mercredi 15 octobre 2014

La mauvaise graisse

Les média sont maîtres dans l'art de faire passer pour des perdreaux de l'année des hommes politiques déjà présents dans l'arène depuis 40 ans, avec les mêmes idées. Prenons au hasard M. Alain Juppé dont on nous a vanté récemment les grands mérites pour prendre la tête de l'UMP et la candidature à la présidence de la République. On se rappellera qu'il y a 18 ans, M. Juppé, premier ministre, avait déclaré à l'Assemblé nationale qu'il préférait « une fonction publique plus efficace et moins nombreuse à une fonction publique qui fait de la mauvaise graisse » (cette belle envolée est disponible en vidéo sur ce lien). Sur ce point, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir changé d'avis puisqu'il a repris les propositions récentes de Nicolas Sarkozy de réduire le nombre de professeurs de 30% mais d'augmenter d'autant leur temps de travail. Si ces hauts personnages étaient bien informés, ils devraient savoir qu'une bonne partie d'entre nous, surtout en début de carrière, effectue déjà des heures supplémentaires pour mettre du beurre dans les épinards d'une rémunération la plus modeste en comparaison à celle de nos collègues des pays de l'Union européenne avant élargissement à l'Est. Ils n'en sont pas à une ignorance près et la méconnaissance se double d'amateurisme lorsqu'on fait les comptes comme J.P. Brighelli dans cet article. L'augmentation de 30% du temps de travail, déjà presque réalisée avec les heures supplémentaires ne permettront pas d'assurer les heures de cours à effectuer en baissant les effectifs enseignants de 30%. Il faudra obligatoirement réduire d'autant les heures de classe ainsi que les programmes scolaires. Et pourquoi pas augmenter le nombre d'élèves par classe tant que nous y sommes ? Ou les deux ! On entendra les mêmes se plaindre ensuite de « l'inefficacité du système scolaire » et du nombre de jeunes qui le quitte sans qualification. Le cercle vicieux n'est pas prêt de se briser... 



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