Un rapport récent du Sénat fait l'état des lieux sur les ESPE, écoles
supérieures du professorat et de l'éducation, un an après leur
création. Rappelons que ces établissements remplacent les IUFM
(instituts universitaires de formation des maîtres) qui auront
laissé un souvenir plus que mitigé aux générations de professeurs
stagiaires qui s'y sont succédé pendant plus de 20 ans... Si le nom
change, les objectifs restent les même, intégration universitaire
et délivrance d'un diplôme de master d'enseignement, ce que les
anciens IUFM n'avait pas vraiment réussi à imposer. La réforme sur
la refondation de l'école va même plus loin en envisageant une
rupture avec le modèle actuel de formation dit « séquentiel »
dans lequel la formation professionnelle succède à la formation
universitaire de préparation aux concours de recrutement, au profit
d'une professionnalisation en parallèle à la formation
universitaire. Sur ce point, le rapport révèle la réticence,
justifiée, des étudiants en première année de master à suivre
tout module d'enseignement qui ne prépare pas explicitement aux
concours.
On lit
dans le rapport que le ministère a insisté sur le fait que « la
professionnalisation (de la formation des professeurs) ne pouvait
être comprise que dans le cadre d'une refonte progressive du format
et du contenu des concours ». Cela augure mal de la suite des
événements ! Les ESPE pouvant s'accommoder dans un futur
proche d'une dénaturation puis d'une disparition des concours de
recrutement nationaux au profit d'une certification locale, ce que
confirme leur habilitation à délivrer un master d'enseignement. La
question du devenir des étudiants qui seront reçus au master mais
collés aux concours n'a toujours pas de réponse. Ceux qui peuvent
se permettre de rester une année supplémentaire pour s'y
représenter le feront mais les autres devront chercher du travail
avec une formation dont le contenu risque d'être peu demandé sur le
marché. Les recalés aux concours mais toujours désireux de
rejoindre l'éducation nationale, auront la joie de candidater à
l'un des postes précaires que la grande maison sait proposer si
généreusement !
En
attendant, le rapport pointe déjà les manquements des nouvelles
ESPE aux exigences du cahier des charges de leur création.
L'intégration universitaire n'y est pas encore effective et il n'y a
pas assez de « professionnels du terrain » dans leur
personnel. Le faible appel aux collègues en charge de classes dans
ces écoles en dit long sur la prééminence persistante des cours de
« sciences de l'éducation » dans les nouvelles ESPE
comme dans les anciens IUFM...
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