bien occupé. Les établissements scolaires ne sont pas des forums permanents ou des agences de voyages !

Bonne lecture !

mercredi 12 novembre 2014

L'école, c'était mieux avant ?

Voici encore un article qui prétend convaincre le lecteur que l'école d'aujourd'hui est bien meilleure que celle d'hier. La démonstration n'est pas vraiment probante. La seule « preuve » avancée par la journaliste rédactrice de l'article consiste à rappeler cette expérience qualifiée par elle de « décoiffante » réalisée en 1986 lors de laquelle on a fait passer les épreuves du certificat d'études primaire à des élèves contemporains pour comparer leurs résultats à ceux d'élèves des années 1870 dont on avait retrouvé les copies. Il paraît que les élèves contemporains s'en seraient mieux sortis que ceux du passé. Pourtant, il a été montré plus récemment le contraire ! Sur l'orthographe par exemple. On se souvient qu'il y a seulement quelques années, des collègues de français ont fait écrire une dictée du brevet des collèges donnée 20 ans avant. Ce fût peu glorieux pour les « contemporains » comme on peut s'en douter ! Et comme on le constate aussi au jour le jour dans nos copies !
La suite de l'article aborde la mixité à l'école mais sans exposer d'arguments sur son apport positif à l'école. Il y a encore des écoles dans le monde, y compris en Europe, où il n'y a pas de mixité et cela ne semble pas poser de problème aux élèves et à leurs familles. Il m'est arrivé d'enseigner une fois dans deux classes de lycée technologique, l'une composée exclusivement de garçons et l'autre de filles et cela s'est très bien passé. La mixité n'est qu'une transposition scolaire de l'évolution de la société, elle ne constitue absolument pas un préalable indispensable à l'enseignement !
Enfin, sur la discipline, si on ne peut que se réjouir de la fin des traitements un peu brusques avec les élèves dans un passé maintenant bien lointain, les sanctions disciplinaires restent souvent sans effet devant certains. L'arme suprême de l'exclusion définitive de l'établissement n'apporte pas toujours la solution du problème mais ne fait que le déplacer.

Si vraiment c'est mieux aujourd'hui comme le prétend l'article, l'école française devrait faire des merveilles dans les classements internationaux, non ? 

dimanche 9 novembre 2014

Revalorisation en catégorie B, toujours rien en A...

J'ai lu cette semaine dans ce document du ministère de la fonction publique que la grille de rémunération des fonctionnaires de catégorie B était en cours de reconstruction et de revalorisation depuis 2012 et qu'elle devrait s'achever en 2015. On peut lire à la fin du document un tableau montrant les indices bruts de rémunération des 3 grades de la catégorie et l'augmentation de l'indice de départ du premier grade. On ne peut-être que ravi pour ces collègues de voir leur rémunération de départ revalorisée même dans des proportions fort modestes et on se demande pourquoi il n'en n'est pas de même en catégorie A au moins pour les professeurs néo-recrutés ! Le ministère de la fonction publique ne peut pas prétexter qu'il n'en a pas les moyens car la refonte de la grille de la catégorie B concerne 170 000 agents d'après le document ! Au moins autant que ceux de nos nouveaux collègues en bas d'échelle qu'il faudrait revaloriser. Il est vrai que parmi les agents de catégorie B revalorisés on compte 100 000 fonctionnaires de la police nationale et 70 000 sous officiers de gendarmerie. Vu les temps de contestation qui courent, mieux vaut en effet s'assurer de leur soutien indéfectible ! En attendant, nous perdrons tous 0,4% de pouvoir d'achat le premier janvier 2015 avec l'augmentation de la retenue pour pension civile qui passera de 9,14% à 9,54% et ainsi de suite jusqu'en 2020 où elle atteindra 11%. Nous n'oublions pas bien sûr le gel du point d'indice jusqu'en 2017 et très probablement au delà qui nous fait perdre tous les ans au moins le montant de l'inflation. Ce n'est sûrement pas avec ces arguments que l'Etat va attirer vers le professorat des candidats de valeur en dépit des intentions qu'il affiche !   

vendredi 31 octobre 2014

L'école « bienveillante » menace les « petits profs » blogueur

Encore une manifestation de l'école « bienveillante » envers ses professeurs ! Cet article de Libération nous apprend qu'un professeur blogueur a été menacé d'un blâme par son rectorat pour avoir critiqué le n-ième plan numérique promu par le ministère de l'Education nationale. L'administration a évoqué un manquement à l'ambigu « devoir de réserve » pour faire taire ce collègue qui pourtant publie sous un pseudonyme. Remarquons au passage que ce ministère dispose apparemment de moyens importants pour surveiller et identifier les écrits des ses employés, à moins que ce collègue ai dévoilé son identité. Il rappelle à juste titre que d'autres professeurs se montrent plus incisifs et critiques que lui sur l'éducation nationale mais que leur notoriété médiatique les protège de toutes menaces. Nul doute que cette affaire va se calmer depuis que les ennuis de ce collègue ont fait le tour du net. Les censeurs à l'oeuvre au ministère n'aiment pas la publicité. Car on peut en effet parler de censure. Les professeurs ne sont pas des fonctionnaires comme les autres. Ce sont d'abord des intellectuels dont le travail ne se limite pas à la transmission brute de connaissances établies pour toujours. Il consiste aussi à l'examen critique de ces connaissances. Il n'y a pas de raison que notre société et son évolution soient exclues de cet examen, quelle que soit la discipline enseignée ! Dès lors, pourquoi ces critiques devraient-elles rester sous le manteau comme aux temps obscurantistes ? Pour le ministère, nous n'aurions le droit de donner notre avis que lors des « consultations nationales » dont nous savons que les conclusions sont connues d'avance. Eh bien non ! Chacun de nous a le droit (et même le devoir!) de le donner en tant que citoyen, au même titre que les autres, et sous la forme qui lui plaira, « devoir de réserve » ou pas...


PS : Pour éviter les remontrances de l'administration, il est toujours possible de préciser qu'un écrit est publié dans le cadre d'une activité syndicale, politique ou associative. 

lundi 27 octobre 2014

Questions orientées pour un socle commun

J'ai répondu récemment aux questions de la consultation nationale pour l'élaboration d'un nouveau socle commun disponible en ligne à cetteadresse. Il n'est pas besoin de lire entre les lignes pour deviner l'orientation que prendra le contenu final de ce fameux socle !
Le questionnaire comprend une partie importante sur l'évaluation. C'est très curieux car la définition d'un socle de connaissances (et de compétences!) peut se faire sans parler d'évaluation. Les concepteurs du questionnaire ont donc fait d'une pierre deux coups en glissant dans cette consultation la dernière marotte à la mode, à savoir la suppression des notes jugées « traumatisantes ». Voici deux questions qui vont dans ce sens :
« Je trouve que la note chiffrée ne donne pas assez d'indications sur ce qu'un élève sait et ne sait pas faire. »
« Les notes et les moyennes ne constituent pas une bonne base de dialogue avec les familles. »
Comme si l'évaluation d'une copie se limitait à la seule note figurant en en-tête. Une copie est toujours assortie de commentaires qui signalent à l'élève et sa famille les points à revoir.
« Je trouve que la note chiffrée est un moyen simple de situer un élève par rapport aux autres élèves de la classe. »
Cela fait belle lurette qu'il n'y a plus de classement entre élèves ! Les notes servent essentiellement à situer le travail de l'élève par rapport aux compétences et connaissances des programmes scolaires.
« L'évaluation doit permettre de trier les élèves afin de les orienter correctement. »
Le verbe « trier » est pour le moins tendancieux. C'est étonnant pour une consultation élaborée par un ministère qui promeut le « politiquement correct ». Les élèves ne sont pas de wagons dans une gare de triage et personnellement, je ne les ai jamais considérés comme tels. L'orientation est souvent décidée en dernier ressort par l'élève et sa famille après proposition des conseils de classe.
« L’évaluation doit susciter l’engagement et la confiance des élèves. »
Question étrange ! Nos élèves ne seraient pas « engagés » et « confiants » dans nos évaluations ? Ils ne les prennent peut être pas (ou plus) au sérieux... Les plus astucieux ou les plus paresseux ont compris que leur progression dans la scolarité jusqu'au bac est souvent indépendante de leurs résultats scolaires. On passe aisément en appel de la classe de troisième en seconde générale avec 8/20 de moyenne et de même de seconde en première. Et pour avoir cette moyenne, il n'est pas nécessaire de se fouler un neurone avec les très faibles exigences de programmes scolaires actuels, ou plutôt du « socle » actuel.
« L’évaluation doit reconnaître le droit à l’erreur, s’intéresser autant au processus d’apprentissage qu’à la performance. »
Le « droit à l'erreur » est déjà pris en compte par la multiplicité des évaluations qui permet le « rattrapage » d'une mauvaise note. En revanche, l'éducation nationale ne favorise pas vraiment le droit à l'erreur en matière d'orientation lorsqu'un élève souhaite quitter l'enseignement général pour l'enseignement professionnel. Le manque de places et la priorité accordée aux sortants de troisième ne favorise pas vraiment les réorientations. Le changement de voie est mal vu une fois entré dans une filière. On est prié de ne pas en sortir et d'aller jusqu'au bout ! Quant à la performance, l'école française est bien le dernier endroit au monde où il n'est plus question de performance ! Il est d'ailleurs très étonnant que l'école française participe encore aux évaluations internationales type PISA de l'OCDE ! Mais c'est bien connu, vu de France, c'est le monde entier qui est dans l'erreur.
« Il est possible d’évaluer la curiosité et les goûts d’un élève. »
Cela se fait très facilement ! Il suffit de regarder leur attitude pendant nos cours, pas besoin d'évaluation. Dès l'instant où l'on demande un peu d'investissement dans nos activités en classe, la motivation de beaucoup d'élèves font comme neige au Soleil...
Le plus révélateur du questionnaire se trouve dans la dernière question :
« L’évaluation doit reposer sur des échelles de niveaux de compétences comme celles qui existent par exemple dans le CECRL pour les langues vivantes (de A1 pour les utilisateurs élémentaires en niveau introductif jusqu’à C2 pour les utilisateurs expérimentés – maîtrise). »

Tout est dit ! Hormis l'acronyme abscons CERCL dont les collègues de langues étrangères doivent seuls connaître la signification, le but du questionnaire est donc bien de vanter les mérites de l'évaluation par compétences sous forme de grilles et de tableaux à remplir. Avec pour objectif de gonfler les notes, si toutefois le remplissage de ces usines à cases donnent lieu à l'attribution d'une note finale. Voilà qui nous promet un surcroît de travail pour faire figurer explicitement toutes les compétences évaluées dans nos devoirs sans que cela aide forcément les élèves à progresser dans leur travail, du moins ceux qui le souhaitent encore.

mercredi 15 octobre 2014

La mauvaise graisse

Les média sont maîtres dans l'art de faire passer pour des perdreaux de l'année des hommes politiques déjà présents dans l'arène depuis 40 ans, avec les mêmes idées. Prenons au hasard M. Alain Juppé dont on nous a vanté récemment les grands mérites pour prendre la tête de l'UMP et la candidature à la présidence de la République. On se rappellera qu'il y a 18 ans, M. Juppé, premier ministre, avait déclaré à l'Assemblé nationale qu'il préférait « une fonction publique plus efficace et moins nombreuse à une fonction publique qui fait de la mauvaise graisse » (cette belle envolée est disponible en vidéo sur ce lien). Sur ce point, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir changé d'avis puisqu'il a repris les propositions récentes de Nicolas Sarkozy de réduire le nombre de professeurs de 30% mais d'augmenter d'autant leur temps de travail. Si ces hauts personnages étaient bien informés, ils devraient savoir qu'une bonne partie d'entre nous, surtout en début de carrière, effectue déjà des heures supplémentaires pour mettre du beurre dans les épinards d'une rémunération la plus modeste en comparaison à celle de nos collègues des pays de l'Union européenne avant élargissement à l'Est. Ils n'en sont pas à une ignorance près et la méconnaissance se double d'amateurisme lorsqu'on fait les comptes comme J.P. Brighelli dans cet article. L'augmentation de 30% du temps de travail, déjà presque réalisée avec les heures supplémentaires ne permettront pas d'assurer les heures de cours à effectuer en baissant les effectifs enseignants de 30%. Il faudra obligatoirement réduire d'autant les heures de classe ainsi que les programmes scolaires. Et pourquoi pas augmenter le nombre d'élèves par classe tant que nous y sommes ? Ou les deux ! On entendra les mêmes se plaindre ensuite de « l'inefficacité du système scolaire » et du nombre de jeunes qui le quitte sans qualification. Le cercle vicieux n'est pas prêt de se briser... 



samedi 11 octobre 2014

Elections en série

Voici revenue la saison des élections, un bon mois après la rentrée scolaire. Les murs de nos établissements se couvrent de papiers et affiches pour appeler les électeurs à désigner des représentants à une kyrielle d'instances locales et nationales, conseil de vie lycéenne, conseil d'administration, foyer socio-éducatif et autres assemblées aux acronymes obscurs. Je passe sur l'élection des délégués de classes organisés par les professeurs principaux dont j'ai la chance de ne pas faire partie... il y a cependant une élection supplémentaire cet automne, celle des représentants des personnels de l'éducation nationale dans les instances académiques et nationales. Ce scrutin, qui a lieu tous les 4 ans, se fait exclusivement par voie électronique, contrairement à ceux des autres ministères. Lors de la précédente élection, un identifiant et un mot de passe suffisait pour se connecter à un site pour exprimer son vote. Cette procédure assez simple a cependant empêché de nombreux collègues de ne pas pouvoir voter en raison d'incompatibilité matérielle ou logicielle. Pour cette élection, nous avons affaire à une véritable usine à gaz informatique. Qu'on en juge sur ce document du ministère ! Quels sont les collègues suffisamment patients et motivés qui iront au bout de cette procédure fastidieuse ? Le vote lui même a lieu du 27 novembre au 4 décembre, période où, comme par hasard, débuteront les premiers conseils de classes avec leur lot d'appréciations à saisir. Certes, il est possible de voter depuis chez soi, en soirée ou en fin de semaine les samedi 29 et dimanche 30 novembre. Mais c'était pourtant si facile et rapide de n'avoir qu'à glisser un bulletin dans une urne depuis son établissement... Et de pouvoir participer au dépouillement. Avec l'outil informatique, on n'a aucune garantie de la fiabilité des résultats.
Verra-t-on au moins quelques affiches électorales pour avertir les personnels de ce scrutin ? A élection électronique, campagne électronique et la communication des fédérations syndicales passent par nos boîtes courriel académiques alimentées fréquemment de missives publicitaires. C'est toujours autant de papier économisé, surtout s'il s'agit d'y promouvoir une école « bienveillante » suivant le mot d'ordre mis à la mode par l'éphémère ministre B. Hamon. Bienveillante avec tout le monde, sauf avec les professeurs évidemment... C'est le cas pour ce syndicat qui propose une vidéo dans ce sens où l'on voit une jeune élève dont le dessin naïf est critiqué durement par un « jury » d'adultes particulièrement remontés sensés représenter des professeurs. Totalement caricatural pour l'Ecole et pour nous ! Cette parodie montre une école qui n'a jamais existé. Elle fonctionne plutôt à l'envers de ce qui est montré, les élèves en remontrent aux professeurs et lorsque quelque chose ne leur plaît pas, ils sont prompts à le faire savoir. Un vision de l'éducation que je ne souhaite pas voir se développer plus loin...  

mercredi 24 septembre 2014

TPE : travaux personnels ennuyeux

C'est reparti pour une nouvelle fournée de TPE (travaux personnel encadrés) et son lot de sujets tous plus convenus et ressassés d'une année sur l'autre ! Il y a une dizaine d'années encore, cette activité voulue par l'ancien ministre Allègre en lieu et place d'heures de cours, suscitait souvent des sujets assez divers et des présentations originales. Cette originalité a depuis disparu et tout le monde veut faire la même chose. Il y a quelques années, nous avons eu une vague cuisine « moléculaire ». Les élèves s'activaient dans des expériences avec des produits alimentaires additionnés d'émulsifiants et autres gélifiants. Expériences laborieuses et maintes fois répétées, avec le gaspillage que cela implique (*), pour produire des « aliments » à la texture peu ragoutante qu'on nous demandait cependant de goûter. Ce que j'ai toujours évité soigneusement de faire ! Si encore ces activités conduisaient à un contenu scientifique de valeur, l'objectif serait atteint. Mais très souvent, si ne n'est presque toujours, ce contenu s'avérait fort maigre au final voire totalement inexistant.
Mais une autre vague déferle depuis trois ans : la vague médicale. Elle emporte tout sur son passage en raflant la quasi totalité des sujets. Du jamais vu depuis que je participe à ces « travaux ». Les séries télévisées mettant en scène le milieu hospitalier ont manifestement suscité de nombreuses « vocations » parmi les élèves qui se voient déjà en blouse blanche et stéthoscope autour du cou s'affairer dans les locaux aseptisés. Les thèmes tournent autour de choses aussi réjouissantes que le cancer, la maladie d'Alzheimer, l'euthanasie, les drogues, le dopage et j'en passe. Curieuse génération qui développe des goûts aussi morbides ! Je finis par me demander si je ne suis pas « anormal » à ne pas me passionner pour ce genre de choses... Est-il besoin de préciser que l'aspect bi-disciplinaire exigé par les textes passe à la trappe avec de type de sujets ? Difficile en effet d'y caser des mathématiques ou des sciences physiques ! Quant à la biologie au coeur de ces sujets, les candidats auditionnés lors de la présentation de leur travail sont souvent incapables de répondre aux questions simples mettant juste en oeuvre les connaissances au programme de leur classe ! C'est dire si le reste de ce qui est présenté est maîtrisé. Cette remarque vaut aussi pour les sujets autres que « médicaux ». Beaucoup d'élèves auditionnés se révèlent incapable d'expliquer le contenu d'un travail qui s'échelonne sur presque six mois à raison de deux heures par semaine. Cela jette une pierre, ou plutôt un astéroïde, dans le jardin des « constructivistes » qui présentent comme efficace la « construction » du savoir par les élèves ! Le cours magistral est bien plus efficace pour faire acquérir des connaissances et surtout plus économique en moyens et en professeurs. Avec ces sujets mono-disciplinaires, les professeurs des autres disciplines qui « encadrent » cette activité en sont réduit au mieux à corriger les fautes d'orthographe des productions écrites des élèves qui les sollicitent et au pire à faire potiche dans la salle. Des moyens humains qualifiés encore fort bien employés en cette période de disette budgétaire...


(*) Il a été rapidement décidé que les élèves souhaitant effectuer ce type d'expériences le fasse avec des aliments achetés par eux.

mercredi 17 septembre 2014

Pilotes, notaires : bienvenue dans les professions à modeste salaire !

Mon titre est provocateur mais il ne fait que refléter une tendance de fond de notre belle société, la baisse ou au mieux la stagnation des rémunérations de plus en plus de professions. Avec la multiplication des compagnies aériennes à bas coûts, il fallait s'attendre à ce que les compagnies traditionnelles s'alignent sur ce modèle ou créent des filiales aux tarifs compressés comme les passagers dans leurs avions. Cela passe fatalement par la réduction des salaires des personnels pour affronter la concurrence et être rentable. Cet effet de réduction ne va pas sans conséquence pour les employés de la maison mère. Je suppose qu'il doit en être de même chez les autres catégories du personnel d'Air France mais elles n'ont pas l'air de suivre le mouvement. Notons cependant la force des syndicats de pilotes de la compagnie qui arrivent à mobiliser la majeure partie de leurs adhérents dans une grève qui dure plus de 24h. Cela laisse rêveur dans l'éducation nationale...
La mobilisation est aussi remarquable pour les notaires et huissiers de justice lundi dernier. Des professions, particulièrement les notaires, dont on était à des années lumières d'imaginer qu'elles puissent descendre dans la rue. Dans le journal télévisé de France 2 d'hier, mardi 16 septembre, on pouvait même voir un drapeau CGT Huissiers ! Diable ! Une profession libérale dont un syndicat appartient à une centrale « ouvrière »... Cela me rappelle une pièce de théâtre dans laquelle la regrettée Jacqueline Mailland disait dans une réplique : « mon père était ouvrier. Ouvrier notaire ! ». Je ne suis pas partisan des monopoles dans tous les domaines. Je ne suis pas partisan non plus de la déréglementation à tout va. Mais il doit bien exister un juste milieu pour ces professions. Il n'y aucune raison valable de ne pas les ouvrir à d'autres prestataires. Si notaires et huissiers continuent de proposer un service de qualité à prix concurrentiel, il n'y a pas de raison que leurs clients les boudent...


dimanche 14 septembre 2014

La série S, préférée des lycéens ?

D'après la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (un intitulé digne d'une entreprise commerciale!) du ministère de l'éducation nationale, 36% des élèves de seconde générale et technologique passent en première S, faisant de cette série la plus demandée de l'enseignement général. Un pourcentage important certes mais pas écrasant. La réforme du lycée du début des années 1990 avait voulu « casser » la « suprématie » supposée de la série C en créant la série S, version très allégée en sciences de son prédécesseur, afin de « revaloriser » les autres filières. Vingt ans plus tard, non seulement le but n'est pas atteint, mais en mettant à quasi égalité d'horaire et de coefficients(*) à l'examen matières scientifiques et « littéraires », cette série S est devenue la plus générale de l'enseignement général et donc fatalement la plus demandée par des élèves soucieux de garder toutes les portes ouvertes pour la suite de leurs études. Parmi eux, hélas, des opportunistes de plus en plus nombreux, pas spécialement intéressés par les sciences. Les deux autres séries, littéraire (L) et économique et sociale (ES), ont perdu au change en « prestige » car elles n'accueillent plus que des élèves vraiment allergiques aux sciences et dont le contenu des enseignements, lui aussi amoindri, ferme des portes par rapport aux anciens bac A et B. Il y a une trentaine d'années, mon médecin traitant de l'époque avait passé un bac A (littéraire). Inhabituel mais possible. Je n'ose pas prétendre que ce serait impossible aujourd'hui, car un bachelier L ou ES très motivé pourrait rattraper les cours de sciences physiques et sciences et vie et de la Terre de la série S pendant un stage intensif de trois mois tant le volume horaire de ces deux disciplines a diminué lors de la dernière réforme du lycée général. Qu'on ne se laisse pas abuser par la suppression, annulée depuis cette année, des cours d'histoire et géographie en terminale S. Elles n'avaient pas pour but de rendre la série plus scientifique mais bien de faire encore des économies sur le dos des élèves. Le rétablissement d'une vraie série scientifique ne passe que par le rétablissement des horaires des disciplines scientifiques au niveau qui étaient le leur il y a 25 ans. Trop cher ? Le surcoût serait largement compensée par la baisse du trop-plein d'élèves opportunistes pas passionnés par les sciences et qui emploieraient beaucoup mieux leurs talents dans les autres séries au lieu de peiner sur les lois de Newton ou le calcul intégral. Et cela ne ferait pas baisser le nombre de « scientifiques » formés puisque de toutes façons ces élèves opportunistes ne feront pas d'études supérieures scientifiques. D'ailleurs, a-t-on besoin de beaucoup de scientifiques dans un pays qui se désindustrialise à toute vitesse, en dépit de la création d'un ministère du « redressement productif » ?


(*) coefficient 21 pour les disciplines scientifiques et 19 pour le reste en y incluant les TPE (travaux personnels encadrés) réalisés en première et sans les options. 

lundi 8 septembre 2014

Cherche professeur de mathématiques à 9,53 euros de l'heure...

Tout les titulaires remplaçants étant affectés à l'année dans presque toutes les académies, et certains concours de recrutement n'ayant pas fait le plein, il ne reste plus que les petites annonces pour recruter des vacataires et boucher les trous les plus criants. Mais lorsqu'on lit cette annonce de Pôle emploi qui recherche un professeur de mathématiques pour enseigner à temps plein dans un collège à 9,53 euros de l'heure (soit un peu moins de 700 euros mensuel), on se doute que les candidats ne vont pas se bousculer ! Du même ordre de grandeur qu'une heure de ménage à domicile. Cela montre encore au passage à quel point on estime la fonction de professeur, en légère contradiction avec les discours officiels. Qui voudrait se déplacer, assurer préparation des cours et correction des copies à bac+3 minimum pour un salaire aussi dérisoire ? La crise de recrutement a encore de beaux jours devant elle...

mercredi 3 septembre 2014

Rentrée 2014 : du local au global

Que retenir de cette rentrée 2014 ? Au niveau local, elle s'est faite un peu plus rapidement que d'habitude les membres de l'équipe de direction ont été très bref dans leur présentation. Des sourires amusés se sont affichés sur les visages des collègues lorsque furent égrenés les résultats du bac (forcément très bons!) et le nombre record de mentions... L'organisation des enseignements a été ensuite rapidement confiée aux équipes pédagogiques, les mieux placées pour effectuer cette tâche. Equipes pluri-disciplinaires même, pour les enseignements communs, ces derniers représentant un nombre d'heures non négligeables dans nos services.
Quant au global, il n'est question que des communes récalcitrantes à l'application de la réforme des rythmes scolaires. Pourtant, j'ai appris ce matin à la radio que les municipalités n'auraient pas obligation à organiser et financer les activités dites péri-éducatives après la classe. La seule obligation résiderai dans l'ouverture des écoles le mercredi matin. Encore un nouveau son de cloche qui ne fait qu'ajouter à la confusion dans les esprits. L'ajout d'une demi-journée de cours supplémentaire permet sûrement de rééquilibrer la semaine scolaire dans le primaire et d'assurer une continuité avec le collège où des cours ont lieu aussi le mercredi matin. En revanche, la qualité et la diversité des activités après la classe sont fortement liées à la richesse de l'environnement culturel de chaque école. Et là, toutes ne sont évidemment pas logées à la même enseigne ce qui ne fait qu'accentuer les inégalités alors que la politique du ministère nous promet d'oeuvrer à leur réduction ! Autre mantra de cette rentrée 2014, le numérique ! Thème récurent dans lequel ceux qui n'ont pas mis les pieds depuis longtemps dans un établissement scolaire y voient l'alpha et l'oméga de la rénovation pédagogique. Cela fait pourtant belle lurette que les outils électroniques au sens large ont fait leur entrée à l'école et ce n'est pas parce qu'un nouveau gadget ou un nouveau service est mis sur le marché qu'il faut appeler à chaque fois à la remise en question des méthodes d'enseignement. La majorité des collègues n'attend pas les injonctions des promoteurs du numérique pour mettre ces outils au service de leur enseignement et non l'inverse. En revanche, notre administration est souvent à la traîne pour offrir des formation digne de ce nom à ces outils et nous sommes souvent obligés de nous y former seuls ou par l'intermédiaire de collègues plus informés.
Bonne rentrée à tous !


mardi 26 août 2014

Quatre mois et puis s'en va...

Notre ministre n'aura pas fait long feu à son poste ! Quatre mois tout juste. Il n'aura même pas préparé ni vécu une rentrée scolaire. On peut lui reconnaître l'honnêteté de s'accrocher plus à ses idées qu'à son poste et on aurait aimé que les apparatchiks du ministère, ceux qui détiennent réellement le pouvoir et suggèrent les réformes délétères, soient démis de leurs fonctions par la même occasion. Ils ne manqueront même pas pour assurer l'aspect matériel de la rentrée. Ce remplacement rapide de personnel politique au ministère de l'éducation montre bien que ce n'est pas le titulaire du portefeuille qui manoeuvre de fait le navire mais bien les technocrates idéologues qui assurent la continuité de la trajectoire vers l'iceberg fatal. Et eux n'ont de compte à rendre à personne. Lorsqu'un nouveau ministre est nommé, il a juste à ouvrir les tiroirs du bureau pour y trouver les projets de réformes déjà prêts laissés par son prédécesseur ou préparés par le cénacle des gardiens de la doctrine pédagogique à l'oeuvre depuis près de trente ans. Le titulaire du maroquin n'a plus qu'à les présenter devant la presse après avoir confié à une commission la gestion d'une « consultation » dont la lettre de mission contient déjà les conclusions auxquelles elle doit parvenir. Le travail du ministre ne demande finalement que peu d'imagination politique. Il y a juste un peu de communication à faire mais la pilule des « réformes » passe de mieux en mieux avec la résignation grandissante et désabusée des personnels. Il n'y a plus que les élèves qui sont craints par le locataire de la rue de Grenelle, les seuls capables de lui faire retirer une réforme en descendant dans la rue... Mme Vallaud-Belkacem vient d'être nommée ce soir à la place de B. Hamon à quelques jours de la rentrée. Si sa nomination avait eu lieu après la rentrée, on ne se serait aperçu de rien...     

mercredi 20 août 2014

Allocation de rentrée scolaire : utilisée à tout sauf à ça !

Le versement hier de l'allocation de rentrée scolaire sous condition de ressources s'accompagne invariablement dans les média de reportages sur des mères de familles (*) au budget serré en train d'acheter moult fournitures scolaires dans une grande surface. Avec, bien sûr, le choix cornélien entre le cartable à bas prix et celui de marque... Il serait plus éclairant pour le téléspectateur de montrer les monceaux de stylos, gommes, copies, trousses, ciseaux et même calculatrices que l'on récupère dans nos salles de classes à chaque fin d'année, « oubliés » par nos élèves et pas forcément par les plus aisés d'entre eux... A quoi bon en effet être soucieux du matériel puisque c'est l'Etat qui le paye chaque année ? Et puis tant d'argent versé pour quelques crayons qui serviront si peu et quelques copies qui seront si peu remplies (elle seront aussi plus faciles à corriger!), mieux vaut l'utiliser pour autre chose. Un nouveau téléphone mobile par exemple ! Au lieu d'arpenter le rayon des fournitures scolaires des grandes surfaces, les reporters devraient aussi enquêter dans les boutiques de téléphonie mobile. Je suis prêt à parier qu'on y constaterait une affluence de jeunes, flanqués ou non de leurs parents. Une anecdote éclairante me revient en mémoire à propos de téléphone. Le proviseur d'un lycée où j'ai exercé il y a quelques années recevait une élève et sa mère dans son bureau. La mère, en difficulté financière, venait demander une aide sociale. Au milieu de l'entretien, l'élève a sorti de sa poche un téléphone mobile rutilant orné d'une pomme croquée... A l'époque un tel téléphone coûtait 500 euros au bas mot et même encore aujourd'hui (voire beaucoup plus!), d'après le site du fabriquant que je viens de consulter. Même d'occasion ou « tombé du camion », cela fait un peu dispendieux pour une élève soit disant « dans le besoin ». Je n'ai hélas pas su si l'aide financière avait été accordée et encore moins à quoi elle a servi in fine. Peut-être à acheter le forfait illimité pour le téléphone... Comme je l'ai entendu récemment à la radio, la seule différence aujourd'hui entre les riches et les pauvres, c'est l'argent ! Cette tautologie n'est pas si triviale qu'elle en a l'air car en effet, riches ou pauvres, surtout chez les jeunes, sont vêtus et équipés des mêmes marques toutes plus tendances les unes que les autres. Il ne faudrait surtout pas déchoir face au groupe prescripteur de mode et de comportement sans quoi le « jeune » risque la pire relégation sociale.
Pour en revenir à l'allocation de rentrée scolaire, il y a sûrement des parents qui l'utiliseront à bon escient mais nos gouvernants seraient plus avisés de la donner sous forme de bons d'achat à valoir uniquement sur des articles de fournitures scolaires. Quant aux parents, ils devraient veiller à ce que ce matériel acheté aux frais du contribuable ne soit pas abandonné dans les salles de classe par leur chère progéniture...

(*) Ce sont essentiellement des mères que l'on voit dans ces reportages. Les pères n'aimeraient-ils pas faire les courses de fournitures ou céderaient-ils facilement aux demandes de leurs enfants sur tel ou tel produit ? 

lundi 28 juillet 2014

Agrégation avant la thèse ou l'inverse ?

Comme tous les ans, et depuis fort longtemps, l'éducation nationale met des bâtons dans les roues à des jeunes (et moins jeunes) agrégés qui souhaitent préparer une thèse. Toute demande de disponibilité se heurte à un refus catégorique même si le futur thésitif a obtenu un contrat doctoral d'une université ou d'un organisme de recherche. On comprend que notre chère administration se doit de placer un professeur devant chaque classe mais
ce ne sont pas quelques dizaines de collègues par an demandant une disponibilité qui vont déstabiliser le système, même en période de crise de recrutement. C'était déjà le cas il y a une quinzaine d'années alors qu'il y avait pléthore de titulaires remplaçants sans affectation dans beaucoup d'académies et dans toutes les disciplines. Lorsque j'ai cherché un sujet de thèse à cette époque, je n'avais pas de contrat doctoral et je n'ai donc pas eu besoin de demander une disponibilité. Il m'a fallu assurer un service complet d'enseignement en parallèle à mon travail de thèse. J'avais pourtant des classes de lycée mais mes cours étaient bien rodés et le public bien plus réceptif qu'il peut l'être aujourd'hui. On ne sortait pas de classe en état d'épuisement pour aller travailler sur son sujet de thèse ! Il m'a fallu 6 années et quelques pour en arriver à la soutenance finale mais en tant que thésitif salarié, aucune durée ne pouvait être imposée à l'époque. C'est peut-être toujours le cas... Depuis, dans la discipline scientifique où j'ai travaillé, les écoles doctorales n'admettent en thèse que des étudiants ayant un financement. Mais comme il y a toujours eu davantage de sujets de thèse proposés que de financement, les chercheurs dont le sujet n'a pas été pris par un étudiant « financé » n'ont souvent pas d'objection à le confier à un candidat agrégé en poste.


Dans le cas d'un néo agrégé qui dispose d'un financement doctoral et que l'administration ne laissera pas partir, j'ose conseiller la démission de l'agrégation. Elle est de droit et prend effet immédiatement. D'une part, il se débarrasse de tracasseries administratives liées à une demande de congé (qui sera dans tous les cas refusée) et d'autre part, en se présentant à un concours de recrutement de maître de conférence après la thèse, il pourra faire état de sa réussite à l'agrégation suivie de sa démission immédiate, ce qui empêchera le jury de prétexter un poste « parachute » pour écarter sa candidature comme j'en ai fait l'expérience. En cas d'échec aux concours du supérieur et si l'agrégé docteur démissionnaire souhaite vraiment rejoindre le second degré, il ne devrait pas lui être difficile soit de repasser l'agrégation, soit de candidater à l'un des nombreux postes de vacataires en attendant mieux. Mais nul doute qu'il s'agit ici d'une situation extrême ! Sauf attrait irrépressible pour l'enseignement secondaire, le jeune docteur ferait mieux de monnayer son expérience dans une autre administration ou dans le secteur privé...

samedi 26 juillet 2014

Devenez universitaire avec une simple licence !

En parcourant la déclaration d'intérêts de notre ministre, disponible sur le site de la haute autorité pour la transparence de la vie publique, on y apprend qu'il a été , entre autre, professeur associé à l'université de Paris 8 dans les 5 dernières années. Voilà une promotion formidable pour le titulaire d'une « simple » licence d'histoire. J'ai l'impression légèrement désagréable d'avoir perdu mon temps à obtenir un doctorat pendant 6 années en assurant en parallèle un service complet d'enseignement dans le seconde degré. Sans obtenir le moindre poste universitaire ni le moindre avantage en terme de carrière. J'aurais sans doute mieux fait de militer dans un parti politique de gouvernement... Notre ministre peut aller plus loin que la suppression des « mauvaises notes qui traumatisent les élèves ». Qu'il supprime aussi les diplômes qui ne servent finalement à pas grand chose comme le montre son parcours personnel...

mercredi 9 juillet 2014

Mort à l'école

Les média n'ont pas été très loquaces depuis le drame de vendredi dernier à Albi. C'est assez étonnant, concernant ce qu'on qualifie de « fait divers » et dont les journaux télévisés sont devenus très friands ces dernières années. Le journal télévisé de France 2 a préféré parler de la défaite de nos (in)fortunés footballeurs pendant plus de 20 minutes. Je ne suis pas vraiment un amateur de « faits divers », mais la priorité de l'information ce soir là était assez choquante. Le meurtre d'un professeur des écoles dans l'exercice des ses fonctions, même commis par une personne présentée comme déséquilibrée, est un événement assez grave et révélateur du délabrement de notre société pour passer aux oubliettes de l'information. Il y a peut de chance qu'un procès soit intenté à l'auteur de cet acte si elle est déclarée « irresponsable » mais on peut s'interroger quand même sur le fait qu'elle ai précisément choisi cette institutrice pour commettre un homicide. Si elle était sous le coup d'une folie meurtrière en sortant de chez elle avec un couteau, pourquoi ne s'en est-elle pas prise à la première personne venue pour assouvir sa pulsion de mort ? Elle a forcément du en rencontrer avant d'entrer dans cette école. Il est donc difficile de croire que cet acte n'était pas prémédité et que s'attaquer à cette institutrice était un pur hasard. Le déséquilibre mental a aussi ses limites et c'est bien le professeur et/ou l'institution qu'il (elle) représente qui a été visé par le couteau.
Hélas, il ne sera jamais possible de surveiller efficacement les entrées et les sorties de tous les établissements scolaires, malgré la présence, pas toujours constante, du personnel de la loge. Nous serons toujours à la merci d'un(e) excité(e) déterminé qui entrera pour y « régler ses comptes » au figuré comme au propre. Il y a heureusement des lois pour protéger les agents de l'état dans l'exercice de leurs fonctions. Encore faut-il les appliquer. Et en toutes circonstances, rappeler aux sans gêne et autres malappris, « usagers » de l'Ecole, qu'ils doivent le respect à tous les membres de cette institution. Dans ce domaine, nos gouvernants, passés et présents, ne se sont pas vraiment montrés à la hauteur de leurs obligations. On rappellera à ce sujet, à titre d'exemple, la funeste « loi Jospin » de 1989 qui mis « l'élève au centre du système éducatif », version scolaire de la théorie de l'enfant roi des années 60 et 70. Elle a fortement contribué à la relégation des professeurs et de l'instruction à la périphérie où ils se trouvent encore 25 ans après...



PS : Le ministre vient de déclarer ce jour à l'Assemblée nationale que les filles de la collègue assassinée seront pupilles de la Nation. L'état civil précisera qu'elle est morte au service de la Nation. C'était le moins que la République pouvait faire...


jeudi 3 juillet 2014

Peste émotionnelle

Pour ceux (et ils sont nombreux, mais on leur donne peu la parole!) qui en ont assez de la folie du ballon rond ces dernières semaines, je conseille vivement la lecture de l' excellent livre ci-dessous, Le football, un peste émotionnelle, par les non moins excellents Jean-Matie Brohm et Jean-Marc Perelman. Cette édition date de 2006 mais il n'y a pas grand chose à changer depuis. L'hystérie collective qui saisi une majorité de nos concitoyens arrivera-t-elle à effacer la morosité ambiante qui règne dans notre pays depuis plusieurs mois comme l'espère certains ? Je crains que cet anesthésique n'ai qu'un effet limité dans le temps !
Cet engouement a cependant un avantage pratique. Pour ceux qui souhaitent visiter une exposition très fréquentée, un musée souvent bondé, ou un spectacle à succès, programmez votre visite le jour où la France est en compétition ! C'est ainsi que lors d'une précédente coupe du monde, j'ai pu assister aux grandes eaux nocturnes dans le parc presque vide du château de Versailles. La France disputait ce soir là un match contre je ne sais qui, d'où le peu de monde sur les lieux. Quelques importuns avait eu la mauvaise idée de déambuler avec un récepteur radio ou un téléphone vissé à l'oreille pour écouter les « exploits » de nos jeunes milliardaires en maillot bleu mais ils n'ont heureusement pas gâché le bruit délicat des cascades et fontaines des bosquets sublimes du parc. J'ai passé une bien meilleure soirée que de rester chez moi à supporter les éructations du voisinage... Bonne lecture et/ou bonne visite !


lundi 30 juin 2014

Evaluation des élèves : généralisation des usines à cases

N'y avait-il rien de plus urgent à s'occuper que de vouloir changer l'évaluation des élèves ? Notre nouveau ministre, pourtant attendu sur d'autres fronts, vient de lancer une « conférencenationale sur l'évaluation des élèves » qui est censée en finir avec « l'arbitraire » de la note chiffrée. Il a découvert brusquement la semaine dernière que « le système d'évaluation des élèves, tel qu'il existe à l'heure actuelle, contribue fortement à accroître les inégalités scolaires ». Diable ! Si les inégalités scolaires augmentent, ce n'est pas à cause des notes chiffrées mais du renoncement à des programmes scolaires exigeants. La réduction des inégalités culturelles ne peut se faire qu'avec plus de culture ! Les élèves seraient traumatisés et découragés par les mauvaises notes ? J'en connais beaucoup à qui elles font souvent rire, surtout lorsque les résultats dans ma discipline n'interviendront pas dans leur orientation. Une note, bonne ou mauvaise, n'est que l'appréciation la plus concise possible d'une production, non d'une personne, et ce n'est en aucun cas un « outil de relégation » comme l'écrit le ministre. La mauvaise note ne fait que traduire un travail insuffisant qui n'a pas répondu aux objectifs fixés. Loin de traumatiser, elle n'est là que pour alerter celui qui la reçoit de revoir sa copie, au sens propre , même si cette révision est loin d'être faite par les élèves. Dans son avant propos, le ministre trouve que les élèves « apprennent très jeunes, trop jeunes, le sens des mots compétition, performance et trop souvent échec ». Il y a bien longtemps que ces mots ont été bannis du vocabulaire de l'école française alors qu'à l'inverse, ils devenaient de plus en plus présents dans tout le reste de la société et dans bon nombre de systèmes scolaires étrangers ! A ce propos, il est cocasse de constater que la direction du comité d'organisation de cette conférence sur l'évaluation a été confiée à trois personnalités issues des formations sélectives de l'école française ou qui y enseignent !
Il n'est pas besoin de lire entre les lignes pour deviner l'objectif de cette réforme : une évaluation par compétence à toutes les sauces qui nécessitera de la part des professeurs le remplissage fastidieux et chronophage de grilles et de cases parfaitement incompréhensibles des élèves et leurs familles. Cela n'ira sûrement pas dans le sens que souhaite le ministre qui dénonce des évaluations actuelles « subies par les élèves dont ils ne saisissent pas les codes ni les attendus implicites, contrairement aux élèves les mieux pourvus culturellement, qui acquièrent ceux-ci en dehors de l'Ecole ». Si les notes chiffrées ont un mérite, c'est bien celui d'être compréhensibles par tous. 

samedi 28 juin 2014

Départs en retraite sans fanfare ni trompettes!

Les fins d'année scolaire donnent souvent lieu dans nos établissements à des apéritifs dînatoires avec l'ensemble des personnels. Ces réunions sont l'occasion de saluer le départ en retraite de collègues avec de beaux discours du chef d'établissement et remise de cadeaux. J'ai remarqué ces dernières années qu'un nombre non négligeable de collègues arrivés au terme de leur carrière refusent de participer à ces petites réunions de fin d'année. Un de mes collègues, en poste dans notre lycée depuis 20 ans et prochainement retraité, vient de faire part à tous par la boîte courriel de l'établissement sa non participation à la traditionnelle réunion. Une première pour le canal d'information et pour la publicité donnée à sa décision ! Le collègue ne donne pas dans son message (et c'est dommage) la raison de son choix... Est-ce par crainte que la nostalgie du départ ne l'émeuve trop ? J'opte cependant pour la volonté de mettre du champ avec l'établissement et le « Système » dans son ensemble au vu de la fatigue et de la lassitude qui se lisait sur son visage ces derniers mois...
Pour ma modeste part, lorsque viendra l'heure de la fin de carrière, j'opte comme ce collègue pour une sortie en toute discrétion, en espérant avoir rempli la mission d'instruction qui m'était confiée, même si notre employeur nous y a peu aidé par ses réformes successives. Notre entrée dans le métier se fait sans fanfare ni trompette, il n'y a pas de raison que le départ ne se fasse pas de même !


vendredi 27 juin 2014

Bac français et mathématiques : trop dur !!!

Après le tour de l'épreuve de français du bac, jugée trop dure (en des termes peu châtiés ! Pauvre Victor Hugo* !) par une poignée de lycéens sur les réseaux dit sociaux, voici la protestation contre l'épreuve de mathématiques du bac S. Ce n'est évidemment pas la première fois que les candidats au bac (et leurs parents!) font part de leur sentiment de « difficulté » devant certaines épreuves du bac. Mais internet offre désormais une caisse de résonance à ces protestations, très (trop) souvent relayés par les média au moment où l'actualité va se mettre elle aussi en vacances. Pourtant, comme le rappelle fort justement le ministère, les épreuves des examens sont élaborées dans le carde strict des programmes scolaires par des professeurs qui les connaissent très bien. Pour chaque question d'un sujet, il est obligatoire de faire figurer les notions et compétences exigibles inscrites dans les programmes de chaque discipline. La rédaction des sujets est suivie par une phase de vérification et de sélection sous la supervision des inspecteurs de la discipline, voire des inspecteurs généraux. Un sujet « infaisable » ou hors programme passerait difficilement cette étape !
Ces candidats dégoûtés par la « difficulté » de ces épreuves ne sont pas au bout de leur peine et de leur colère. Le bac général n'ayant presque aucune « valeur » sur le marché du travail, ces brillants candidats s'engagent donc à poursuivre leurs études au moins deux années après son obtention. Deux années pendant lesquelles ils risquent fort de trouver bon nombre de sujets encore plus « durs » !

(*) C'est là qu'on mesure la grandeur d'un auteur : ses écrits font encore réagir, en bien ou en mal, près de 130 ans après sa mort...


PS : Après le bac voici que c'est au tour du brevet des collèges d'en prendre plein son grade par de pauvres candidats à qui ont a encore demandé l'infaisable ! 

samedi 21 juin 2014

Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation : un an après.

Un rapport récent du Sénat fait l'état des lieux sur les ESPE, écoles supérieures du professorat et de l'éducation, un an après leur création. Rappelons que ces établissements remplacent les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres) qui auront laissé un souvenir plus que mitigé aux générations de professeurs stagiaires qui s'y sont succédé pendant plus de 20 ans... Si le nom change, les objectifs restent les même, intégration universitaire et délivrance d'un diplôme de master d'enseignement, ce que les anciens IUFM n'avait pas vraiment réussi à imposer. La réforme sur la refondation de l'école va même plus loin en envisageant une rupture avec le modèle actuel de formation dit « séquentiel » dans lequel la formation professionnelle succède à la formation universitaire de préparation aux concours de recrutement, au profit d'une professionnalisation en parallèle à la formation universitaire. Sur ce point, le rapport révèle la réticence, justifiée, des étudiants en première année de master à suivre tout module d'enseignement qui ne prépare pas explicitement aux concours.
On lit dans le rapport que le ministère a insisté sur le fait que « la professionnalisation (de la formation des professeurs) ne pouvait être comprise que dans le cadre d'une refonte progressive du format et du contenu des concours ». Cela augure mal de la suite des événements ! Les ESPE pouvant s'accommoder dans un futur proche d'une dénaturation puis d'une disparition des concours de recrutement nationaux au profit d'une certification locale, ce que confirme leur habilitation à délivrer un master d'enseignement. La question du devenir des étudiants qui seront reçus au master mais collés aux concours n'a toujours pas de réponse. Ceux qui peuvent se permettre de rester une année supplémentaire pour s'y représenter le feront mais les autres devront chercher du travail avec une formation dont le contenu risque d'être peu demandé sur le marché. Les recalés aux concours mais toujours désireux de rejoindre l'éducation nationale, auront la joie de candidater à l'un des postes précaires que la grande maison sait proposer si généreusement !

En attendant, le rapport pointe déjà les manquements des nouvelles ESPE aux exigences du cahier des charges de leur création. L'intégration universitaire n'y est pas encore effective et il n'y a pas assez de « professionnels du terrain » dans leur personnel. Le faible appel aux collègues en charge de classes dans ces écoles en dit long sur la prééminence persistante des cours de « sciences de l'éducation » dans les nouvelles ESPE comme dans les anciens IUFM... 

mardi 17 juin 2014

A la fin, il n'en restait plus que 2...

Une salle d'examen d'un lycée du centre d'une ville moyenne de France. Des élèves tout ce qu'il y a de plus « normal ». Vingt six candidats de terminale L et ES doivent plancher sur le sujet d'histoire géographie de la session de juin 2014. Au bout d'une heure, un candidat est déjà parti. Une heure après, milieu de l'épreuve, c'est le tiers de la classe qui a déjà décampé. Une heure avant la fin, la moitié a plié bagage. Dans la dernière minute de l'épreuve, il ne restait plus que 2 candidates qui relisaient consciencieusement leur copie... Soit c'était trop facile (le sujet de géographie consistait à remplir une carte muette du Brésil, un pays très éloigné de l'actualité en plus!), soit les candidats étaient particulièrement brillants. Ou les deux, conjonction rare ! Si cela continue pour les épreuves suivantes, nous aurons un cru exceptionnel du bac...

jeudi 12 juin 2014

Un livret scolaire de poids

Chaque année scolaire, à la même époque, les professeurs ont a remplir un livret pour chaque candidat se présentant au bac. Ce (long) travail d'écriture a lieu deux fois pour un même livret, voire trois si l'élève double une classe, car les résultats de première et de terminale y sont portés, pour chaque discipline. Les livrets sont rangés par classes dans des cartons pesants que les secrétaires doivent souvent déplacer avec de petits chariots. J'ai eu la curiosité de peser l'un de ces livrets hier : 109 grammes et quelques. Comme il y a plus de 600 000 candidats au bac (tous bac confondus pour l'année 2013), cela fait au moins 60 tonnes de papier imprimé et relié. A l'heure où tous les établissements ont informatisé la saisie des notes et appréciations pendant l'année, l'existence de ce livret apparaît comme une antiquité doublée d'une gabegie de papier et d'imprimerie. Sans parler de sa manutention inutile dans l'établissement, voire d'un établissement à l'autre... A quand sa disparition ? Une réforme enfin utile !  

dimanche 8 juin 2014

L'abus de « réformes » nuit gravement à la santé des professeurs (et des élèves!)

On se souvient que la pré-rentré 2013 avait été endeuillée par le suicide de ce professeur d'un lycée de Marseille. L'administration vient de reconnaître comme « imputable au service » la fin tragique de ce collègue, comme le révèle cet article de Libération. Ce professeur avait expliqué son geste désespéré dans une lettre largement diffusée dans les média. Il y faisait part des conditions dans lesquelles l'exercice du métier lui était devenu impossible. La réforme de la série ex STI (sciences et techniques industrielles, devenue sciences et techniques du développement durable, STI2D pour les intimes, tout un symbole !) a constitué la goutte d'eau qui fit déborder le vase, avec, entre autres, l'évaluation par les professeurs de leurs propres élèves pour le bac. Cette reconnaissance constitue une première mais elle ne saurait masquer l'insuffisance d'écoute et de suivi des personnels, enseignants ou non, de ce ministère.
Ce collègue faisait preuve d'un dévouement extrême pour son métier, trop sans doute puisqu'il lui a paru impossible d'en changer. Sa fin tragique montre qu'il faut garder un certain recul dans ce métier face aux exigences des « réformes » imposées à un rythme soutenu après des concertations de façade et appliquées dans la précipitation, comme l'avait dénoncé ce collègue dans sa lettre.

Il devient urgent aussi de proposer des portes de sorties du métier en nombre suffisant pour les collègues qui souhaitent se reconvertir, ou des postes « relais » pour prendre simplement du recul en exerçant d'autres fonctions. J'avais évoqué dans un article précédent la possibilité d'étendre encore plus les tâches d'inspections aux collègues, pour une durée limitée et renouvelable. Il y a sûrement d'autre pistes à creuser...    

vendredi 6 juin 2014

Futurs remplaçants « discount »

Vu sur le blog du site « Le Mammouth déchaîné », la copie d'un projet de décret du ministère de l'éducation nationale qui envisage de confier aux accompagnants des élèves en situation de handicap, ex AVS  (auxiliaires de vie scolaire), le « remplacement temporaire d'un enseignant absent » ou « de faire face à une vacance temporaire d'emploi d'enseignant ». Le tout pour 600 euros et quelques nets par mois. Voici une nouvelle catégorie de professeurs au tarif vraiment imbattable ! Evidemment la garantie de l'enseignement dispensée n'est pas garantie mais peu importe, même sans diplôme ni concours, c'est déjà bien payé pour faire de la garderie...

mercredi 4 juin 2014

Pour en finir avec le bac actuel...

A moins d'habiter sur la planète Mars (et encore!), il est difficile d'échapper au matraquage médiatique sur le baccalauréat qu'on nous assène dans les média depuis plusieurs semaines. On nous le sert quasiment à tous les repas et à toutes le sauces ad nauseam. Après l'épreuve de surf à Biarritz et celle de langue tahitienne en vidéoconférence pour un candidat polynésien en résidence en métropole, voici hier soir au journal de France 2, un reportage de 5 bonnes minutes sur le rôle des parents pendant les révisions ! Ces derniers sont-ils au moins au courant que leurs rejetons ont peu de chance de rater l'examen ? Inutile de s'angoisser, il n'y aura que ceux qui n'auront vraiment rien fait toute l'année pour échouer et encore, un miracle de dernière minute n'est pas exclu pour eux, comme on peut le constater tous les ans. Le plus important est déjà fait, à savoir les voeux d'affectation fait sur le site « admission postbac » . Les filières du supérieur avec sélection à l'entrée font leur choix sur les résultats de la plus grande partie de l'année de terminale, sans que les résultats du bac soient connus. L'obtention de ce dernier n'y changera pas grand chose. Quel est alors son utilité ? On ne voit plus que la satisfaction des parents de voir leurs rejetons obtenir l'examen qu'ils ont eux même passé ou qu'ils n'ont pas passé.
Une proposition : que le bac devienne un examen de fin d'études secondaires et ne soit plus le premier grade universitaire vu qu'il ne garantit plus le niveau requis à l'entrée de l'Université. Alors qu'il faudrait que le baccalauréat amène les lycéens au niveau des exigences de l'enseignement supérieur, c'est ce dernier qui a du adapter les siennes, à la baisse, au niveau des lycéens. En enlevant au bac le caractère de premier grade universitaire qu'il n'a plus depuis longtemps dans les faits, on déconnecterait réussite à l'examen et entrée dans le supérieur. Titulaire du bac ou pas, chaque élève pourra continuer à candidater à la filière de son choix et avoir une place à l'Université si les filières avec sélection n'ont pas retenu son dossier. Rien de changé donc dans la procédure actuelle mais on pourra enfin proposer des épreuves au vrai niveau des exigences de l'enseignement supérieur sans que cela fasse barrage à son accession en cas d'échec. Les recalés auraient ainsi l'occasion d'y faire leurs preuves et mettre à profit les vacances d'été pour combler leurs lacunes ! 

mardi 27 mai 2014

Bug des « digital natives »

Concept bien creux que celui des « digital natives », à savoir ces générations mises en contact très tôt avec les écrans d'ordinateurs et de téléphone mobile qualifiés d' « intelligents ». D'après ses promoteurs, ces jeunes seraient doués de capacités inconnues des générations précédentes, par l'usage des ces outils et de leurs contenus. Je crains que la fascination devant des potaches en train de taper à toute vitesse leurs messages (ou plutôt leurs bavardages creux) sur leurs téléphones ne les ai aveuglés sur les capacités réelles en matière de maîtrise des outils par ces générations ! L'usage d'un outil, aussi aisé qu'il puisse apparaître, ne certifie certainement pas sa maîtrise. J'en ai eu encore la preuve récemment lors d'une épreuve de bac au cours de laquelle les candidats devaient utiliser un logiciel dont ils se sont servis maintes fois au cours de l'année. Les trois quart des candidats examinés ont fait preuve d'une connaissance très superficielle du dit logiciel, voire sont restés pantois devant l'écran ! Je veux bien mettre cette perte de moyens sur le compte du stress de l'examen mais moi qui ne l'utilise qu'une fois par an lors de cette épreuve, j'en ai retrouvé l'usage basique en m'exerçant une seule fois la veille. Les pseudo « digital natives » ne sont pas près de surpasser sans apprentissage les générations précédentes qui ont du se frotter (durement) à l'informatique balbutiante et ses nombreux « plantages » et autres « bug » ! 

dimanche 25 mai 2014

Education et élection européenne

Il est certes un peu tard pour éclairer le vote pour le parlement européen mais j'ai trouvé intéressant d'effectuer une recherche sur les propositions éducatives des partis et mouvements présentant des listes à ce scrutin. Pour ceux qui n'auraient pas le courage de les lire, il ressort qu'une très large majorité fait un constat d'une école en panne et en échec et que les propositions préconisent un retour à la transmission des savoirs, à la promotion de l'excellence et à une amélioration de la condition des professeurs. Puissent ces bonnes résolutions être entendues de nos gouvernants !

Pas de mention sur l'éducation dans le tract.

Debout la République : http://www.debout-la-republique.fr/
Sauf erreur de ma part, je n'ai rien trouvé sur l'éducation.

Démocratie réelle : http://www.democratiereelle.eu/
Pas de rubrique éducation sur le site.


Europe démocratie espéranto : http://e-d-e.fr/?Notre-programme
Hormis une mention sur l'apprentissage des langues, je n'ai rien trouvé d'autre à propos d'éducation.


Fédération Régions et Peuples solidaires : http://e-d-e.fr/?Notre-programme
Je n'ai rien trouvé à propos d'éducation.

Féministes pour une Europe solidaire :
Rien dans ce tract sur l'éducation.

Rien non plus sur ce site.

Front de gauche : http://www.placeaupeuple.fr/
Pas de mention de l'éducation dans le programme des élections européennes.


Lutte ouvrière : http://www.lutte-ouvriere.org/
Pas de propositions spécifiques sur l'éducation.





NPA (Nouveau parti anti-capitaliste) : http://www.npa2009.org/commission-education
Rubrique éducation sur leur site (style blog) mais pas de tract de proposition pour l'élection.


Parti pirate :
Le lien vers la page ne fonctionne plus. Le site du parti pirate a été … piraté !

Pas de tract sur cette page présentée comme un blog.

Pas de référence à l'éducation dans le tract.


Union populaire républicaine : http://www.upr.fr/
Une vidéo que je n'ai pas eu le courage de visionner !

jeudi 22 mai 2014

Suppression de la bourse d'agrégation

J'apprends sur le site de la Société des agrégés que des demandes de bourses d'agrégation par des étudiants seraient rejetées par l'administration. Dans la pétition en ligne pour contester cette suppression, on lit que la préparation à l'agrégation ne serait plus dans la liste des formations pour l'obtention d'une bourse d'état. S'il est vrai que cette préparation ne s'achève pas par la délivrance d'un diplôme de l'université qui la propose, il s'agit bien de candidater à l'obtention d'un des titres les plus estimables de l'Université, donc de l'Etat, l'un des derniers à ne pas avoir encore été bradé ! Les auteurs de cette suppression, dans leur fébrilité à réaliser des économies, sont bien mal informés sur l'objectif de cette préparation. Par la même, ils découragent encore plus les étudiants les plus modestes qui doivent financer 5 années d'études supérieures pour obtenir le master nécessaire pour se présenter au concours, ainsi que l'année de la préparation elle même. Pour en avoir bénéficié en son temps, votre serviteur peut témoigner de l'utilité de cette bourse alors qu'il n'avait jamais bénéficié de la moindre aide financière d'état tout au long de ses études, à une époque où ces aides étaient distribuées parcimonieusement et aux plus nécessiteux. Voici une contre publicité qui contraste avec les campagnes récentes pour susciter des vocations professorales !



dimanche 18 mai 2014

Pré-rentrée en août : pour quoi faire ?

La pré-rentrée 2014 des professeurs avait été fixée le vendredi 29 août alors qu'elle avait lieu au plus tôt le 1er septembre les années précédentes. Des syndicats envisageaient de poser un préavis de grève pour cette journée afin de contester cette reprise précoce que rien ne justifie sinon la volonté du ministère de réduire les congés scolaires d'été par les deux extrémités, en retardant la sortie en juillet et en avançant la reprise des cours le 1er septembre.
Une recherche rapide sur le net remet en mémoire que la pré-rentrée des professeurs a eu lieu le mercredi 9 septembre en 1992 puis qu'elle fut avancée au jeudi 6 septembre en 1993 et le mercredi 7 septembre en 1994. La pré-rentrée 1995 fait perdre 3 jours de congé dans le second degré où elle a lieu le lundi 4 septembre, mais une semaine dans le premier degré où elle a lieu le vendredi 1er septembre. Puis, curieusement, la pré-rentrée dans les lycées se décale le mercredi 11 septembre en 1996 mais reste au mardi 3 septembre pour les écoles et collèges. Ces dates se maintiennent en 1997 et 1998 mais la pré-rentrée en lycée est alignée sur celle des écoles et collèges en 1999 : le jeudi 2 septembre. Qu'est ce qui peut justifier un tel yoyo calendaire ? Rien ! Ceux qui ont avancé la date de la pré-rentrée 2014 au 29 août ont bien une idée derrière la tête : raccourcir encore jour par jour les vacances scolaires d'été pour une raison obscure de rythme scolaire. Mais ils ne peuvent plus prendre prétexte à une année scolaire qui serait trop chargée. Le volume horaire des classes n'a pas augmenté depuis la fin des années 1990 lorsque la rentré des classes se faisait un 10 septembre. Nous arrivions sans peine à « boucler » des programmes bien plus volumineux et exigeants pendant une année scolaire plus courte. Pourquoi les élèves actuels auraient-ils besoin de plus de temps pour en faire de même ? Quelques jours de plus ou de moins, voire une semaine, ne changera rien à la « performance » du « système » scolaire, sinon à le transformer en garderie estivale.
Devant la menace, de grève, le nouveau ministre (*) a décidé de décaler la pré-rentrée au 1er septembre. Mais il faudra récupérer cette journée ! On se demande ce que l'administration va bien pouvoir nous proposer pour occuper cette journée qui s'annonce déjà fort ennuyeuse !

(*) Ce dernier a évoqué un problème informatique pour justifier sa décision. Il est vrai que les actes de gestion des professeurs sont généralement datés du 1er septembre. Mais on ne va pas nous faire croire qu'il n'y a pas au ministère des informaticiens compétents pour changer ces dates !


samedi 17 mai 2014

Grève invisible

On veut bien croire que l'actualité de jeudi dernier 15 mai était chargée mais les journaux télévisés les plus regardés du soir même (TF1, France 2) n'ont aucunement parlé de la grève dans la fonction publique ! Pourtant la quasi-totalité des syndicats appelaient à une journée d'action jeudi et les mêmes média en avaient parlé la veille. Il était donc impossible de connaître l'ampleur du mouvement en se limitant à la télévision généraliste !
La presse en ligne n'est pas plus bavarde sur le même sujet dans ses grand titres. En entrant « grève dans la fonction publique jeudi 15 mai 2014 » dans un célèbre moteur de recherche, on aboutit à deux articles du Monde et du Parisien daté du 8 avril. Pas très frais comme information ! L'ampleur de la mobilisation aurait elle effrayée les média ? Il y avait sans doute mieux à montrer, comme cette « journée de la jupe » dans l'académie de Nantes « couverte » par le journal de France 2 le même jour. Nous sommes ravis d'apprendre que les lycéens sont en pointe dans l'égalité des sexes à l'école mais c'est un peu léger de la voir se manifester uniquement sur le plan vestimentaire. Sur ce plan, un défilé de lycéennes en bleu de chauffe ou en tenue de chantier aurait été plus démonstratif que de voir des garçons en jupe.

Pour en revenir à la grève, je me suis joint au mouvement alors que cela ne m'était pas arrivé depuis une bonne quinzaine d'années. Pour une fois que le mot d'ordre ne portait que sur une revendication phare, au lieu du catalogue habituel plus politique que professionnel, il ne fallait pas se priver de manifester son mécontentement devant la dégradation financière continue de notre métier. Le premier ministre nous répond que la contrainte budgétaire oblige à maintenir le gel du point d'indice jusqu'en 2017. Le gouvernement a pourtant bien trouvé 800 millions d'euros dernièrement pour acheter des actions d'un constructeur automobile français pour le sortir de la panade financière dans laquelle il se trouve, suite, non pas à la crise, mais à ses mauvais choix stratégiques. Je doute que cet investissement s'avère fructueux à long terme, notamment en terme d'emploi en France...

dimanche 11 mai 2014

L'art du repêchage au bac

Un article de Rue89/Le Nouvel observateur à propos des notes au bac, rédigé par un professeur, qui expose très clairement tout l'art du « repêchage » des candidats.
Je ne suis plus circonspect sur sa suggestion de fixer un seuil identique de repêchage pour tous les jurys car il deviendrait forcément public et on imagine le déluge de recours des candidats tout juste en dessous de la barre fatidique ! Même réserve à propos des jurys qui ne récompenseraient que les élèves « scolaires, dociles et laborieux » au détriment d'élèves qui manifesteraient d'autres qualités, « sociabilité, créativité, partage, solidarité... ». Mais qui empêche les élèves qui possèdent ces qualités de les manifester dans leurs copies ? Elles seront appréciées à leur juste valeur ! Une bonne note ne récompense pas uniquement une bonne réponse à des questions mais elle prend en compte les idées et arguments qui y sont développés. Il y a suffisamment d'épreuves au bac, obligatoires et optionnelles, pour exprimer tous les talents, à l'écrit comme à l'oral.


mardi 6 mai 2014

CAPES de mathématiques : toujours aussi peu de candidats !

S'il y a une courbe qui ne risque pas de « s'inverser » dans les années qui viennent, c'est bien le nombre de reçus au CAPES externe de mathématiques ! Pour la session 2014, 1243 postes étaient à pourvoir, seuls 793 candidats ont été admis soit un peu plus de 63%. Plus révélateur de la crise de recrutement, il n'y avait que 2529 candidats présents à l'écrit sur les 4583 inscrits au concours, soit 55%. La réforme de 2010 qui exige un master (bac + 5) pour se présenter au CAPES externe au lieu d'une licence (bac + 3) auparavant élimine les étudiants les plus modestes qui n'ont pas les moyens de poursuivre au-delà. Quant aux candidats munis d'un master scientifique, ils n'ont aucune difficulté à monnayer leur diplôme ailleurs que dans l'enseignement secondaire qui ne peut leur proposer que 1,2 SMIC en début de carrière ! Cette désaffection n'affecte pas seulement les mathématiques. Au CAPES de lettres classiques, il n'y avait que 156 admissibles pour 300 postes offerts. Les tristes sires qui oeuvrent à la disparition des concours de recrutement ne manqueront pas de dénoncer ces piètres performances pour pousser à leur disparition. Ce ne sont pas les concours qu'il faut supprimer mais bien la profession qu'il faut rendre plus attractive en début de carrière.