Jusqu'au
dernier moment, j'ai bien cru qu'il se présenterai pour un second
mandat présidentiel. On ne sait jamais, il aurai pu avoir un dernier
élan de culot et d'audace comme son prédécesseur et mobiliser ses
dernières troupes sur un nouveau programme en faisant croire que
cette fois, il serait tenu ! La corde était trop usée et les
sondages trop bas. Après l'hécatombe électorale qui balaye le
personnel politique en place du Royaume-Uni, aux Etats-unis, en
passant par les primaires de la droite chez nous et la nuit dernière
en Italie, il était déraisonnable de persister !
Ce
renoncement est aussi un aveu d'échec, même s'il a présenté un
bilan plutôt flatteur de son action. En considérant uniquement la
politique menée sur l'éducation pendant ce mandat finissant, ce qui
nous intéresse ici, le bilan négatif est sans appel. Il est hélas
dans la continuité du précédent, à la seule différence près de
l'arrêt des suppressions de postes. Cependant, les 60 000 emplois
promis sur le quinquennat n'ont pas été pourvus comme cela a été
montré par un grand nombre d'observateurs de l'éducation. Nous
retiendrons au passif de cette politique l'ineffable réforme du
collège qui va poursuivre l'entreprise de sape de l'instruction et
dont on peut déjà prévoir l'échec à réduire les inégalités,
pourtant son principal objectif. La preuve, elle aura les même
résultats que sa grande sœur et inspiratrice, la réforme Chatel du
lycée dont on peut mesurer l'échec pour les élèves de terminale S
au vu de l'enquête internationale TIMSS publiée récemment. Même
la presse de connivence avec la rue de Grenelle s'en fait l'écho. On
attend sans surprise la prochaine enquête PISA qui devrait confirmer
cette descente aux tréfonds des classements.
Notre
ministre n'a en tout cas pas perdu de temps pour quitter la navire
(ou plutôt le pédalo et son capitaine!). On l'a vu au premier rang
des spectateurs/acteurs de la soirée des organisateurs des
prochaines primaires de la gauche samedi dernier. Sans doute pour
faire passer la prochaine réforme du lycée, en attente dans les
placards paraît-il, au futur candidat ? Dans tous les cas, elle
sera mise en œuvre dans les grandes lignes que nous connaissons trop
bien : réduction des horaires disciplinaires, extension des
« activités » de type constructiviste, évaluation par
compétences généralisée, etc. Dans l'autre camp, il ne faut pas
trop compter sur François Fillon, élu président, pour y mettre un
coup d'arrêt, lui qui les a maintenues lorsqu'il était ministre de
l'éducation. Je doute que l'ancien promoteur qu'il fut en 2005 du
« socle de connaissances et de compétences » véritable
smic éducatif sans ambition ai retourné sa veste...
Ce qui
m'inquiète le plus dans ce qu'il a présenté de sa future action
est sa volonté d'augmenter fortement notre charge d'enseignement. Je
n'ai aucune intention de passer de 15h de cours devant 35 élèves à
20h obligatoires par semaine. Et si en plus ces heures ne sont pas
payées ou si peu, la coupe sera vraiment pleine. Hélas, ce ne sont
pas mes collègues, jeunes dans leur grande majorité, qui effectuent
ces services de 20h ou davantage qui descendront dans la rue pour
protester. A moins que la perspective de ne plus pourvoir redescendre
à 18h ou 15h après 25 ans d'enseignement comme votre serviteur, ne
les y contraigne. Mais il sera sans doute trop tard...