lundi 5 décembre 2016

Renoncement mais pas reniement

Jusqu'au dernier moment, j'ai bien cru qu'il se présenterai pour un second mandat présidentiel. On ne sait jamais, il aurai pu avoir un dernier élan de culot et d'audace comme son prédécesseur et mobiliser ses dernières troupes sur un nouveau programme en faisant croire que cette fois, il serait tenu ! La corde était trop usée et les sondages trop bas. Après l'hécatombe électorale qui balaye le personnel politique en place du Royaume-Uni, aux Etats-unis, en passant par les primaires de la droite chez nous et la nuit dernière en Italie, il était déraisonnable de persister !
Ce renoncement est aussi un aveu d'échec, même s'il a présenté un bilan plutôt flatteur de son action. En considérant uniquement la politique menée sur l'éducation pendant ce mandat finissant, ce qui nous intéresse ici, le bilan négatif est sans appel. Il est hélas dans la continuité du précédent, à la seule différence près de l'arrêt des suppressions de postes. Cependant, les 60 000 emplois promis sur le quinquennat n'ont pas été pourvus comme cela a été montré par un grand nombre d'observateurs de l'éducation. Nous retiendrons au passif de cette politique l'ineffable réforme du collège qui va poursuivre l'entreprise de sape de l'instruction et dont on peut déjà prévoir l'échec à réduire les inégalités, pourtant son principal objectif. La preuve, elle aura les même résultats que sa grande sœur et inspiratrice, la réforme Chatel du lycée dont on peut mesurer l'échec pour les élèves de terminale S au vu de l'enquête internationale TIMSS publiée récemment. Même la presse de connivence avec la rue de Grenelle s'en fait l'écho. On attend sans surprise la prochaine enquête PISA qui devrait confirmer cette descente aux tréfonds des classements.
Notre ministre n'a en tout cas pas perdu de temps pour quitter la navire (ou plutôt le pédalo et son capitaine!). On l'a vu au premier rang des spectateurs/acteurs de la soirée des organisateurs des prochaines primaires de la gauche samedi dernier. Sans doute pour faire passer la prochaine réforme du lycée, en attente dans les placards paraît-il, au futur candidat ? Dans tous les cas, elle sera mise en œuvre dans les grandes lignes que nous connaissons trop bien : réduction des horaires disciplinaires, extension des « activités » de type constructiviste, évaluation par compétences généralisée, etc. Dans l'autre camp, il ne faut pas trop compter sur François Fillon, élu président, pour y mettre un coup d'arrêt, lui qui les a maintenues lorsqu'il était ministre de l'éducation. Je doute que l'ancien promoteur qu'il fut en 2005 du « socle de connaissances et de compétences » véritable smic éducatif sans ambition ai retourné sa veste...
Ce qui m'inquiète le plus dans ce qu'il a présenté de sa future action est sa volonté d'augmenter fortement notre charge d'enseignement. Je n'ai aucune intention de passer de 15h de cours devant 35 élèves à 20h obligatoires par semaine. Et si en plus ces heures ne sont pas payées ou si peu, la coupe sera vraiment pleine. Hélas, ce ne sont pas mes collègues, jeunes dans leur grande majorité, qui effectuent ces services de 20h ou davantage qui descendront dans la rue pour protester. A moins que la perspective de ne plus pourvoir redescendre à 18h ou 15h après 25 ans d'enseignement comme votre serviteur, ne les y contraigne. Mais il sera sans doute trop tard...