lundi 5 décembre 2016

Renoncement mais pas reniement

Jusqu'au dernier moment, j'ai bien cru qu'il se présenterai pour un second mandat présidentiel. On ne sait jamais, il aurai pu avoir un dernier élan de culot et d'audace comme son prédécesseur et mobiliser ses dernières troupes sur un nouveau programme en faisant croire que cette fois, il serait tenu ! La corde était trop usée et les sondages trop bas. Après l'hécatombe électorale qui balaye le personnel politique en place du Royaume-Uni, aux Etats-unis, en passant par les primaires de la droite chez nous et la nuit dernière en Italie, il était déraisonnable de persister !
Ce renoncement est aussi un aveu d'échec, même s'il a présenté un bilan plutôt flatteur de son action. En considérant uniquement la politique menée sur l'éducation pendant ce mandat finissant, ce qui nous intéresse ici, le bilan négatif est sans appel. Il est hélas dans la continuité du précédent, à la seule différence près de l'arrêt des suppressions de postes. Cependant, les 60 000 emplois promis sur le quinquennat n'ont pas été pourvus comme cela a été montré par un grand nombre d'observateurs de l'éducation. Nous retiendrons au passif de cette politique l'ineffable réforme du collège qui va poursuivre l'entreprise de sape de l'instruction et dont on peut déjà prévoir l'échec à réduire les inégalités, pourtant son principal objectif. La preuve, elle aura les même résultats que sa grande sœur et inspiratrice, la réforme Chatel du lycée dont on peut mesurer l'échec pour les élèves de terminale S au vu de l'enquête internationale TIMSS publiée récemment. Même la presse de connivence avec la rue de Grenelle s'en fait l'écho. On attend sans surprise la prochaine enquête PISA qui devrait confirmer cette descente aux tréfonds des classements.
Notre ministre n'a en tout cas pas perdu de temps pour quitter la navire (ou plutôt le pédalo et son capitaine!). On l'a vu au premier rang des spectateurs/acteurs de la soirée des organisateurs des prochaines primaires de la gauche samedi dernier. Sans doute pour faire passer la prochaine réforme du lycée, en attente dans les placards paraît-il, au futur candidat ? Dans tous les cas, elle sera mise en œuvre dans les grandes lignes que nous connaissons trop bien : réduction des horaires disciplinaires, extension des « activités » de type constructiviste, évaluation par compétences généralisée, etc. Dans l'autre camp, il ne faut pas trop compter sur François Fillon, élu président, pour y mettre un coup d'arrêt, lui qui les a maintenues lorsqu'il était ministre de l'éducation. Je doute que l'ancien promoteur qu'il fut en 2005 du « socle de connaissances et de compétences » véritable smic éducatif sans ambition ai retourné sa veste...
Ce qui m'inquiète le plus dans ce qu'il a présenté de sa future action est sa volonté d'augmenter fortement notre charge d'enseignement. Je n'ai aucune intention de passer de 15h de cours devant 35 élèves à 20h obligatoires par semaine. Et si en plus ces heures ne sont pas payées ou si peu, la coupe sera vraiment pleine. Hélas, ce ne sont pas mes collègues, jeunes dans leur grande majorité, qui effectuent ces services de 20h ou davantage qui descendront dans la rue pour protester. A moins que la perspective de ne plus pourvoir redescendre à 18h ou 15h après 25 ans d'enseignement comme votre serviteur, ne les y contraigne. Mais il sera sans doute trop tard...

jeudi 15 septembre 2016

Fermeture d'usines : une impuissance gouvernementale organisée

En matière de politique industrielle, l'actuel gouvernement (mais on peut y ajouter les précédents) fait preuve d'autant, voire plus, d'impéritie qu'en matière d'éducation. La grande différence et non des moindres est qu'il peut de moins en moins y imposer ses décisions ! Et pour cause, puisque depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont favorisé la désindustrialisation de la France. Dès lors, s'opposer autoritairement à la fermeture d'une usine justifiée économiquement et prévue plusieurs mois voire années auparavant relève d'une posture hypocrite de la part du gouvernement.
Proposer des commandes publiques ne garantit pas que l'usine en difficulté gagnera l'appel d'offre et contrairement à d'autres pays bien plus avisés, la France ne peut même plus imposer que la construction des biens commandés soit réalisée sur le territoire national. Le gouvernement est donc pieds et poings liés pour s'opposer durablement à la fermeture de l'usine Alstom de Belfort, comme d'autres auparavant. Tout au plus, il espère retarder la décision inéluctable jusqu'aux élections de l'an prochain et ainsi refiler la patate chaude à son successeur. Ce dernier ne pourra qu'en prendre acte, au nom de l'adaptation aux « réalités économiques ». Pendant ce temps, notre matériel ferroviaire, surtout les trains Intercités, continue sa dégradation après 40 ans de service. En témoigne cette photo que j'ai prise de la rame Corail que j'ai emprunté pour un trajet entre Narbonne et Toulouse en début d'année. Aussi loin que remontent mes souvenirs de voyageur, je n'avais pas vu un tel délabrement des voitures de la SNCF à l'extérieur et à l'intérieur. Voici au moins un domaine dans lequel on peut affirmer que c'était mieux avant ! Comme on regrette les voitures « grand confort » des années 1970 à 1990 envoyées à la casse après seulement 25 ans de service. Mais j'imagine qu'elles seraient dans le même état aujourd'hui que les voitures Corail... Il paraît que ces dernières seront remplacées par du nouveau matériel de chez Alstom d'ici... quelques années. Nous les attendons avec impatience !

Fermeture d'usines : une impuissance gouvernementale organisée

En matière de politique industrielle, l'actuel gouvernement (mais on peut y ajouter les précédents) fait preuve d'autant, voire plus, d'impéritie qu'en matière d'éducation. La grande différence et non des moindres est qu'il peut de moins en moins y imposer ses décisions ! Et pour cause, puisque depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont favorisé la désindustrialisation de la France. Dès lors, s'opposer autoritairement à la fermeture d'une usine justifiée économiquement et prévue plusieurs mois voire années auparavant relève d'une posture hypocrite de la part du gouvernement.
Proposer des commandes publiques ne garantit pas que l'usine en difficulté gagnera l'appel d'offre et contrairement à d'autres pays bien plus avisés, la France ne peut même plus imposer que la construction des biens commandés soit réalisée sur le territoire national. Le gouvernement est donc pieds et poings liés pour s'opposer durablement à la fermeture de l'usine Alstom de Belfort, comme d'autres auparavant. Tout au plus, il espère retarder la décision inéluctable jusqu'aux élections de l'an prochain et ainsi refiler la patate chaude à son successeur. Ce dernier ne pourra qu'en prendre acte, au nom de l'adaptation aux « réalités économiques ». Pendant ce temps, notre matériel ferroviaire, surtout les trains Intercités, continue sa dégradation après 40 ans de service. En témoigne cette photo que j'ai prise de la rame Corail que j'ai emprunté pour un trajet entre Narbonne et Toulouse en début d'année. Aussi loin que remontent mes souvenirs de voyageur, je n'avais pas vu un tel délabrement des voitures de la SNCF à l'extérieur et à l'intérieur. Voici au moins un domaine dans lequel on peut affirmer que c'était mieux avant ! Comme on regrette les voitures « grand confort » des années 1970 à 1990 envoyées à la casse après seulement 25 ans de service. Mais j'imagine qu'elles seraient dans le même état aujourd'hui que les voitures Corail... Il paraît que ces dernières seront remplacées par du nouveau matériel de chez Alstom d'ici... quelques années. Nous les attendons avec impatience !

mercredi 24 août 2016

Un candidat de plus...

J'avais en chantier ce mois-ci la rédaction d'un article sur le projet pour l'Ecole du parti Les républicains en vue de la prochaine élection présidentielle. Mais voici qu'avant hier, un certain Nicolas S. annonce sa candidature à cette élection dans un livre à paraître demain. Le texte programme de Les républicains a le mérite d'être disponible gratuitement sur le site du parti et il peut donc être consultable par tous. Ce n'est pas le cas de celui de son président car il faut faudra bourse délier pour le consulter intégralement. Nous devons donc nous contenter des quelques bribes diffusées dans les média. Elles sont déjà suffisantes pour avoir une idée des intentions de son rédacteur. Elles ne constituent pas une surprise puisqu'elles avaient été déjà mises en œuvre lors de sa présidence. Le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite par exemple. Mais le candidat souhaite l'étendre à la fonction publique territoriale. On se demande comment il va procéder puisque les collectivités territoriales ont la maîtrise de la gestion de leur personnels. L'augmentation du temps de travail des professeurs n'est pas non plus nouvelle. On retrouve d'ailleurs cette proposition dans le programme de son parti. Il reste à savoir comment cette mesure sera réalisée. Par une obligation d'effectuer plus d'heures supplémentaires au-delà de la seule actuellement imposable ? Et seront-elles payées au tarif actuel ? Dans tous les cas, les heures supplémentaires sont déjà une dure réalité pour de nombreux collègues qui doivent en faire afin de boucler leur fin de mois. La seule noisette de beurre à mettre dans les épinards est la proposition de les défiscaliser, mesure déjà mise en œuvre du temps de sa présidence et supprimée par la majorité actuelle. Rien en revanche sur le gel du point d'indice de la fonction publique qu'il avait décidé en 2010 et que son successeur a poursuivi. Mais on peut être certain qu'il rétablira cette mesure vu qu'il refuse toute augmentation générale des traitements, lui préférant une rémunération « au mérite » (qui reste évidemment à définir!). Je passe sur la proposition de réduction de l'impôt sur le revenu pour en venir sur l'augmentation de l'âge de la retraite. N. Sarkozy annonce une passage à 63 ans dès 2020 puis 64 en 2025. Une amie-collègue de mon âge pensait que notre génération ne serait plus affectée par de futures augmentations de l'âge de la retraite vu la proximité (relative) de ce dernier. Je vais devoir la détromper à la rentrée si elle n'a pas eu vent de cette mesure ! Cerise sur le gâteau des futurs retraités de la fonction publique, l'ancien président promet également un alignement du calcul des pensions sur celui du privé. Là encore, ma collègue n'y croyait pas non plus ! Après cela que restera-t-il des « avantages » d'effectuer une carrière dans la fonction publique ? La sécurité de l'emploi ? Elle est toute relative et ce serait bien le dernier « avantage ». Voilà qui fera fuir définitivement les rares candidats de valeur aux concours de recrutement et on ne peut pas leur donner tort ! Cette mesure vexatoire ne rapportera d'ailleurs pas grand chose en terme d'économies pour l'Etat. Hormis les collègues entrés tardivement dans la carrière, la plupart d'entre-nous parvient au dernier échelon de rémunération une bonne dizaine d'années (voire quinzaine) avant l'âge de départ. Un calcul sur les 15 ou 20 dernières années ne changera que peu le montant de la pension. Le cas est bien sûr différent pour ceux qui accèdent à la hors classe. Mais la majorité de la profession n'a pas cette chance. Economies de bouts de chandelle...
On peut parier que les propositions précédentes qui consistent à faire des économies figurent dans le catalogue d'autres candidats à la présidentielle...

jeudi 11 août 2016

Augmentation du point d'indice : une perte effective malgré la hausse !

Si la majorité des professeurs fonctionnaires constatent la même chose que moi sur le montant de leur traitement du mois de juillet, le gouvernement aura totalement raté sa mesure de dégel (provisoire) du point d'indice ! Et voir fondre les bénéfices électoraux qu'il pensait en tirer. En regardant le montant de ma fiche de paie de juillet 2015, mois ou l'on ne reçoit généralement que son traitement de base, j'ai constaté une baisse de 21 euros sur ce qui m'a été versé en juillet 2016 ! Par quel prodige une mesure d'augmentation salariale se traduit-elle par une baisse ?
Deux raisons : l'augmentation de la cotisation pour pension comme tous les ans jusqu'en 2020(*) et une augmentation de la cotisation à la mutuelle, celle à laquelle cotise une majorité de collègues. Sur ce dernier point, le gouvernement n'y est évidemment pour rien, il suffirait de changer de couverture santé pour payer moins. Mais il se trouve que ma cotisation mutualiste n'est augmentée que de 19 euros. Il y a donc une baisse effective de 2 euros de salaire que ne compense même pas l'augmentation du point d'indice. Il en sera de même évidemment lors de la deuxième « vague » d'augmentation en janvier prochain. Le gouvernement pensait nous caresser dans le sens du poil. Hélas, le gant s'est révélé rugueux !

(*) 15 euros par mois pour les derniers échelons de la grille de rémunération des agrégés et ce pendant 9 années (2012-2020) ce qui représente 15x9 = 135 euros. C'est presque l'équivalent d'un échelon qui va disparaître de nos rémunérations ! La fonction publique d'Etat coûte de moins en moins cher...

samedi 16 juillet 2016

Faisons comme si de rien n'était

Le ciel redevenu bleu hier matin annonçait enfin une vraie journée d'été paisible jusqu'à ce que je mette en route la radio et que j'entende la triste nouvelle de cet attentat à Nice. Le journal suivant fait part des circonstances du drame puis commencent les commentaires des spécialistes et autres experts pour échafauder des hypothèses sur les motivations du meurtrier entrecoupés de témoignages sur le vif mais qui relèvent plus de l'émotion que de l'information. Là (et las !), je décide couper tout moyen d'information pour la journée. On n'en apprendra pas plus à écouter ou regarder en boucle les mêmes déclarations et les mêmes images. Consacrer autant de glose à ce drame ne fait que conforter les éventuels commanditaires sur l'efficacité de leur action et susciter l'envie de faire de même chez des candidats terroristes narcissiques. De plus, cela ne permettra pas hélas de déjouer un autre attentat de ce genre, commis par un seul individu, semble-t-il. Le mieux que nous puissions faire en tant que simple citoyen est de vaquer sans crainte à nos occupations habituelles et ne rien changer à notre mode de vie. Ce serait donner raison à ces gens dont les ressorts relèvent nettement plus de la psychiatrie que de la religion ou de la politique.

samedi 11 juin 2016

Revalorisation de carrière par les vases communicants

Après le « dégel » (provisoire?) du point d'indice de la fonction publique décidé il y a quelques mois, on pensait que le gouvernement avait ouvert exceptionnellement sa hotte de père Noël à une année des élections générales. Voici qu'il la ré-ouvre une seconde fois pour dévoiler des nouvelles grilles de carrière avec augmentation des indices de chaque échelon. Légère hausse plus qu'augmentation car elle se résume à 9 points d'indice ce qui représente environ 500 euros bruts annuels. Pas de quoi effacer le gel du point entre 2010 et 2016 et l'augmentation de la retenue pour pension qui court encore jusqu'en 2020.
En regardant de plus près les mesures annoncées sur le site du ministère, on s'aperçoit que les généreux 9 points d'augmentation proviennent du transfert en deux temps de l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (ISOE) vers le traitement brut ! Un pur jeu comptable donc, ou la version financière des vases communicants. Il fallait y penser. Les gestionnaires du ministère à l'origine de ce tour de passe passe méritent leur primes rondelettes... Cette mesure ne coûtera donc rien à l'Etat, alors que les média ont fait part bruyamment d'un coût de 1 milliard pour les finances publiques.
La modification de l'avancement de carrière ne devrait pas non plus coûter grand chose. S'il n'y a plus qu'un seul rythme d'avancement pour tous, il correspond au niveau médian de l'ancienne grille (le « choix »), auquel la majorité des professeurs avançaient dans la carrière (les premiers 5/7 du tableau d'avancement d'échelon) . Il fallait 26 ans et quelques pour parcourir les 11 échelons de la classe normale, il en faut toujours 26 pour parcourir la nouvelle grille. Elle permettra juste de ne pas léser les collègues trop peu souvent inspectés dont la note était insuffisante pour leur éviter un passage à l'ancienneté.
La hors classe devient en théorie accessible à tous dès le 9ème échelon (au lieu du 7ème auparavant, même si dans la pratique, un accès à ce niveau est assez rare) et il restera à vérifier qu'elle le sera bien. Une classe exceptionnelle vient coiffer la hors classe mais elle ne sera accessible qu'à ceux ayant exercé en éducation prioritaire ou assuré des missions particulières. Pour ces dernières, la promotion à cette surclasse est donc liée à des activités sans rapport direct avec l'enseignement dispensé devant élèves. Inutile de faire du zèle en classe pour y accéder ! Comme aujourd'hui, il y a peu de chance que cela soit récompensé. Ceux qui exercent des fonctions de conseiller pédagogique ou de formateur et bien vus de leur direction devraient sans difficulté accéder à ce nirvana de l'échelle de rémunération.
Dans le dossier de présentation de ces mesures sur le site du ministère, on lit que le gain de traitement d'un professeur certifié sur l'ensemble de sa carrière (classe normale puis hors classe) représentera 23 000 euros. Si l'on étale ce gain sur 30 ans (26 ans de classe normale et 4 ans de hors classe), cela ne représente que 766 euros de plus par an et moins bien sûr si l'on calcule sur 40 années, durée plus probable d'une carrière complète pour une retraite sans décote... Pas vraiment de quoi sauter au plafond et susciter des vocations ! A moins que les candidats à l'enseignement jettent un œil sur ce qui est promis aux professeurs agrégés. Le site du ministère fait miroiter l'échelle lettre B soit une rémunération brute comprise entre 54 600 et 60 000 euros par an ! Mais il faut lire plus haut que ces émoluments ne seront perçus que par les heureux élus à la classe exceptionnelle. Pour le commun des mortels, la carrière se terminera à la hors classe dont il faudra surveiller qu'elle devienne vraiment accessible à tous lors de la mise en œuvre de ces mesures. Encore une fois, attirer des candidats de valeur aurai dû passer par une revalorisation substantielle du début de carrière. Celle proposée est nettement insuffisante. Des étudiants brillants n'attendront pas 26 ans de carrière avant d'avoir une rémunération à la hauteur (ou presque) de celles du secteur privé, ou de la haute fonction publique d'Etat.
La conséquence du rythme unique d'avancement est la disparition des inspections telles que nous les connaissons. Pour ma part, je suis ravi de cette disparition tant ces inspections étaient devenues caricaturales ces dernières années. Les « conseils » pédagogiques données par les inspecteurs se résumaient à un discours formaté et lénifiant de promotion de pédagogie de projet et autres « compétences ». Le contenu du cours dispensé était à peine évoqué pendant l'entretien suivant l'inspection. Il se substitue à ce système quatre « rendez-vous de carrière » dont il n'est pas fait mention de la forme qu'ils prendront et par qui ils seront conduits. On a du mal à voir l'enjeu que représentent ces entretiens hormis la possibilité de deux « accélérations » de carrière réduisant de 26 à 24 ans le parcours dans l'échelle de rémunération. Quelle accélération en effet !
Ces mesures sont elles menacées par un changement de majorité l'an prochain ? On peut en douter, vu qu'elles ne représentent qu'un engagement financier assez modeste par le tour de passe-passe opéré. Le calendrier pourrait être éventuellement retardé par la majorité suivante qui, bien sûr, trouvera les finances publiques dans un état déplorable!
 


mardi 31 mai 2016

Agrégation pour tous ?

Vouloir discrètement réduire les crédits de la recherche et proclamer la priorité de l'emploi, ici celle de jeunes chercheurs, relève d'un étonnant paradoxe. Les 150 millions d'euros que le gouvernement s'apprêtait à retirer en catimini aux laboratoires en suscitant à juste titre la colère des chercheurs n'étaient sûrement pas superflus dans leurs activités. Une bonne partie de cette somme sert bien souvent à rémunérer des doctorants ou post-doctorants qui constituent la cheville ouvrière des laboratoires. Supprimer ces crédits c'était réduire fortement leur activité. Suite à la protestation de quelques personnalités, le massage a fini par être compris au plus haut sommet de l'état et les crédits réattribués derechef.
Comme pour se faire pardonner de sa bévue, le gouvernement a décrété récemment l'ouverture d'un concours spécifique d'agrégation pour les titulaires d'un doctorat. On peut déjà douter que les épreuves (ou la seule épreuve!) de ce concours réservé ne seront pas de même nature et surtout du même niveau que celles (nombreuses!) l'agrégation externe. La spécialisation extrême d'un doctorat s'oppose à la nature généraliste de l'agrégation qui couvre la totalité d'un champ disciplinaire. Préparer l'agrégation externe nécessite au minimum une année de préparation intensive aux épreuves écrites et orales. On imagine mal un néo-docteur sortant de 3 ou 4 années d'un travail très spécialisé s'investir une année complète et de surcroît sans financement dans ce travail de préparation. Il y a donc de fortes chances que ce « concours » se limitera à une seule épreuve dont la préparation exigera un travail plus limité que le concours externe.
C'est donc tout ce que le gouvernement a imaginé pour favoriser l'emploi des docteurs en France ? N'était-ce pas plus simple que d'augmenter le nombre de postes aux concours de maître de conférence ? D'autant que le nombre d'étudiants dans les universités est en augmentation. Le gouvernement a une idée économique derrière la tête : que les docteurs agrégés par ce concours se présentent à des postes « Prag » devant la pénurie de postes de statut universitaire. Les « Prag » doivent un service d'enseignement double par rapport aux maîtres de conférence. Ce serait gagner un poste sur deux ! Reste posée la question de la reconnaissance des agrégés déjà docteurs lesquels ne bénéficient d'aucun avantage de carrière pour la possession d'un doctorat...

dimanche 29 mai 2016

Se faire entendre

Qui aurait pu croire il y a quelques semaines encore que des grévistes soient en passe d'obtenir la satisfaction de leur revendication et de faire vaciller sur ses bases le gouvernement déjà fragilisé. Avec seulement quelques milliers de grévistes déterminés, un seul syndicat arrive à perturber la vie quotidienne de tout un chacun en bloquant la distribution de carburant. Il s'en faut de peu que la perturbation n'affecte la distribution d'électricité suite au blocage de quelques centrales nucléaires. La branche transport du même syndicat menace elle aussi d'entrer en jeu à la veille d'un grand raout sportif international ce qui affaiblirai encore plus la position du gouvernement ici et à l'étranger. Ce n'est certainement pas dans notre profession qu'on verrait un pouvoir de nuisance pareil ! Une grève de dix mille professeurs ne ferait même pas quelques lignes dans un journal. Le seul moyen de se faire entendre aujourd'hui consiste à mener des actions d'éclats susceptibles d'attirer l'attention des média. Ce fait est parfaitement intégré par certains salariés à l'appui de leurs revendications. Les média, surtout la télévision, se font d'ailleurs presque complices des salariés grévistes en diffusant des images de pénurie lorsqu'il y a blocage comme dans le cas des carburants. La stratégie se révèle finalement peu impopulaire. Les témoignages vraiment hostiles aux mouvements de grèves avec blocage sont assez peu diffusés. La plupart des personnes impactées par ces mouvements font part de résignation plus que de révolte. Pour les actions en cours, le but est déjà atteint. Le gouvernement semble hésitant sur un projet de loi qu'il a déjà dû édulcorer par rapport à sa première version. Les actions musclées semblent donc payantes en fin de compte. A méditer pour ceux qui rechignent à faire pression sur les examens de fin d'année...

dimanche 22 mai 2016

C'est râpé pour Verdun

Enfin une tentative de décervelage des esprits déjouée ! Quelle idée saugrenue de la part des organisateurs de la commémoration de la bataille de Verdun de donner un concert festif à l'issue des cérémonies officielles ! Pourquoi pas une course en sac tant que nous y sommes ? Vouloir achever cette journée sur une note musicale est en soit une bonne idée mais le choix « artistique » est des plus douteux ! Là où un orchestre symphonique était approprié pour jouer une œuvre du répertoire classique, les organisateurs n'ont rien trouvé de mieux que de payer, grassement en plus, un « rapeur » connu (pas de moi en tout cas jusqu'à la semaine dernière!) pour les « paroles » sexistes, homophobes et j'en passe de ses ritournelles. Tout cela paraît-il au motif que l' « artiste » est apprécié des « jeunes ». Ils méritaient vraiment mieux que cela, les pauvres !

samedi 21 mai 2016

Frustrés, gavés et casseurs

Il y a quelques années, devant le renoncement progressif de l'école à toute exigence et sa transformation inéluctable en garderie auquel s'ajoute la démission de certains parents, j'avais prédit à des collègues qu'une bonne partie de nos élèves se transformeraient en « frustrés gavés ». Gavés parce que quel que soit leur milieu social, presque tous les biens matériels leur auront été donnés ainsi que les diplômes bac compris (bientôt la licence!). Frustrés parce qu'une fois dans la « vraie vie », ils ne comprennent pas pourquoi personne ne les attend à bras ouverts et qu'on leur demande de faire la preuve de leurs capacités. Les « casseurs » dont on voit les méfaits dans les récentes manifestations relèvent assurément de cette catégorie. Issus de tous les milieux sociaux, certains ayant faits des études supérieures, leur nihilisme violent n'est que la traduction de cette frustration envers la société qui tarde de plus en plus à leur faire comprendre qu'elle ne peut pas se plier éternellement à leurs caprices d'enfants gâtés. Aucune frustration sociale ne saurait excuser l'agression de ces policiers dans leur voiture vue cette semaine à Paris ainsi que les jets de projectiles contre les CRS dont le rôle est de maintenir les débordements d'excités en tout genre. Quel contraste avec l'an dernier après l'attentat contre Charlie Hebdo où l'on a vu des policiers applaudis voir embrassés par des gens dans la rue ! Peut-on espérer au passage que la justice condamne ces délinquants à réparer par un travail (mais que savent-ils de ce mot?) les dégâts qu'ils ont causés plutôt que de les envoyer en cellule où ils ne feront que ruminer encore plus leur haine de la société ? Fort heureusement, le gouvernement s'est montré à la hauteur des circonstances en décorant les policiers pris à parti ces dernières semaines. Il ferait encore mieux en décernant une médaille d'indignité nationale aux auteurs de ces violences inexcusables.

mercredi 23 mars 2016

Le dégel

Après 6 années de gel du point d'indice de la fonction publique et quelques pourcent de plus de retenue pour la retraite tous les ans, voici que le gouvernement décide de « dégeler », provisoirement, ce point d'indice. On nous serine pourtant depuis de nombreuses années que « les caisses sont vides » mais voici qu'on vient brusquement d'y découvrir quelques centaines de millions d'euros à 12 mois et quelques de l'élection présidentielle ! La première leçon de cette annonce est qu'il sera difficile par la suite qu'un gouvernement prétende ne disposer d'aucune marge de manœuvre en matière d'augmentation salariale des agents de l'Etat. La deuxième leçon à tirer est celle de l'incompétence budgétaire. Pour financer cette largesse à l'égard de ces agents (1,2% d'augmentation en deux fois!), le gouvernement va « redéployer des moyens ». Mais si ces « moyens » peuvent être redéployés, c'est qu'ils ne sont pas indispensables. Dans ce cas pourquoi cela n'a pas été fait plus tôt ? Dernière leçon, celle de la piètre gestion des personnels : le gouvernement aurait été plus avisé de cibler cette augmentation vers les personnels en début de carrière au premier rang desquels les professeurs néo-titulaires. Une suppression des deux ou trois premiers échelons ferait plus pour attirer des candidats de valeur au concours que de coûteuses campagnes publicitaires pour la plupart ridicules !
Il n'y aura évidemment rien à attendre d'un changement de majorité sur ce point et c'est presque une évidence de prévoir un nouvel gel du point d'indice l'an prochain. La seule chose qui risque augmenter sera notre temps de travail en établissement car N. Sarkozy a déclaré récemment au journal le Monde qu'il voulait que les professeurs travaillent 25% de plus. Sans préciser si ces heures supplémentaires seraient rémunérées. La raison invoquée par l'ancien président ? Aider les élèves en difficulté. Il devrait se renseigner pour se rendre compte qu'il n'y en a plus dans les lycées français ! En effet, sa réforme de 2009 a porté ses fruits comme l'on sait et la réussite est assurée pour tous ! Avec plus de 80% de réussite au bac et 50% de mentions, difficile d'affirmer qu'il y a encore des élèves en difficulté ! Quelle raison alors y aurait-il a nous faire travailler davantage ? On apprend qu'il souhaite supprimer sur 5 ans 300 000 postes de fonctionnaires. Mais il ne compte pas diminuer les effectifs des armées et de la police. Il ne reste donc que ceux des 800 000 professeurs, le plus gros effectif de la fonction publique d'Etat. En diminuant leur nombre, il faudra bien faire travailler davantage ceux qui resteront. Si c'est là toute l'ambition pour l'Ecole du « chef » du principal parti d'opposition qui reviendra sans doute aux affaires l'an prochain c'est proprement confondant de misère intellectuelle. Nous étions tombés bien bas avec notre actuel ministre au sourire et au dogme inoxydables, on peut en craindre autant avec son successeur...

mercredi 9 mars 2016

Le péril jeune

Le président de la République et son gouvernement doivent penser que la jeunesse est bien ingrate à manifester contre son dernier projet sur la réforme du code du travail ! Ils ne se sont pourtant pas ménagés pour s'attirer les bonnes grâces des jeunes ces dernières années en installant la « bienveillance » à l'Ecole et en organisant une réforme du collège sensée rétablir une « égalité » entre les élèves qui d'après eux, ne serait actuellement plus assurée. Mais on ne sort de l'ambiguité qu'à ses dépend, comme disait le cardinal de Retz, et les « jeunes » se sont rendus compte que le projet de réforme du code du travail, qui les concernera forcément tôt ou tard, n'a rien de bienveillant à leur égard ! Beaucoup d'étudiants qui doivent déjà travailler pour financer leur études le savent déjà, ainsi que les jeunes (et moins jeunes) travailleurs sur des contrats précaires. Et ce n'est pas en précarisant les contrats à durée indéterminée, comme semble le prévoir le projet de loi en question, que le chômage diminuera. Cet argument est parfaitement spécieux et le texte relève d'une autre démarche (à défaut de logique!), la volonté de réduire davantage les quelques protections contre l'arbitraire que recèlent encore les contrats de travail. Il y a certainement des choses à améliorer dans ce domaine mais le faire au nom de la réduction du chômage est une escroquerie intellectuelle.
Il est à la fois amusant et un peu inquiétant de constater que l'actuel président et les deux précédents n'ont reculé sur leurs projets devant les manifestations d'aucune catégorie de salarié du public ou du privé mais l'on fait à chaque fois que des jeunes sont descendus dans la rue ou en ont manifesté l'intention. Comme on aurait aimé que les élèves manifestent contre la réforme du collège l'an dernier !

dimanche 7 février 2016

Le nénuphar tombé du phare

La réforme du collège ne suffisant pas à abaisser encore plus le peu qui est encore enseigné à l'école française, voici que le ministère, sans doute dans le but de faire diversion, annonce une réforme de l'orthographe ! En fait, on apprend qu'il s'agit d'appliquer celle élaborée par l'Académie française en 1990 et dont tout le monde avait oublié l'existence et plus encore oublié de l'appliquer. Mais voilà que le ministère de l'éducation donne maintenant consigne de l'appliquer dès la rentrée 2016 à commencer par les manuels scolaires qui devront mentionner la nouvelle orthographe de certains mots. De soit-disant (oups ! J'ai oublié d'enlever le trait d'union comme l'exige la réforme!) simplifications qui cachent de nouvelles règles et exceptions. Ainsi, l'accent circonflexe sur le i et le u est censé disparaître (re-oups!) sauf dans certains mots pour ne pas les confondre avec d'autres, comme mûr et sûr par exemple. Mais exception à l'exception, mûr finit par perdre son accent au pluriel : un fruit mûr mais des pommes mures ! On pourrait multiplier les exemples puisque ce ne sont pas moins de 2400 mots qui passent ainsi à la moulinette (encore deux t ?). Le summum est atteint quand même avec nénuphar dont on pourra remplacer les lettres p et h par f. Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Autant faire la substitution dans phare et pharmacie tant que nous y sommes. Après tout, l'officine de médicaments ne s'écrit-elle pas farmacia en espagnol ? Voilà qui marquerait un rapprochement dans l'orthographe des langues latines. Ajoutons aussi le pH en chimie avec lequel nous torturons les élèves à écrire petit p et grand H. Plus de problème avec la seule lettre f ! La notion en perd totalement sa signification mais que n'est on pas prêt à faire pour ne plus ennuyer nos élèves avec des règles rétrogrades et d'un autre temps !
Hélas, ce n'est pas sur ces quelques particularités que l'orthographe des élèves pêche (pèche, peche?) le plus mais bien sur les accords et autres conjugaisons. La confusion entre l'indicatif et le participe passé des verbes du premier groupe est à son comble dans les copies qui passent sous les yeux. J'avoue que de guerre lasse, je ne les corrige même plus. Je laisse le soin au marché du travail de trier le bon grain de l'ivraie parmi les futurs candidats à l'emploi que constituent nos élèves, si toutefois l'orthographe représente encore une qualité appréciée des recruteurs. Lorsque l'orthographe fantaisiste sera majoritaire dans les écrits, elle finira forcément par représenter la norme ! Les personnes de moins en moins nombreuses écrivant correctement ne formeront plus qu'un réduit d'irréductibles gaulois...

 

vendredi 1 janvier 2016

Trois heures de travail gratuit pour les agrégés en collège ?

Payez encore plus quelques uns en haut et faire trimer davantage les autres en bas pour le même salaire (voire moins!) est donc la nouvelle politique du ministère. Le site du SNALC révèle que l'inspection générale envisage d'aligner le service des agrégés affectés en collège sur celui des certifiés. Trois heures de travail gratuit sans aucune compensation évidemment ! Quel contraste saisissant avec les primes mirobolantes récemment accordées aux « hauts » cadres des rectorats évoquée dans l'article précédent. Au delà de la scélératesse de cette mesure qui signerait la fin immédiate des corps dans la fonction publique pour leur substituer une logique d'affectation, on note le formidable gâchis de compétence qu'il y a à maintenir près de 8000 agrégés en collège, souvent contre leur gré, soit autant que dans l'enseignement supérieur. Curieuse conception des « ressources humaines » et d'utilisation des talents à leur juste niveau de recrutement ! S'il y avait encore du sens à voir des agrégés en collège il y a encore 20 ans cela n'en a plus aucun  maintenant vu la misère des programmes scolaires qui ont éliminé toute ambition. La récente réforme ne va rien arranger sur ce plan avec ses EPI, véritable fumisterie éducative qui n'a été instituée que pour faire des économies sur le dos des élèves. Apparemment, les économies ne suffisent encore pas et on tente en haut lieu de faire travailler gratuitement les professeurs déjà très sollicités en collège ou ailleurs. Cette nouvelle année commence très fort pour nos conditions de travail!
On apprend ce matin que la « promotion » du premier janvier de la légion d'honneur récompense à titre posthume les dessinateurs et rédacteurs de Charlie Hebdo assassinés le 7 janvier dernier. J'imagine que là où ils sont, ils ont dû recevoir la nouvelle dans un grand éclat de rire ! S'ils disposent d'un support et de crayons, ils ne manquent sûrement de se gausser sans limites de cette attribution. Dommage que nous ne pouvons en voir le résultat !