dimanche 21 juin 2015

Revalorisation avant élections?

74 euros. C'est la somme (brute) que propose le gouvernement pour « revaloriser » les traitements mensuels des fonctionnaires de catégorie A en début de carrière. La mesure serait effective dès 2017 d'après le document publié par le ministère de la fonction publique. N'y aurait-il pas des élections en approche à cette date ? C'est toujours mieux que rien mais cela reste très insuffisant pour susciter des vocations pour le métier de la part des étudiants ! Il fallait plutôt proposer les 134 euros attribués en fin de carrière dans le même document. Ce serait un minimum pour revaloriser une début de carrière. Rappelons qu'un certifié débutant commence à 1,2 smic environ, en baisse continue depuis le gel du point d'indice de la fonction publique depuis 5 ans. Et si cela pose un problème budgétaire pour le reste de la grille de rémunération, pourquoi ne pas faire disparaître les 3 premiers échelons ? L'effort doit porter en priorité sur le début de carrière là où les premières années de la vie professionnelle est la plus coûteuse, en matière de logement par exemple. A titre personnel, je n'ai que faire de 134 euros en plus mensuellement et je suis prêt à les échanger avec plaisir pour une diminution du nombre d'élèves par classe, notamment en seconde. Passer de 35 élèves à 30, cela changerai notablement nos conditions de travail devant ces classes de plus en plus hétérogènes. Je suis sûr que cela ne coûterait pas plus cher à l'Etat que ce petit supplément de salaire...

samedi 20 juin 2015

Ne passes plus ton bac d'abord !

Cette année en ce mois de juin, je m'étais promis que ce site ne parlerait pas du baccalauréat pour ne pas en surajouter comme le font les média à cette époque de l'année. Cependant, les propositions récentes de François Fillon sur son blog à ce sujet me font revenir sur ma résolution. Elles méritent d'être examinées car son auteur occupera probablement un rôle de premier plan en cas de changement de majorité en 2017. Que propose en substance l'ancien premier ministre pour réformer le bac ? Il souhaite réduire le nombre d'épreuves à quatre. Epreuves qui se dérouleraient début juillet pour une fin de session le 14 du même mois. Les autres disciplines seraient évaluées en contrôle continu. En dehors de l'économie d'une réduction du nombre d'épreuves et la « reconquête » du mois de juin (pour faire quoi d'ailleurs si les programmes sont traités?), il n'y a rien qui puisse relever le niveau de l'examen et lui redonner le grade universitaire qu'il a perdu depuis longtemps. Quant à l'extension du contrôle continu, il pose de façon accrue le problème des pressions exercées par les chefs d'établissement pour que les notes attribuées soient les plus élevées possible et « faire du chiffre ». Cela se voit déjà par exemple pour les travaux personnels encadrés en première dans nombre de lycées où nos proviseurs nous enjoignent à ne pas noter en dessous de la moyenne académique. Des consignes de « bienveillance » ont toujours accompagné les corrections du bac, mais ces « pressions » ne s'exercent qu'une fois par an. Là, c'est tout au long de l'année qu'il faudra vivre dans la suspicion de noter trop bas. Et que dire de la surenchère entre collègues du « mieux notant » !
J'avais proposé l'an dernier une mesure choc mais qui ne ferait pas descendre dans la rue des milliers de lycéens et leurs parents, les seuls à faire reculer n'importe quel gouvernement voulant réformer l'examen : dissocier baccalauréat et accès à l'enseignement supérieur. Cette mesure ne ferait que confirmer ce qui existe déjà dans les faits. Le bac n'est plus que sur le papier le premier grade universitaire et l'accès à l'enseignement supérieur se prépare désormais avec le site admission-postbac.com, bien avant l'examen. Le bac deviendrait alors un certificat de fin d'études secondaires mesurant la capacité à suivre dans le supérieur. On ne délivrerai pas de titre mais un relevé de notes dans toutes les matières de la série pour éviter la surenchère au nombre de diplômés. Des partiels pourraient avoir lieu dès la fin du premier semestre, comme à l'Université, juste avant la saisie des voeux sur admission-postbac. Cela permettrait aux élèves d'avoir un avis sur l'adéquation entre leurs résultats et l'orientation souhaitée. Pas besoin d'organisation lourde et coûteuse comme celle du bac pour ces partiels, des sujets nationaux parvenant dans chaque lycée par messagerie électronique aux proviseurs permettrait une équité de traitement entre tous les candidats. Une deuxième session en juin offrirait une opportunité d'amélioration des résultats. Tous cela ne conditionnant pas l'entrée à l'université. Cette organisation permettrai enfin d'assurer une vraie préparation à l'enseignement supérieur et d'en finir avec la baisse continue des exigences sans léser personne.

mercredi 17 juin 2015

Un dimanche d'AG

Dimanche dernier, j'ai assisté à l'assemblée générale de la Société des agrégés. Adhérent depuis une bonne vingtaine d'années, je n'ai cependant assisté qu'aux quatre dernières éditions, à l'exception de celle de 2014. Il y avait beaucoup moins de monde que lors des précédentes assemblées. Il est vrai que depuis 5 ans, le nombre de sociétaires a chuté quasiment de moitié. La querelle entre les « anciens » et les « modernes », c'est à dire entre la nouvelle direction et la précédente aurait-elle également échaudé les habitués ?
Cette année encore, il y a eu quelques passes d'armes mais elles n'ont pas monopolisé les débats contrairement à l'assemblée de 2013 lors de l'élection du comité. Il y a 2 ans, les participants avaient été interloqués par les échanges très vifs et les invectives entre les deux parties et l'absence d'explications claires sur les différents qui les opposent. L'évocation de procédures judiciaires n'a fait que renforcer un sentiment de malaise chez nombre de spectateurs dans la salle. Les deux parties ont pourtant le même objectif : défendre l'agrégation et les agrégés dans un système scolaire en pleine déliquescence. Les moyens pour y parvenir semblent différer fortement, entre l'ancienne direction, partisane de méthodes plus traditionnelles, et la nouvelle, plus en phase avec de nouvelles pratiques de communication et de gestion. Voilà qui a fait renoncer bon nombre de collègues à maintenir leur adhésion. Je n'ai pas été non plus surpris d'apprendre que beaucoup de néo retraités ne renouvellent pas leur cotisation parce qu'ils ne s'intéressent plus au questions d'éducation. Cela en dit long sur la lassitude d'un nombre croissant de collègues en fin de carrière. Certains de ces néo retraités, en découvrant la modestie de leur pension, renoncent aussi au renouvellement de cotisation... Le constat est cependant général pour un grand nombre d'associations professionnelles et syndicales : une baisse constante du nombre d'adhérents. Dans l'enseignement comme ailleurs, beaucoup se persuadent qu'ils peuvent agir seuls pour défendre au mieux leurs intérêts. C'est fort dommage ! Une mobilisation un peu plus forte ces derniers temps aurait pu faire ré-examiner la lamentable réforme du collège. Une dernière information glanée en fin de séance sur notre ministre confirme ce que nous avons déjà constaté avec la réforme du collège : son mépris pour ceux qui représentent l'excellence. Contrairement à tous ses prédécesseurs, elles n'a jamais voulu recevoir de délégation de la société des agrégés. Chaque demande d'audience auprès d'elle n'a abouti qu'à une entrevue avec ses conseillers. Madame le ministre de l'éducation n'a donc rien à dire personnellement aux représentants des professeurs les plus qualifiés de France. Voilà qui en plus d'être fâcheux se révèle méprisant...

mercredi 10 juin 2015

Tablettes corréziennes au placard

Une amie-collègue en poste en Corrèze m'informe que les tablettes de la marque à la pomme croquée achetée à grand frais pour tous les collégiens du département par son ancien président, un certain François Hollande, sont désormais au placard dans la plupart des établissements. Comment pouvait-il en être autrement, une fois que les collègues se sont rendus compte de l'utilité pédagogique fort limitée de l'engin en classe ? Si les responsables de deniers public avaient deux sous de bon sens, si j'ose dire, ils devraient revendre les tablettes sur le marché de l'occasion, où elles ont encore une certaine valeur, avant qu'elles disparaissent des placards mystérieusement les unes après les autres. Voilà qui renflouerait un peu les caisses du département qui en ont sûrement besoin pour de meilleurs usages...

dimanche 7 juin 2015

Détournons la réforme du collège !

La réforme du collège est donc passée et à la hussarde. Cette bousculade sans ménagement montre à quel point le gouvernement n'a que faire de l'avis des seuls professionnels de l'instruction, à savoir les professeurs. Quel mépris affiché ainsi devant l'opinion publique pour un corps de fonctionnaires d'Etat, alimentant la déconsidération sociale à leur encontre. Je crains que la contestation s'arrête là pour le collège, même si un syndicat appelle au boycott des épreuves écrites du brevet des collèges les 25 et 26 juin prochain et leurs corrections les jours suivants. Ce serait un moyen de pression formidable pour le retrait de la réforme et il suffirait que dans chaque collège quelques collègues surveillants les épreuves fassent grève pour gripper la machine. Mais il y a mieux pour faire pièce à cette réforme sans risquer de passer pour des saboteurs d'examen aux yeux de l'opinion. Par exemple en détournant les gadgets pédagogiques de la réforme. Faire du disciplinaire là où elle exige l'interdisciplinaire. Les chefs d'établissement sont pragmatiques : la guerre des disciplines n'est pas dans leur intérêt. Ils devront répartir équitablement les heures « interdisciplinaires » entre les professeurs de plusieurs disciplines s'ils veulent la paix pédagogique ! Bien sûr, il y aura toujours le ou les collègues empressés de développer des « projets » sur ces heures pour jouer le jeu de la réforme et être bien vus par la hiérarchie mais ils ne sont heureusement pas majoritaires et il reste possible de faire des activités dirigées de sa propre discipline pendant ces heures en lieu et place du travail très peu productif induit par une pédagogie de projets. C'est la démarche qu'adoptent de plus en plus de collègues, dont votre serviteur, pour les enseignements d'exploration en seconde, forts proches des futurs EPI du collège. L'intervention par roulement de trois professeurs permet de faire des activités dirigées et productives dans chaque discipline. Les intitulés des EPI sont suffisamment larges et vagues pour trouver des activités qui soient en lien avec le programme obligatoire de chaque discipline. Cette stratégie permet de récupérer utilement une partie des 20% d'heures confisquées par la réforme. C'est toujours mieux que de devoir surveiller les élèves à faire du copier-coller sur le net.