Comme
tous les ans, et depuis fort longtemps, l'éducation nationale met
des bâtons dans les roues à des jeunes (et moins jeunes) agrégés
qui souhaitent préparer une thèse. Toute demande de disponibilité
se heurte à un refus catégorique même si le futur thésitif a
obtenu un contrat doctoral d'une université ou d'un organisme de
recherche. On comprend que notre chère administration se doit de
placer un professeur devant chaque classe mais
ce ne
sont pas quelques dizaines de collègues par an demandant une
disponibilité qui vont déstabiliser le système, même en période
de crise de recrutement. C'était déjà le cas il y a une quinzaine
d'années alors qu'il y avait pléthore de titulaires remplaçants
sans affectation dans beaucoup d'académies et dans toutes les
disciplines. Lorsque j'ai cherché un sujet de thèse à cette
époque, je n'avais pas de contrat doctoral et je n'ai donc pas eu
besoin de demander une disponibilité. Il m'a fallu assurer un
service complet d'enseignement en parallèle à mon travail de thèse.
J'avais pourtant des classes de lycée mais mes cours étaient bien
rodés et le public bien plus réceptif qu'il peut l'être
aujourd'hui. On ne sortait pas de classe en état d'épuisement pour
aller travailler sur son sujet de thèse ! Il m'a fallu 6
années et quelques pour en arriver à la soutenance finale mais en
tant que thésitif salarié, aucune durée ne pouvait être imposée
à l'époque. C'est peut-être toujours le cas... Depuis, dans la
discipline scientifique où j'ai travaillé, les écoles doctorales
n'admettent en thèse que des étudiants ayant un financement. Mais
comme il y a toujours eu davantage de sujets de thèse proposés que
de financement, les chercheurs dont le sujet n'a pas été pris par
un étudiant « financé » n'ont souvent pas d'objection à
le confier à un candidat agrégé en poste.
Dans le
cas d'un néo agrégé qui dispose d'un financement doctoral et que
l'administration ne laissera pas partir, j'ose conseiller la
démission de l'agrégation. Elle est de droit et prend effet
immédiatement. D'une part, il se débarrasse de tracasseries
administratives liées à une demande de congé (qui sera dans tous
les cas refusée) et d'autre part, en se présentant à un concours
de recrutement de maître de conférence après la thèse, il pourra
faire état de sa réussite à l'agrégation suivie de sa démission
immédiate, ce qui empêchera le jury de prétexter un poste
« parachute » pour écarter sa candidature comme j'en ai
fait l'expérience. En cas d'échec aux concours du supérieur et si
l'agrégé docteur démissionnaire souhaite vraiment rejoindre le
second degré, il ne devrait pas lui être difficile soit de repasser
l'agrégation, soit de candidater à l'un des nombreux postes de
vacataires en attendant mieux. Mais nul doute qu'il s'agit ici d'une
situation extrême ! Sauf attrait irrépressible pour
l'enseignement secondaire, le jeune docteur ferait mieux de monnayer
son expérience dans une autre administration ou dans le secteur
privé...