Les
média sont maîtres dans l'art de faire passer pour des perdreaux de
l'année des hommes politiques déjà présents dans l'arène depuis
40 ans, avec les mêmes idées. Prenons au hasard M. Alain Juppé
dont on nous a vanté récemment les grands mérites pour prendre la
tête de l'UMP et la candidature à la présidence de la République.
On se rappellera qu'il y a 18 ans, M. Juppé, premier ministre, avait
déclaré à l'Assemblé nationale qu'il préférait « une
fonction publique plus efficace et moins nombreuse à une fonction
publique qui fait de la mauvaise graisse » (cette belle envolée
est disponible en vidéo sur ce lien). Sur ce point, on ne peut pas
lui reprocher de ne pas avoir changé d'avis puisqu'il a repris les
propositions récentes de Nicolas Sarkozy de réduire le nombre de
professeurs de 30% mais d'augmenter d'autant leur temps de travail.
Si ces hauts personnages étaient bien informés, ils devraient
savoir qu'une bonne partie d'entre nous, surtout en début de
carrière, effectue déjà des heures supplémentaires pour mettre du
beurre dans les épinards d'une rémunération la plus modeste en
comparaison à celle de nos collègues des pays de l'Union européenne
avant élargissement à l'Est. Ils n'en sont pas à une ignorance
près et la méconnaissance se double d'amateurisme lorsqu'on fait
les comptes comme J.P. Brighelli dans cet article. L'augmentation de
30% du temps de travail, déjà presque réalisée avec les heures
supplémentaires ne permettront pas d'assurer les heures de cours à
effectuer en baissant les effectifs enseignants de 30%. Il faudra
obligatoirement réduire d'autant les heures de classe ainsi que les
programmes scolaires. Et pourquoi pas augmenter le nombre d'élèves
par classe tant que nous y sommes ? Ou les deux ! On
entendra les mêmes se plaindre ensuite de « l'inefficacité du
système scolaire » et du nombre de jeunes qui le quitte sans
qualification. Le cercle vicieux n'est pas prêt de se briser...
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