Dès
l'annonce du projet de réforme du collège, il semblait d'après mes
lectures que les articles à ce sujet se partageaient à peu près
équitablement entre partisans et adversaires. Du moins sur le net,
car les reportages des journaux télévisés, surtout ceux de France
2, présentaient la réforme sous un jour des plus favorables. J'ai
l'impression que ces derniers jours, ce rapport de force s'inverse,
en faveur du rejet, comme en témoigne cet excellent article du site
Slate.fr. Des personnalités politiques ou intellectuelles (en
excluant chez ces dernières les spécialistes des « sciences
de l'éducation », inspirateurs de toujours du contenu de ces
réformes) prennent de plus en plus position contre ce projet.
Dernier à ce jour de cette liste qui s'allonge de plus en plus,
Régis Debray, invité de la matinale de France culture, qui a dit
tout le mal qu'il pensait de cette réforme, notamment sur le renvoi
des langues et civilisations anciennes au rang d'insipide
« enseignement pratique interdisciplinaire » ou le
caractère optionnel de l'étude des Lumières dans le projet des
programmes d'histoire. Régis Debray n'a pas manqué d'humour en
rappelant quelques expressions savoureuses du jargon pédagogiste :
un crayon se dit « outil scriptural », les parents
d'élèves sont les « géniteurs d'apprenants » et nager
en piscine devient se déplacer dans un « milieu aqueux
standardisé ». Encore plus ridicule que le célèbre
« référentiel bondissant » (comprenez : un ballon)
qui fit flores ces dernières années comme exemple type du volapük
pédagogiste. Voilà au moins quelque chose qui ne se réforme pas
dans l'éducation nationale ! Rien de nouveau sous le Soleil,
hélas. A propos, les utilisateurs de ce langage savent-ils qu'ils
peuvent remplacer le mot Soleil par « plasma auto-gravitant » ?
mardi 28 avril 2015
lundi 20 avril 2015
Vieux tracts pédagogistes des années 1970
Je n'ai
pas écouté l'émission télévisée d'hier dont le président de la
République était l'invité mais les média en ont donné
heureusement un résumé exhaustif. On ne peut que se réjouir de
l'aide financière apportée aux apprentis mineurs et aux
exonérations de charges associées pour les entreprises.
L'apprentissage doit se développer davantage en France et ce n'est
pas par hasard que l'Allemagne, qui compte près de 50% d'apprentis
parmi les jeunes (25% de plus qu'en France), affiche un taux de
chômage des jeunes le plus faible d'Europe. L'actuel gouvernement
avait pourtant envoyé il y a 2 ans un signal funeste pour
l'apprentissage. On se souvient que l'ancien ministre Peillon avait
annulé la possibilité d'apprentissage dès 14 ans votée par la
précédente majorité. La mesure était justifiée par le peu de
volume de recrutement dès cet âge : les chefs d'entreprise
trouvaient que les jeunes candidats n'avaient pas assez de
connaissances et de compétences. Un aveu flagrant d'échec du
collège unique alors qu'il y a 40 ans, le niveau était apparemment
suffisant pour devenir apprenti dès 14 ans. Cela ne va pas
s'améliorer avec la réforme du collège engagée par le ministère !
Le président, apparemment grand connaisseur de tracts politiques des
années 1970, a-t-il remarqué que l'idéologie qui préside à la
réforme du collège engagée par son ministre de l'éducation est
issue de théories constructivistes des mêmes années ? De
vieilles idées, vraiment datées, qui ont fait la preuve de leur
inefficacité depuis longtemps !
Nouvelle
réjouissante ce soir, l'ancien premier ministre J.M. Ayrault, ancien
professeur d'allemand, vient de rejoindre les adversaires de la
réforme du collège. La suppression des classes bi-linguistes
signerait la fin de l'apprentissage de la langue de Schiller au
collège. Ces classes rassemblent en effet une large majorité des
germanistes. Tout cela au nom d'un égalitarisme forcené qui prétend
que ces classes sont « élitistes ». Encore des
vieilleries des années 1970...
mercredi 8 avril 2015
Collège 2016 : Vieux gadgets pédagogiques sur fond de réduction horaire
Déjà
20 jours de grève quasi totale sur toutes les fréquences de Radio
France. Le silence (véritablement radio!) commence à devenir pesant
dès le lever et jusque dans la voiture. A moins de se connecter sur
des stations commerciales où l'on s'agace vite à devoir supporter
le ton plus que débile de la majorité de publicités. Deux semaines
d'arrêt complet des émissions et on se prend à rêver d'un
mouvement d'une telle durée dans l'éducation nationale. Assurément
la ministre en perdrait son sourire médiatique inoxydable. Mais ne
rêvons pas ! La profession est trop résignée devant ces
« réformes » continuelles qui dégradent jour après
jour nos conditions matérielles et morales de travail. Le projet de
réorganisation (ou plutôt de désorganisation) du collège pour la
rentrée 2016 mériterait pourtant à lui seul une bronca des
professeurs, mais aussi des parents d'élèves. La majorité des
syndicats encore lucides ont claqué récemment la porte des
« négociations », sauf les indécrottables UNSA et
SGEN-CFDT, officines des djihadistes du constructivisme pédagogique
et partisans de la transformation des professeurs en animateurs
socio-culturels. Pourtant, ces syndicats prompts à dénoncer
l'organisation actuelle du collège comme étant un « mini-lycée
élitiste », devraient remarquer que ce projet tend à copier
encore plus l'actuel lycée général. Les « enseignements
pratiques interdisciplinaires » (EPI) à tous les niveaux du
collège (sauf la sixième) introduits par ce projet ne cachent pas
leur parenté avec les travaux personnels encadrés (TPE) du lycée.
Pas vraiment une innovation pédagogique ! Ces activités ont
fait la preuve depuis longtemps de leur rendement fort médiocre,
voire nul, au lycée. Paradoxalement, le document de présentation de
ces « activités » précise qu'elles bénéficieront d'un
volume horaire dédié alors qu'on ne le retrouve pas dans les
grilles horaires par discipline de chaque niveau du collège. Voilà
qui donne l'impression d'un travail pour le moins bâclé !
Quant aux thèmes de travail présentés (développement durable,
Sciences et société, mondé économique et professionnel...), on
peut douter qu'ils suscitent l'enthousiasme et l'adhésion des élèves
devant des intitulés aussi abscons, notamment pour ceux issus de
familles défavorisées. Loin de lutter contre les inégalités,
comme le prétend le document ministériel, ce genre d'activité ne
fait que les renforcer entre ceux qui n'ont que l'école pour
acquérir des connaissances structurées et ceux qui disposeront
d'aide chez eux. Pour éviter une perte de temps, les collègues
soucieux d'apporter des connaissances solides devront proposer des
activités dirigées en lien direct avec les programmes de leur
discipline. La chose devrait être possible si ces EPI sont
finalement pris sur les horaires disciplinaires, vu que la « réforme »
se fera évidemment à moyens constants...
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