vendredi 21 avril 2017

Le bon grain de l'ivraie

La campagne électorale touche à sa fin. La succession rapide des événements spectaculaires qui l'a marquée m'a pris de court pour trier le bon grain de l'ivraie sur le thème de l'éducation. A titre personnel, c'est uniquement sur ce sujet que je ferai mon choix car il me semble que le projet d'un candidat sur ce que doit être l'école en dit déjà long sur le reste de son programme. Ainsi, nous pouvons faire l'économie d'examiner les propositions des deux candidats des deux partis de gouvernement qui se sont succédé au pouvoir ces 3 dernières décennies car ils ont étés ministres de l'éducation tous les deux, même si l'un ne l'est resté que 4 mois. Ce fut suffisant pour se rendre compte que ce dernier assumait sans broncher la continuité de l'oeuvre de sape de ces prédécesseurs et qu'il persiste sur cette voie dans ses propositions. L'idée la plus saugrenue du projet de B. Hamon me paraît être ce revenu universel à verser en priorité aux jeunes de 18 à 25 ans au prétexte que les emplois en France seraient trop rares ! Ce n'est évidemment pas l'emploi qui est rare mais l'absence de formation pour occuper des postes qui ne manquent pas dans certaines professions. Plutôt que de donner de l'argent sans contrepartie à des jeunes dans la force de l'âge, le bon sens voudrait qu'on l'utilise pour financer des formations qualifiantes. Il y a cependant peu de chance de voir B. Hamon figurer au deuxième tour dimanche soir, vu les derniers sondages, même s'ils sont à prendre avec des pincettes.
Quant à F. Fillon (que certains ont renommé F. Fuyons!), plombé par une mise en examen mais toujours aussi droit dans ses bottes souillées, il fait preuve d'une incroyable méconnaissance du métier de professeur lorsqu'il propose sans rire une rémunération au mérite ! Comment un ancien ministre de l'éducation, resté à ce poste plusieurs années ignore-t-il que l'avancement dans notre carrière se fait depuis toujours au « mérite » par l'intermédiaire de 2 notes, l'une pédagogique, l'autre administrative. Nos chers inspecteurs et chefs d'établissement, qui attribuent ces deux notes, ont toute latitude pour « juger » du « mérite » de tel ou tel collègue et donc favoriser un avancement plus rapide. Cela fait singulièrement tache pour un candidat qui revendique haut et fort son « expérience » du pouvoir. Enfin, comment le prendre au sérieux lorsqu'il propose la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires ? Sachant qu'il n'aura aucun pouvoir sur la fonction publique territoriale, il ne peut s'attaquer qu'aux fonctions publiques hospitalière et d'Etat. Or la première est déjà en tension et la deuxième a déjà fait l'objet de réductions drastiques lorsqu'il était premier ministre. Ce serait reconnaître de facto qu'il n'a pas fait complètement le travail !
Je n'ai hélas par le temps de détailler les propositions des autres candidats. Pour s'en faire une idée rapide sans avoir à chercher longuement sur le net, je propose au lecteur indécis sur son vote d'aller voir sur le site de la Société des agrégés qui a rassemblé leur réponse à un questionnaire. Le lecteur se rendra compte qu'une réponse se détache nettement des autres. D'abord par la qualité de sa rédaction puis par la lucidité du constat de l'état de l'école. Les propositions pour y remédier ne sont pas en reste et elles sont évidemment en rupture avec le pédagogisme à l'oeuvre depuis 40 ans en France. A vous de trier le bon grain de l'ivraie et rendez-vous entre les deux tours.

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