D'après
la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance
(un intitulé digne d'une entreprise commerciale!) du ministère de
l'éducation nationale, 36% des élèves de seconde générale et
technologique passent en première S, faisant de cette série la plus
demandée de l'enseignement général. Un pourcentage important
certes mais pas écrasant. La réforme du lycée du début des années
1990 avait voulu « casser » la « suprématie »
supposée de la série C en créant la série S, version très
allégée en sciences de son prédécesseur, afin de « revaloriser »
les autres filières. Vingt ans plus tard, non seulement le but n'est
pas atteint, mais en mettant à quasi égalité d'horaire et de
coefficients(*) à l'examen matières scientifiques et
« littéraires », cette série S est devenue la plus
générale de l'enseignement général et donc fatalement la plus
demandée par des élèves soucieux de garder toutes les portes
ouvertes pour la suite de leurs études. Parmi eux, hélas, des
opportunistes de plus en plus nombreux, pas spécialement intéressés
par les sciences. Les deux autres séries, littéraire (L) et
économique et sociale (ES), ont perdu au change en « prestige »
car elles n'accueillent plus que des élèves vraiment allergiques
aux sciences et dont le contenu des enseignements, lui aussi
amoindri, ferme des portes par rapport aux anciens bac A et B. Il y a
une trentaine d'années, mon médecin traitant de l'époque avait
passé un bac A (littéraire). Inhabituel mais possible. Je n'ose pas
prétendre que ce serait impossible aujourd'hui, car un bachelier L
ou ES très motivé pourrait rattraper les cours de sciences
physiques et sciences et vie et de la Terre de la série S pendant un
stage intensif de trois mois tant le volume horaire de ces deux
disciplines a diminué lors de la dernière réforme du lycée
général. Qu'on ne se laisse pas abuser par la suppression, annulée
depuis cette année, des cours d'histoire et géographie en terminale
S. Elles n'avaient pas pour but de rendre la série plus scientifique
mais bien de faire encore des économies sur le dos des élèves. Le
rétablissement d'une vraie série scientifique ne passe que par le
rétablissement des horaires des disciplines scientifiques au niveau
qui étaient le leur il y a 25 ans. Trop cher ? Le surcoût
serait largement compensée par la baisse du trop-plein d'élèves
opportunistes pas passionnés par les sciences et qui emploieraient
beaucoup mieux leurs talents dans les autres séries au lieu de
peiner sur les lois de Newton ou le calcul intégral. Et cela ne
ferait pas baisser le nombre de « scientifiques » formés
puisque de toutes façons ces élèves opportunistes ne feront pas
d'études supérieures scientifiques. D'ailleurs, a-t-on besoin de
beaucoup de scientifiques dans un pays qui se désindustrialise à
toute vitesse, en dépit de la création d'un ministère du
« redressement productif » ?
(*)
coefficient 21 pour les disciplines scientifiques et 19 pour le reste
en y incluant les TPE (travaux personnels encadrés) réalisés en
première et sans les options.
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