dimanche 14 septembre 2014

La série S, préférée des lycéens ?

D'après la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (un intitulé digne d'une entreprise commerciale!) du ministère de l'éducation nationale, 36% des élèves de seconde générale et technologique passent en première S, faisant de cette série la plus demandée de l'enseignement général. Un pourcentage important certes mais pas écrasant. La réforme du lycée du début des années 1990 avait voulu « casser » la « suprématie » supposée de la série C en créant la série S, version très allégée en sciences de son prédécesseur, afin de « revaloriser » les autres filières. Vingt ans plus tard, non seulement le but n'est pas atteint, mais en mettant à quasi égalité d'horaire et de coefficients(*) à l'examen matières scientifiques et « littéraires », cette série S est devenue la plus générale de l'enseignement général et donc fatalement la plus demandée par des élèves soucieux de garder toutes les portes ouvertes pour la suite de leurs études. Parmi eux, hélas, des opportunistes de plus en plus nombreux, pas spécialement intéressés par les sciences. Les deux autres séries, littéraire (L) et économique et sociale (ES), ont perdu au change en « prestige » car elles n'accueillent plus que des élèves vraiment allergiques aux sciences et dont le contenu des enseignements, lui aussi amoindri, ferme des portes par rapport aux anciens bac A et B. Il y a une trentaine d'années, mon médecin traitant de l'époque avait passé un bac A (littéraire). Inhabituel mais possible. Je n'ose pas prétendre que ce serait impossible aujourd'hui, car un bachelier L ou ES très motivé pourrait rattraper les cours de sciences physiques et sciences et vie et de la Terre de la série S pendant un stage intensif de trois mois tant le volume horaire de ces deux disciplines a diminué lors de la dernière réforme du lycée général. Qu'on ne se laisse pas abuser par la suppression, annulée depuis cette année, des cours d'histoire et géographie en terminale S. Elles n'avaient pas pour but de rendre la série plus scientifique mais bien de faire encore des économies sur le dos des élèves. Le rétablissement d'une vraie série scientifique ne passe que par le rétablissement des horaires des disciplines scientifiques au niveau qui étaient le leur il y a 25 ans. Trop cher ? Le surcoût serait largement compensée par la baisse du trop-plein d'élèves opportunistes pas passionnés par les sciences et qui emploieraient beaucoup mieux leurs talents dans les autres séries au lieu de peiner sur les lois de Newton ou le calcul intégral. Et cela ne ferait pas baisser le nombre de « scientifiques » formés puisque de toutes façons ces élèves opportunistes ne feront pas d'études supérieures scientifiques. D'ailleurs, a-t-on besoin de beaucoup de scientifiques dans un pays qui se désindustrialise à toute vitesse, en dépit de la création d'un ministère du « redressement productif » ?


(*) coefficient 21 pour les disciplines scientifiques et 19 pour le reste en y incluant les TPE (travaux personnels encadrés) réalisés en première et sans les options. 

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