dimanche 20 septembre 2015

La dictée

Bel exercice de démagogie avant hier de la part du ministre de l'éducation et d'un ancien ministre de l'autre bord ayant occupé le poste et qui brigue aujourd'hui l'investiture pour la place suprême de la République. Ainsi donc, la dame préconise une dictée quotidienne au primaire ! Parce que ce n'était pas déjà le cas ? On se s'était pas rendu compte en haut-lieu que c'est par l'entraînement quotidien qu'on assimile savoir et savoir-faire ? Mieux vaut tard que jamais. Cependant cette injonction ne coûte rien et n'oblige à rien car elle ne figure pas paraît-il dans les programmes publiés vendredi dernier. Reste pour les professeurs des écoles à trouver du temps scolaire pour pratiquer régulièrement cet exercice indispensable, si c'est encore possible au milieu de la foultitude d'activités introduites ces deux dernières décennies. Quant à l'ancien ministre F. Fillon, il confie dans le même article du Monde qu'il avait déjà préconisé la dictée quotidienne au primaire et au collège en 2004 et il avait été fortement critiqué pour cela à l'époque. Il passe évidemment sous silence l'échec et l'inutilité de son « socle commun de connaissances et compétences » introduit pour remédier aux difficultés d'apprentissage. Le comble de l'hypocrisie est atteint lorsqu'il dit craindre que le gouvernement n'ai pas assez d'autorité pour y parvenir ! Le passage en force de la réforme du collège prouve le contraire. En revanche, on peut douter de l'autorité effective de F. Fillon s'il revenait aux affaires, lui qui n'a fait que suivre les projets ravageurs des idéologues en poste au ministère et dont on mesure les conséquences aujourd'hui. Le regretterait-il aujourd'hui ? J'en doute fortement.
Je n'ai pas lu le livre qu'il vient de faire paraître. Mais je suis sur que son contenu mériterait sûrement qu'on rajoute au titre « Faire » le sous-titre « la même chose » !

mercredi 16 septembre 2015

Numérique à l'école contre productif

Nous savons depuis longtemps pour l'avoir expérimenté dans nos classes que l'usage des outils numériques n'est qu'un complément aux pratiques pédagogiques « classiques » et ne constituent pas une fin en soi. Pourtant, notre personnel politique insiste encore à voir dans ces outils une panacée universelle aux difficultés d'apprentissage des élèves. D'où ces « plans numériques » coûteux qui se succèdent périodiquement quelle que soit la majorité politique du moment. A défaut d'entendre les professionnels de base que nous sommes, nos élus devraient lire cette étude de l'OCDE qui montre que les pays qui font un usage massif des TIC (technologies de l'information et de la communication) n'améliorent pas notablement les résultats de leurs élèves ! Qu'ils rétablissent plutôt les heures de cours (et pas uniquement derrière un écran d'ordinateur) supprimées ces deux dernières décennies et ils verront les résultats vraiment progresser. Cela coûtera sûrement moins cher que d'acheter, d'entretenir, de former à l'usage puis de remiser au placard les coûteux joujoux de l'industrie numérique, rapidement frappés d'obsolescence qui plus est.

mardi 15 septembre 2015

Humour mortel

Après les événements tragiques de janvier, voici que le dessin de presse et leurs auteurs sont à nouveau l'objet de haine avec les menaces de mort proférées contre le dessinateur Chaunu. Tout cela pour un dessin montrant un enfant allongé face contre terre muni d'un cartable avec la mention en haut « C'est la rentrée ! ». Ces gens n'ont décidément aucune distance émotionnelle avec l'actualité et encore moins le sens de la dérision sinon de l'humour (mais c'est trop demander!). S'ils voyaient la dernière page du numéro 1207 de Charlie Hebdo du 9 septembre, ils s'en étoufferaient de rage ! C'est d'ailleurs curieux que personne sur le net ne se soit indigné de ce dessin. On laisse enfin Charlie Hebdo caricaturer en paix et c'est tant mieux !

samedi 12 septembre 2015

Profession au banc d'essai : professeur

Plutôt que de parler dans le vide et inexactement d'une profession qui n'est pas la sienne, le mieux ne serait-il pas de l'exercer temporairement pour en comprendre les difficultés ? C'est la démarche effectuée récemment par deux journalistes qui relatent leur expérience de professeur temporaire devant de « vrais » élèves. Louise Tourret, bien connue sur France culture pour son émission Rue des écoles, s'est portée volontaire pour enseigner le français dans un collège pour quelques mois. La première partie de son témoignage sur ce lien fait part de sa sidération devant la rapidité de son recrutement. Un simple entretien devant un inspecteur devant lequel elle expose sa motivation pour le métier suffit à lui confier un poste en établissement. Professeur est sans doute le seul métier à bac+5 que l'on peut exercer après un seul entretien d'embauche. Pour une fois que le secteur public peut donner l'exemple au privé, c'est à signaler ! Si les entreprises privées faisaient de même pour le recrutement de leurs cadres, elles économiseraient substantiellement sur leurs procédures d'embauche. Il n'est évidemment pas question de formation pour affronter les classes et c'est dommage car la journaliste se serait rendu vite compte que l'ESPE ne lui aurait été d'aucune utilité sur ce plan ! Je ne pense pas que les professeurs stagiaires recrutés par concours soient dans une meilleure situation pour affronter leurs premiers cours que les vacataires envoyés en classe sans formation. La seule aide que reçoit Louise Tourret est celle du professeur titulaire qu'elle remplace et qui lui donne des indications précises sur les classes et l'état de traitement du programme. Pour la préparation des cours, la journaliste mesure à quel point le temps de leur élaboration est prenant et que ce métier ne se réduit pas à 15 heures ou 18 heures de présence devant élèves comme on le présente souvent dans les média. La deuxième partie du récit, sur l'exercice même du métier, montre bien le niveau réel des élèves de collège avec, entre autre, leurs lacunes en orthographe. Rien n'est dit sur la méthode pédagogique employée mais vues les activités proposées, il semble qu'elle n'ai pas expérimenté les méthodes constructivistes vantées par nombre des invités de son émission radiophonique ! C'est fort dommage, nous aurions pu voir le résultat de ces méthodes à l'oeuvre.
L'autreexpérience d'enseignement relatée par la journaliste Alexandra Alévêque pour le site du Nouvel Observateur est de plus courte durée, 21 jours seulement, dans une école primaire et pas en totale responsabilité. La journaliste était présente dans la classe en même temps que l'institutrice titulaire. Là aussi, le récit montre l'hétérogénéité des capacités des élèves, les difficultés de gestion de la classe et la nécessité de se montrer ferme et directif. En légère contradiction avec le concept à la mode ces temps-ci d' « école bienveillante ». La journaliste insiste également sur la nécessité d'une formation initiale mais elle n'a pas eu l'occasion de tester celle de l'ESPE et c'est encore dommage. Voilà une suggestion pour un prochain reportage d'investigation !

mardi 1 septembre 2015

43 ans de service...

De toute l'avalanche de chiffres déversée ces derniers jours dans les média, voici le seul nombre que j'ai retenu lors de cette rentrée 2015 : notre chef d'établissement en est à sa 43ème et dernière année de service dans notre chère administration !
Cette durée m'a laissé songeur presque toute la journée d'hier car il paraît difficile aujourd'hui, même pour ma génération, de parvenir à une telle longévité professionnelle ! Il me faudrait enseigner jusqu'à 70 ans révolus pour que je parvienne à égaler cette performance. Est-il besoin de préciser que je n'y parviendrai pas, en raison de l'existence d'un âge limite dans la fonction publique (67 ans à l'heure actuelle) mais surtout pour préserver ce qu'il me reste de santé physique et mentale ? Si je ne me trompe par sur l'âge du capitaine, il a du entrer dans la Maison à 20 ans et quelques... Bravo ! Pour ma part à cet âge, j'étais encore loin de pouvoir me présenter à l'agrégation et je n'ai effectué entre-temps aucun travail salarié susceptible de cotisation retraite. La perspective d'une longue carrière professionnelle pour bénéficier d'une retraite pas trop ridicule n'incitera pas des étudiants à s'engager dans ce métier aux émoluments très modestes en comparaison due que qu'ils peuvent espérer dans le secteur privé.
Une confirmation, s'il en était encore besoin, du fait que rien n'a changé dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), successeurs des défunts IUFM. Une stagiaire de ces structures sensées remédier aux tares des anciens UFM racontait ce matin sur France culture combien les cours qui y étaient dispensés ne lui était d'aucune utilité dans le métier. Est-il encore raisonnable de dépenser autant d'argent public pour des résultats aussi minables ?