mercredi 23 mars 2016

Le dégel

Après 6 années de gel du point d'indice de la fonction publique et quelques pourcent de plus de retenue pour la retraite tous les ans, voici que le gouvernement décide de « dégeler », provisoirement, ce point d'indice. On nous serine pourtant depuis de nombreuses années que « les caisses sont vides » mais voici qu'on vient brusquement d'y découvrir quelques centaines de millions d'euros à 12 mois et quelques de l'élection présidentielle ! La première leçon de cette annonce est qu'il sera difficile par la suite qu'un gouvernement prétende ne disposer d'aucune marge de manœuvre en matière d'augmentation salariale des agents de l'Etat. La deuxième leçon à tirer est celle de l'incompétence budgétaire. Pour financer cette largesse à l'égard de ces agents (1,2% d'augmentation en deux fois!), le gouvernement va « redéployer des moyens ». Mais si ces « moyens » peuvent être redéployés, c'est qu'ils ne sont pas indispensables. Dans ce cas pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt ? Dernière leçon, celle de la piètre gestion des personnels : le gouvernement aurait été plus avisé de cibler cette augmentation vers les personnels en début de carrière au premier rang desquels les professeurs néo-titulaires. Une suppression des deux ou trois premiers échelons ferait plus pour attirer des candidats de valeur au concours que de coûteuses campagnes publicitaires pour la plupart ridicules !
Il n'y aura évidemment rien à attendre d'un changement de majorité sur ce point et c'est presque une évidence de prévoir un nouvel gel du point d'indice l'an prochain. La seule chose qui risque augmenter sera notre temps de travail en établissement car N. Sarkozy a déclaré récemment au journal le Monde qu'il voulait que les professeurs travaillent 25% de plus. Sans préciser si ces heures supplémentaires seraient rémunérées. La raison invoquée par l'ancien président ? Aider les élèves en difficulté. Il devrait se renseigner pour se rendre compte qu'il n'y en a plus dans les lycées français ! En effet, sa réforme de 2009 a porté ses fruits comme l'on sait et la réussite est assurée pour tous ! Avec plus de 80% de réussite au bac et 50% de mentions, difficile d'affirmer qu'il y a encore des élèves en difficulté ! Quelle raison alors y aurait-il a nous faire travailler davantage ? On apprend qu'il souhaite supprimer sur 5 ans 300 000 postes de fonctionnaires. Mais il ne compte pas diminuer les effectifs des armées et de la police. Il ne reste donc que ceux des 800 000 professeurs, le plus gros effectif de la fonction publique d'Etat. En diminuant leur nombre, il faudra bien faire travailler davantage ceux qui resteront. Si c'est là toute l'ambition pour l'Ecole du « chef » du principal parti d'opposition qui reviendra sans doute aux affaires l'an prochain c'est proprement confondant de misère intellectuelle. Nous étions tombés bien bas avec notre actuel ministre au sourire et au dogme inoxydables, on peut en craindre autant avec son successeur...

mercredi 9 mars 2016

Le péril jeune

Le président de la République et son gouvernement doivent penser que la jeunesse est bien ingrate à manifester contre son dernier projet sur la réforme du code du travail ! Ils ne se sont pourtant pas ménagés pour s'attirer les bonnes grâces des jeunes ces dernières années en installant la « bienveillance » à l'Ecole et en organisant une réforme du collège sensée rétablir une « égalité » entre les élèves qui d'après eux, ne serait actuellement plus assurée. Mais on ne sort de l'ambiguité qu'à ses dépend, comme disait le cardinal de Retz, et les « jeunes » se sont rendus compte que le projet de réforme du code du travail, qui les concernera forcément tôt ou tard, n'a rien de bienveillant à leur égard ! Beaucoup d'étudiants qui doivent déjà travailler pour financer leur études le savent déjà, ainsi que les jeunes (et moins jeunes) travailleurs sur des contrats précaires. Et ce n'est pas en précarisant les contrats à durée indéterminée, comme semble le prévoir le projet de loi en question, que le chômage diminuera. Cet argument est parfaitement spécieux et le texte relève d'une autre démarche (à défaut de logique!), la volonté de réduire davantage les quelques protections contre l'arbitraire que recèlent encore les contrats de travail. Il y a certainement des choses à améliorer dans ce domaine mais le faire au nom de la réduction du chômage est une escroquerie intellectuelle.
Il est à la fois amusant et un peu inquiétant de constater que l'actuel président et les deux précédents n'ont reculé sur leurs projets devant les manifestations d'aucune catégorie de salarié du public ou du privé mais l'on fait à chaque fois que des jeunes sont descendus dans la rue ou en ont manifesté l'intention. Comme on aurait aimé que les élèves manifestent contre la réforme du collège l'an dernier !