Après 6
années de gel du point d'indice de la fonction publique et quelques
pourcent de plus de retenue pour la retraite tous les ans, voici que
le gouvernement décide de « dégeler », provisoirement,
ce point d'indice. On nous serine pourtant depuis de nombreuses
années que « les caisses sont vides » mais voici qu'on
vient brusquement d'y découvrir quelques centaines de millions
d'euros à 12 mois et quelques de l'élection présidentielle !
La première leçon de cette annonce est qu'il sera difficile par la
suite qu'un gouvernement prétende ne disposer d'aucune marge de
manœuvre en matière d'augmentation salariale des agents de l'Etat.
La deuxième leçon à tirer est celle de l'incompétence budgétaire.
Pour financer cette largesse à l'égard de ces agents (1,2%
d'augmentation en deux fois!), le gouvernement va « redéployer
des moyens ». Mais si ces « moyens » peuvent être
redéployés, c'est qu'ils ne sont pas indispensables. Dans ce cas
pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt ? Dernière leçon,
celle de la piètre gestion des personnels : le gouvernement
aurait été plus avisé de cibler cette augmentation vers les
personnels en début de carrière au premier rang desquels les
professeurs néo-titulaires. Une suppression des deux ou trois
premiers échelons ferait plus pour attirer des candidats de valeur
au concours que de coûteuses campagnes publicitaires pour la plupart
ridicules !
Il n'y
aura évidemment rien à attendre d'un changement de majorité sur ce
point et c'est presque une évidence de prévoir un nouvel gel du
point d'indice l'an prochain. La seule chose qui risque augmenter
sera notre temps de travail en établissement car N. Sarkozy a
déclaré récemment au journal le Monde qu'il voulait que les
professeurs travaillent 25% de plus. Sans préciser si ces heures
supplémentaires seraient rémunérées. La raison invoquée par
l'ancien président ? Aider les élèves en difficulté. Il
devrait se renseigner pour se rendre compte qu'il n'y en a plus dans
les lycées français ! En effet, sa réforme de 2009 a porté
ses fruits comme l'on sait et la réussite est assurée pour tous !
Avec plus de 80% de réussite au bac et 50% de mentions, difficile
d'affirmer qu'il y a encore des élèves en difficulté ! Quelle
raison alors y aurait-il a nous faire travailler davantage ? On
apprend qu'il souhaite supprimer sur 5 ans 300 000 postes de
fonctionnaires. Mais il ne compte pas diminuer les effectifs des
armées et de la police. Il ne reste donc que ceux des 800 000
professeurs, le plus gros effectif de la fonction publique d'Etat. En
diminuant leur nombre, il faudra bien faire travailler davantage ceux
qui resteront. Si c'est là toute l'ambition pour l'Ecole du « chef »
du principal parti d'opposition qui reviendra sans doute aux affaires
l'an prochain c'est proprement confondant de misère intellectuelle.
Nous étions tombés bien bas avec notre actuel ministre au sourire
et au dogme inoxydables, on peut en craindre autant avec son
successeur...