jeudi 31 décembre 2015

Le père Noël gouvernemental est une ordure

On se souvient que l'an dernier à la même époque nos chers recteurs avaient été gâtés par le père Noël gouvernemental avec une augmentation de 10 000 euros de leur prime annuelle pour récompenser leurs nombreux mérites et permettre à leur modeste rémunération de base de rattraper celle de certains de leurs subordonnés, aux dires de Mme le Ministre de l'Education. Il faut croire que ces derniers s'en sont montrés fort jaloux
car un arrêté du journal officiel en date du 29 décembre 2015 nous apprend avec bonheur que l'homme en rouge est venu à nouveau réparer cette affreuse injustice avec la création d'un régime indemnitaire, comprenez de nouvelles gratifications, pour les hauts fonctionnaires rectoraux. Ces dames et messieurs se voient donc attribuer une « indemnité de fonction, de sujétions et d'expertise » dont le plafond maximal s'échelonne de 38250 à 49980 euros (et pourquoi pas 50 000 tout rond? On dirait une vulgaire promotion de supermarché !). Il est également créé un complément indemnitaire annuel de 6750 à 8820 euros pour récompenser « l'engagement professionnel et la manière de servir ». On se souvient que le ministre avait déclaré qu'on ne faisait pas le métier de professeur pour de l'argent. Il faut croire que dans la « haute » fonction publique on travaille exclusivement pour des espèces sonnantes et trébuchantes. Si le gouvernement voulait s'assurer du soutien de ces gens, il a su parfaitement le faire en leur graissant la patte. Mais comme disait Talleyrand, un gouvernement qu'on soutient est un gouvernement qui tombe...
La seule augmentation à laquelle nous, GDBFO(*), auront droit, comme tous les ans depuis 2012 et jusqu'en 2020, c'est celle de l'augmentation de la retenue pour pension civile, comprenez la cotisation retraite, qui est relevée de 0,40%. Pour un fonctionnaire à l'indice 525 brut, cela représente une dizaine d'euros en moins sur sa fiche de paye.


(*) Grouillot de base fond d'organigramme

dimanche 13 décembre 2015

Le vote utile : contre la réforme du collège !

Voici le bulletin de vote que je vais glisser tout à l'heure dans l'urne :

 
Elections régionales
6-13 décembre 2015








N. Vallot Belkacem

démission !


Non à la réforme du collège

Professeur en colère !
Je suis
L'école républicaine 

samedi 31 octobre 2015

Retraite additionnelle de la fonction publique : peu de beurre dans les épinards !

Les récentes négociations entre partenaires sociaux pour prévenir le déficit à venir des caisses de retraites complémentaires du privé nous rappelle qu'il existe un régime additionnel de retraite dans la fonction publique. En cliquant sur ce lien, on peut créer son espace personnel à l'aide de son numéro de sécurité sociale et d'un mot de passe. Le site donne le nombre de points accumulés par le fonctionnaire depuis 2005, année de création de ce régime. Il est alimenté par tout ce qui relève des rémunérations annexes au salaire principal : primes de toutes sortes, heures supplémentaires... Avec le nombre de points indiqués, on peut calculer la prestation qui sera versée en capital, si ce nombre est inférieur à 5124, ou sous forme de rente mensuelle s'il est supérieur. Cette page donne une formule pour le calcul du capital (ou de la rente globale). Pour une personne ayant accumulé 4448 points (par comparaison, votre serviteur a « accumulé » royalement 4751 points sans faire du zèle sur les heures sup'!) et partant à la retraite à 62 ans, le capital versé est 4448x1x0,04465x24,62 = 4889,61 euros. Une vraie retraite chapeau ! Dans ce calcul, le coefficient 1 est un coefficient de majoration pour un départ à 62 ans, le coefficient 0,04465 est la valeur en euros du point. Quant au coefficient 24,62, celui qui fait évidemment le plus augmenter le capital, il est indiqué qu'il est « déterminé en fonction de l'âge, par rapport à la table d'espérance de vie », table qui n'apparaît d'ailleurs pas sur la page de mon navigateur. On se doute que ce dernier ne manquera pas d'être revu, à la baisse évidemment, dans les années qui viennent... En résumé, mieux ne vaut pas trop compter sur cette retraite additionnelle pour boucler ses fins de mois de futur retraité !

jeudi 22 octobre 2015

Réforme du collège : Indifférence fera plus que résistance

La présence de plusieurs milliers de collègues et parents d'élèves dans les rues de Paris samedi 10 octobre dernier n'aura donc eu aucun impact sur la réforme du collège, comme les manifestations et grèves précédentes. C'était hélas à prévoir mais l'honneur de la profession et surtout l'intérêt des élèves valaient le déplacement. La lutte n'est pas terminée. Elle entre en fait dans sa phase décisive car après avoir considéré comme quantité négligeable l'avis des professionnels de l'instruction que nous sommes, le ministère sollicite maintenant notre collaboration active ! Un comble, alors que nous sommes sensés n'être que des exécutants de ses instructions ! Ainsi, des « volontaires » sont réclamés dans chaque établissement par les rectorats pour venir prendre connaissance des grandes lignes de la réforme pour ensuite diffuser la bonne parole aux collègues. La lecture sur le net de quelques compte-rendus de réunions qui ont eu lieu témoigne de l'impréparation de cette réforme et de l'incapacité des intervenants à répondre aux questions concrètes d'organisation des collègues. La résolution des problèmes est renvoyée à l'échelon de l'établissement, ce qui mécontente aussi les personnels de direction qui vont devoir faire face à la gestion de cette pétaudière !
Dans un collège voisin, les collègues ont décidé qu'aucun d'entre eux ne se porterai volontaire et il semble qu'ils ne soient pas les seuls d'après ce que j'ai pu lire sur les forums. Tous prennent conscience que l'application de la réforme va demander de gros efforts. Plus spécialement, les fameux et fumeux EPI, enseignement pratiques interdisciplinaires, ne pourront avoir lieu que sur la base de projets proposés par deux collègues de disciplines différentes. Hormis quelques partisans de ce genre d'activités prêts à faire du zèle auprès de leur direction, les candidats ne se bousculent pas ! A une amie-collègue peu enthousiaste à l'idée de devoir participer à ces joyeusetés, je lui ai conseillé de ne faire aucune proposition d'association. Ce sera d'autant plus facile pour elle que dans sa discipline, une collègue soit déjà sur les rangs pour participer à la mise en place de ce cirque pédagogique. Au pire, on confiera à ma collègue des classes dont les EPI ne concerneront pas sa matière. Quant au risque de se faire mal voir par la direction, je réponds que le zèle n'est pas plus récompensé que le manque d'enthousiasme n'est sanctionné ! Se tenir loin de ces EPI constitue le meilleur plan pour ne pas s'épuiser à la tâche devant le travail que va demander la préparation simultanée des cours et autres activités des 4 niveaux du collège...

dimanche 20 septembre 2015

La dictée

Bel exercice de démagogie avant hier de la part du ministre de l'éducation et d'un ancien ministre de l'autre bord ayant occupé le poste et qui brigue aujourd'hui l'investiture pour la place suprême de la République. Ainsi donc, la dame préconise une dictée quotidienne au primaire ! Parce que ce n'était pas déjà le cas ? On se s'était pas rendu compte en haut-lieu que c'est par l'entraînement quotidien qu'on assimile savoir et savoir-faire ? Mieux vaut tard que jamais. Cependant cette injonction ne coûte rien et n'oblige à rien car elle ne figure pas paraît-il dans les programmes publiés vendredi dernier. Reste pour les professeurs des écoles à trouver du temps scolaire pour pratiquer régulièrement cet exercice indispensable, si c'est encore possible au milieu de la foultitude d'activités introduites ces deux dernières décennies. Quant à l'ancien ministre F. Fillon, il confie dans le même article du Monde qu'il avait déjà préconisé la dictée quotidienne au primaire et au collège en 2004 et il avait été fortement critiqué pour cela à l'époque. Il passe évidemment sous silence l'échec et l'inutilité de son « socle commun de connaissances et compétences » introduit pour remédier aux difficultés d'apprentissage. Le comble de l'hypocrisie est atteint lorsqu'il dit craindre que le gouvernement n'ai pas assez d'autorité pour y parvenir ! Le passage en force de la réforme du collège prouve le contraire. En revanche, on peut douter de l'autorité effective de F. Fillon s'il revenait aux affaires, lui qui n'a fait que suivre les projets ravageurs des idéologues en poste au ministère et dont on mesure les conséquences aujourd'hui. Le regretterait-il aujourd'hui ? J'en doute fortement.
Je n'ai pas lu le livre qu'il vient de faire paraître. Mais je suis sur que son contenu mériterait sûrement qu'on rajoute au titre « Faire » le sous-titre « la même chose » !

mercredi 16 septembre 2015

Numérique à l'école contre productif

Nous savons depuis longtemps pour l'avoir expérimenté dans nos classes que l'usage des outils numériques n'est qu'un complément aux pratiques pédagogiques « classiques » et ne constituent pas une fin en soi. Pourtant, notre personnel politique insiste encore à voir dans ces outils une panacée universelle aux difficultés d'apprentissage des élèves. D'où ces « plans numériques » coûteux qui se succèdent périodiquement quelle que soit la majorité politique du moment. A défaut d'entendre les professionnels de base que nous sommes, nos élus devraient lire cette étude de l'OCDE qui montre que les pays qui font un usage massif des TIC (technologies de l'information et de la communication) n'améliorent pas notablement les résultats de leurs élèves ! Qu'ils rétablissent plutôt les heures de cours (et pas uniquement derrière un écran d'ordinateur) supprimées ces deux dernières décennies et ils verront les résultats vraiment progresser. Cela coûtera sûrement moins cher que d'acheter, d'entretenir, de former à l'usage puis de remiser au placard les coûteux joujoux de l'industrie numérique, rapidement frappés d'obsolescence qui plus est.

mardi 15 septembre 2015

Humour mortel

Après les événements tragiques de janvier, voici que le dessin de presse et leurs auteurs sont à nouveau l'objet de haine avec les menaces de mort proférées contre le dessinateur Chaunu. Tout cela pour un dessin montrant un enfant allongé face contre terre muni d'un cartable avec la mention en haut « C'est la rentrée ! ». Ces gens n'ont décidément aucune distance émotionnelle avec l'actualité et encore moins le sens de la dérision sinon de l'humour (mais c'est trop demander!). S'ils voyaient la dernière page du numéro 1207 de Charlie Hebdo du 9 septembre, ils s'en étoufferaient de rage ! C'est d'ailleurs curieux que personne sur le net ne se soit indigné de ce dessin. On laisse enfin Charlie Hebdo caricaturer en paix et c'est tant mieux !

samedi 12 septembre 2015

Profession au banc d'essai : professeur

Plutôt que de parler dans le vide et inexactement d'une profession qui n'est pas la sienne, le mieux ne serait-il pas de l'exercer temporairement pour en comprendre les difficultés ? C'est la démarche effectuée récemment par deux journalistes qui relatent leur expérience de professeur temporaire devant de « vrais » élèves. Louise Tourret, bien connue sur France culture pour son émission Rue des écoles, s'est portée volontaire pour enseigner le français dans un collège pour quelques mois. La première partie de son témoignage sur ce lien fait part de sa sidération devant la rapidité de son recrutement. Un simple entretien devant un inspecteur devant lequel elle expose sa motivation pour le métier suffit à lui confier un poste en établissement. Professeur est sans doute le seul métier à bac+5 que l'on peut exercer après un seul entretien d'embauche. Pour une fois que le secteur public peut donner l'exemple au privé, c'est à signaler ! Si les entreprises privées faisaient de même pour le recrutement de leurs cadres, elles économiseraient substantiellement sur leurs procédures d'embauche. Il n'est évidemment pas question de formation pour affronter les classes et c'est dommage car la journaliste se serait rendu vite compte que l'ESPE ne lui aurait été d'aucune utilité sur ce plan ! Je ne pense pas que les professeurs stagiaires recrutés par concours soient dans une meilleure situation pour affronter leurs premiers cours que les vacataires envoyés en classe sans formation. La seule aide que reçoit Louise Tourret est celle du professeur titulaire qu'elle remplace et qui lui donne des indications précises sur les classes et l'état de traitement du programme. Pour la préparation des cours, la journaliste mesure à quel point le temps de leur élaboration est prenant et que ce métier ne se réduit pas à 15 heures ou 18 heures de présence devant élèves comme on le présente souvent dans les média. La deuxième partie du récit, sur l'exercice même du métier, montre bien le niveau réel des élèves de collège avec, entre autre, leurs lacunes en orthographe. Rien n'est dit sur la méthode pédagogique employée mais vues les activités proposées, il semble qu'elle n'ai pas expérimenté les méthodes constructivistes vantées par nombre des invités de son émission radiophonique ! C'est fort dommage, nous aurions pu voir le résultat de ces méthodes à l'oeuvre.
L'autreexpérience d'enseignement relatée par la journaliste Alexandra Alévêque pour le site du Nouvel Observateur est de plus courte durée, 21 jours seulement, dans une école primaire et pas en totale responsabilité. La journaliste était présente dans la classe en même temps que l'institutrice titulaire. Là aussi, le récit montre l'hétérogénéité des capacités des élèves, les difficultés de gestion de la classe et la nécessité de se montrer ferme et directif. En légère contradiction avec le concept à la mode ces temps-ci d' « école bienveillante ». La journaliste insiste également sur la nécessité d'une formation initiale mais elle n'a pas eu l'occasion de tester celle de l'ESPE et c'est encore dommage. Voilà une suggestion pour un prochain reportage d'investigation !

mardi 1 septembre 2015

43 ans de service...

De toute l'avalanche de chiffres déversée ces derniers jours dans les média, voici le seul nombre que j'ai retenu lors de cette rentrée 2015 : notre chef d'établissement en est à sa 43ème et dernière année de service dans notre chère administration !
Cette durée m'a laissé songeur presque toute la journée d'hier car il paraît difficile aujourd'hui, même pour ma génération, de parvenir à une telle longévité professionnelle ! Il me faudrait enseigner jusqu'à 70 ans révolus pour que je parvienne à égaler cette performance. Est-il besoin de préciser que je n'y parviendrai pas, en raison de l'existence d'un âge limite dans la fonction publique (67 ans à l'heure actuelle) mais surtout pour préserver ce qu'il me reste de santé physique et mentale ? Si je ne me trompe par sur l'âge du capitaine, il a du entrer dans la Maison à 20 ans et quelques... Bravo ! Pour ma part à cet âge, j'étais encore loin de pouvoir me présenter à l'agrégation et je n'ai effectué entre-temps aucun travail salarié susceptible de cotisation retraite. La perspective d'une longue carrière professionnelle pour bénéficier d'une retraite pas trop ridicule n'incitera pas des étudiants à s'engager dans ce métier aux émoluments très modestes en comparaison due que qu'ils peuvent espérer dans le secteur privé.
Une confirmation, s'il en était encore besoin, du fait que rien n'a changé dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), successeurs des défunts IUFM. Une stagiaire de ces structures sensées remédier aux tares des anciens UFM racontait ce matin sur France culture combien les cours qui y étaient dispensés ne lui était d'aucune utilité dans le métier. Est-il encore raisonnable de dépenser autant d'argent public pour des résultats aussi minables ?


jeudi 23 juillet 2015

Vu de l'autre côté du Léman, le niveau français baisse !

J'ai trouvé cet ancien article du journal suisse Le temps paru il y a presque 2 ans et qui confirme une information entendue à la même époque sur France culture : les université helvétiques restreignent leur accès à certains bacheliers français (les titulaires du bac L essentiellement) pour niveau insuffisant. Voilà qui devrait clouer le bec des partisans du « niveau qui monte » et qui pose un premier bilan négatif de la dernière piteuse réforme du lycée... Pour une fois que ce ne sont pas des français qui le disent !

mercredi 15 juillet 2015

Plus de place en fac, même avec le bac !

Cette année encore, et ce n'est pas fini, nombre de bacheliers n'obtiendront pas la place qu'ils convoitaient dans l'université de leur choix. L'enquête du syndicat étudiant NMEF révèle que le phénomène s'aggrave avec la hausse du nombre de candidats conjugué à la réduction des capacités d'accueil pour cause de disette budgétaire. J'imagine que les néo bacheliers éconduits doivent se sentir passablement floués après avoir conquis la peau d'âne de haute lutte comme l'on sait... Beaucoup de filières sont contraintes de pratiquer une sélection, illégale aux yeux de la loi. Notons que le ministère reste plutôt silencieux sur ces pratiques, préférant renvoyer discrètement à l'échelon local la gestion de la pénurie qu'il a créée. Les bacheliers dont la demande ne sera pas satisfaite risquent de se retrouver dans une filière qu'ils n'auront pas choisi avec le fort risque de ne pas y réussir.
Voilà qui ajoute une raison supplémentaire, s'il en était encore besoin, à la suppression du bac. Les économies réalisées sur l'examen et la fin des redoublements permettraient d'augmenter le nombre de places dans les universités. Tant que nous y sommes, la suppression de gadgets pédagogiques inutiles au lycée, comme les enseignements d'exploration en seconde, dont on connaît le rendement parfaitement nul, dégagerait des fonds supplémentaires, qui pourraient être utilisés pour la remise à niveau et l'accompagnement des futurs étudiants dont on sait qu'ils seront nombreux à peiner en première année.
Certains cependant voient des économies à faire ailleurs, comme le président de la conférence des présidents d'université dans cet article duMonde : « le problème, c'est que la France paie trop cher pour les grandes écoles et les classes préparatoires ». Encore cette vielle antienne spécieuse qui ressort régulièrement ! Déshabillons beaucoup Pierre pour habiller un tout petit peu Paul ! C'est ce qu'avait tenté V. Peillon lors de son passage au ministère en projetant de rogner substantiellement la rémunération des professeurs de classes préparatoires pour donner un pourboire aux collègues des ex ZEP. Il est hypocrite de croire (ou faire croire) qu'on remontera l'université en détruisant les classes préparatoires. Cela n'aboutira qu'à un nivellement par le bas, comme on va hélas le constater après la réforme du collège avec la suppression des dernières classes d'excellence.

dimanche 21 juin 2015

Revalorisation avant élections?

74 euros. C'est la somme (brute) que propose le gouvernement pour « revaloriser » les traitements mensuels des fonctionnaires de catégorie A en début de carrière. La mesure serait effective dès 2017 d'après le document publié par le ministère de la fonction publique. N'y aurait-il pas des élections en approche à cette date ? C'est toujours mieux que rien mais cela reste très insuffisant pour susciter des vocations pour le métier de la part des étudiants ! Il fallait plutôt proposer les 134 euros attribués en fin de carrière dans le même document. Ce serait un minimum pour revaloriser une début de carrière. Rappelons qu'un certifié débutant commence à 1,2 smic environ, en baisse continue depuis le gel du point d'indice de la fonction publique depuis 5 ans. Et si cela pose un problème budgétaire pour le reste de la grille de rémunération, pourquoi ne pas faire disparaître les 3 premiers échelons ? L'effort doit porter en priorité sur le début de carrière là où les premières années de la vie professionnelle est la plus coûteuse, en matière de logement par exemple. A titre personnel, je n'ai que faire de 134 euros en plus mensuellement et je suis prêt à les échanger avec plaisir pour une diminution du nombre d'élèves par classe, notamment en seconde. Passer de 35 élèves à 30, cela changerai notablement nos conditions de travail devant ces classes de plus en plus hétérogènes. Je suis sûr que cela ne coûterait pas plus cher à l'Etat que ce petit supplément de salaire...

samedi 20 juin 2015

Ne passes plus ton bac d'abord !

Cette année en ce mois de juin, je m'étais promis que ce site ne parlerait pas du baccalauréat pour ne pas en surajouter comme le font les média à cette époque de l'année. Cependant, les propositions récentes de François Fillon sur son blog à ce sujet me font revenir sur ma résolution. Elles méritent d'être examinées car son auteur occupera probablement un rôle de premier plan en cas de changement de majorité en 2017. Que propose en substance l'ancien premier ministre pour réformer le bac ? Il souhaite réduire le nombre d'épreuves à quatre. Epreuves qui se dérouleraient début juillet pour une fin de session le 14 du même mois. Les autres disciplines seraient évaluées en contrôle continu. En dehors de l'économie d'une réduction du nombre d'épreuves et la « reconquête » du mois de juin (pour faire quoi d'ailleurs si les programmes sont traités?), il n'y a rien qui puisse relever le niveau de l'examen et lui redonner le grade universitaire qu'il a perdu depuis longtemps. Quant à l'extension du contrôle continu, il pose de façon accrue le problème des pressions exercées par les chefs d'établissement pour que les notes attribuées soient les plus élevées possible et « faire du chiffre ». Cela se voit déjà par exemple pour les travaux personnels encadrés en première dans nombre de lycées où nos proviseurs nous enjoignent à ne pas noter en dessous de la moyenne académique. Des consignes de « bienveillance » ont toujours accompagné les corrections du bac, mais ces « pressions » ne s'exercent qu'une fois par an. Là, c'est tout au long de l'année qu'il faudra vivre dans la suspicion de noter trop bas. Et que dire de la surenchère entre collègues du « mieux notant » !
J'avais proposé l'an dernier une mesure choc mais qui ne ferait pas descendre dans la rue des milliers de lycéens et leurs parents, les seuls à faire reculer n'importe quel gouvernement voulant réformer l'examen : dissocier baccalauréat et accès à l'enseignement supérieur. Cette mesure ne ferait que confirmer ce qui existe déjà dans les faits. Le bac n'est plus que sur le papier le premier grade universitaire et l'accès à l'enseignement supérieur se prépare désormais avec le site admission-postbac.com, bien avant l'examen. Le bac deviendrait alors un certificat de fin d'études secondaires mesurant la capacité à suivre dans le supérieur. On ne délivrerai pas de titre mais un relevé de notes dans toutes les matières de la série pour éviter la surenchère au nombre de diplômés. Des partiels pourraient avoir lieu dès la fin du premier semestre, comme à l'Université, juste avant la saisie des voeux sur admission-postbac. Cela permettrait aux élèves d'avoir un avis sur l'adéquation entre leurs résultats et l'orientation souhaitée. Pas besoin d'organisation lourde et coûteuse comme celle du bac pour ces partiels, des sujets nationaux parvenant dans chaque lycée par messagerie électronique aux proviseurs permettrait une équité de traitement entre tous les candidats. Une deuxième session en juin offrirait une opportunité d'amélioration des résultats. Tous cela ne conditionnant pas l'entrée à l'université. Cette organisation permettrai enfin d'assurer une vraie préparation à l'enseignement supérieur et d'en finir avec la baisse continue des exigences sans léser personne.

mercredi 17 juin 2015

Un dimanche d'AG

Dimanche dernier, j'ai assisté à l'assemblée générale de la Société des agrégés. Adhérent depuis une bonne vingtaine d'années, je n'ai cependant assisté qu'aux quatre dernières éditions, à l'exception de celle de 2014. Il y avait beaucoup moins de monde que lors des précédentes assemblées. Il est vrai que depuis 5 ans, le nombre de sociétaires a chuté quasiment de moitié. La querelle entre les « anciens » et les « modernes », c'est à dire entre la nouvelle direction et la précédente aurait-elle également échaudé les habitués ?
Cette année encore, il y a eu quelques passes d'armes mais elles n'ont pas monopolisé les débats contrairement à l'assemblée de 2013 lors de l'élection du comité. Il y a 2 ans, les participants avaient été interloqués par les échanges très vifs et les invectives entre les deux parties et l'absence d'explications claires sur les différents qui les opposent. L'évocation de procédures judiciaires n'a fait que renforcer un sentiment de malaise chez nombre de spectateurs dans la salle. Les deux parties ont pourtant le même objectif : défendre l'agrégation et les agrégés dans un système scolaire en pleine déliquescence. Les moyens pour y parvenir semblent différer fortement, entre l'ancienne direction, partisane de méthodes plus traditionnelles, et la nouvelle, plus en phase avec de nouvelles pratiques de communication et de gestion. Voilà qui a fait renoncer bon nombre de collègues à maintenir leur adhésion. Je n'ai pas été non plus surpris d'apprendre que beaucoup de néo retraités ne renouvellent pas leur cotisation parce qu'ils ne s'intéressent plus au questions d'éducation. Cela en dit long sur la lassitude d'un nombre croissant de collègues en fin de carrière. Certains de ces néo retraités, en découvrant la modestie de leur pension, renoncent aussi au renouvellement de cotisation... Le constat est cependant général pour un grand nombre d'associations professionnelles et syndicales : une baisse constante du nombre d'adhérents. Dans l'enseignement comme ailleurs, beaucoup se persuadent qu'ils peuvent agir seuls pour défendre au mieux leurs intérêts. C'est fort dommage ! Une mobilisation un peu plus forte ces derniers temps aurait pu faire ré-examiner la lamentable réforme du collège. Une dernière information glanée en fin de séance sur notre ministre confirme ce que nous avons déjà constaté avec la réforme du collège : son mépris pour ceux qui représentent l'excellence. Contrairement à tous ses prédécesseurs, elles n'a jamais voulu recevoir de délégation de la société des agrégés. Chaque demande d'audience auprès d'elle n'a abouti qu'à une entrevue avec ses conseillers. Madame le ministre de l'éducation n'a donc rien à dire personnellement aux représentants des professeurs les plus qualifiés de France. Voilà qui en plus d'être fâcheux se révèle méprisant...

mercredi 10 juin 2015

Tablettes corréziennes au placard

Une amie-collègue en poste en Corrèze m'informe que les tablettes de la marque à la pomme croquée achetée à grand frais pour tous les collégiens du département par son ancien président, un certain François Hollande, sont désormais au placard dans la plupart des établissements. Comment pouvait-il en être autrement, une fois que les collègues se sont rendus compte de l'utilité pédagogique fort limitée de l'engin en classe ? Si les responsables de deniers public avaient deux sous de bon sens, si j'ose dire, ils devraient revendre les tablettes sur le marché de l'occasion, où elles ont encore une certaine valeur, avant qu'elles disparaissent des placards mystérieusement les unes après les autres. Voilà qui renflouerait un peu les caisses du département qui en ont sûrement besoin pour de meilleurs usages...

dimanche 7 juin 2015

Détournons la réforme du collège !

La réforme du collège est donc passée et à la hussarde. Cette bousculade sans ménagement montre à quel point le gouvernement n'a que faire de l'avis des seuls professionnels de l'instruction, à savoir les professeurs. Quel mépris affiché ainsi devant l'opinion publique pour un corps de fonctionnaires d'Etat, alimentant la déconsidération sociale à leur encontre. Je crains que la contestation s'arrête là pour le collège, même si un syndicat appelle au boycott des épreuves écrites du brevet des collèges les 25 et 26 juin prochain et leurs corrections les jours suivants. Ce serait un moyen de pression formidable pour le retrait de la réforme et il suffirait que dans chaque collège quelques collègues surveillants les épreuves fassent grève pour gripper la machine. Mais il y a mieux pour faire pièce à cette réforme sans risquer de passer pour des saboteurs d'examen aux yeux de l'opinion. Par exemple en détournant les gadgets pédagogiques de la réforme. Faire du disciplinaire là où elle exige l'interdisciplinaire. Les chefs d'établissement sont pragmatiques : la guerre des disciplines n'est pas dans leur intérêt. Ils devront répartir équitablement les heures « interdisciplinaires » entre les professeurs de plusieurs disciplines s'ils veulent la paix pédagogique ! Bien sûr, il y aura toujours le ou les collègues empressés de développer des « projets » sur ces heures pour jouer le jeu de la réforme et être bien vus par la hiérarchie mais ils ne sont heureusement pas majoritaires et il reste possible de faire des activités dirigées de sa propre discipline pendant ces heures en lieu et place du travail très peu productif induit par une pédagogie de projets. C'est la démarche qu'adoptent de plus en plus de collègues, dont votre serviteur, pour les enseignements d'exploration en seconde, forts proches des futurs EPI du collège. L'intervention par roulement de trois professeurs permet de faire des activités dirigées et productives dans chaque discipline. Les intitulés des EPI sont suffisamment larges et vagues pour trouver des activités qui soient en lien avec le programme obligatoire de chaque discipline. Cette stratégie permet de récupérer utilement une partie des 20% d'heures confisquées par la réforme. C'est toujours mieux que de devoir surveiller les élèves à faire du copier-coller sur le net.


mardi 19 mai 2015

Grève au programme

Un joli slogan nous dit que dans grève il y a rêve. Rêve d'une autre réforme du collège avec restauration des heures de cours perdues depuis 30 ans et fin des gadgets pédagogiques du style EPI qui reviennent périodiquement sous d'autres noms pour masquer leur échec. Il est rageant de voir que ceux qui devront mettre en oeuvre cette réforme, les professeurs, soient aussi peu entendus ou de façon marginale et qu'il ne reste plus que la grève (d'une journée bien trop courte) pour manifester son mécontentement et la volonté d'une autre réforme. J'enseigne en lycée mais je me joins volontiers au mouvement aujourd'hui car les élèves qui vont passer par ce collège allégé arriveront dans dans nos classes dans quelques années et que l'organisation du lycée et ses programmes subiront le même sort funeste pour saluer leur arrivée. Ou du moins ce qu'il en reste, tant la dernière réforme a amené le lycée à un point tel qu'on a du mal à imaginer qu'il puisse encore descendre. Mais nos réformateurs ont une imagination sans limite dans ce domaine...

dimanche 17 mai 2015

Réforme du collège : bouchées quadruples

On en découvre tous les jours à propos de cette réforme du collège ! En regardant une série de vidéo syndicale consacrée à la présentation de la réforme, on apprend avec stupeur que sa mise en place se fera simultanément sur les 4 niveaux du collège la même année ! Une chose jamais vue dans l'éducation nationale. Les collègues de collège vont donc passer un été 2016 très studieux à rédiger leurs cours. Auront-il l'aide des manuels scolaire ? Rien n'est moins sûr. Si les programmes (ou ce qu'il en reste!) sont connus à la rentrée 2015, il leur faut une année pour rédiger un manuel par matière. Or ici, il en en faut pour tous les niveaux du collège. Le contribuable devra également mettre son obole pour remplacer la totalité des manuels. Tout cela devient vraiment déraisonnable !

samedi 16 mai 2015

Corps unique pour collège diversifié ?

Bruno Lemaire confirme à nouveau dans cet article de Libération en ligne toute l'ambiguïté de ses propositions pour réformer le collège. La structure qu'il souhaite relève plus du collège allégé que d'offrir un parcours diversifié aux élèves. Il veut en effet supprimer l'apprentissage obligatoire d'une deuxième langue vivante en relevant que beaucoup trop d'élèves de troisième sont incapables d'aligner une phrase correcte en français. Soit, mais alors, il faudrait dans ce cas augmenter significativement les horaires de français, ce qu'il ne propose pas, ou alors sous la forme, très efficace comme l'on sait, de l'accompagnement personnalisé. Le renforcement de l'autonomie des établissements revient également à la charge. Elle ne consiste à l'heure actuelle qu'à gérer la pénurie des dotations en heures d'enseignement. Mais B. Lemaire ne s'étend pas trop sur ce sujet préférant parler de « donner plus de responsabilité aux enseignants » ! On ne voit pas trop en quoi peut consister cet accroissement de responsabilité. Si on nous accordait juste la possibilité de mettre dehors définitivement les élèves perturbateurs, au lieu de s'entendre dire qu'on ne sait pas gérer nos classes, ce serait un grand pas dans la réaffirmation de notre autorité ! Dans la vision de M. Lemaire, ce collège diversifié doit être pourvu d'un corps unique de professeurs, le même qui enseigne également au primaire. Et avec un service de 20h à la clé. En dehors de ravir le SGEN-CFDT dont il s'agit d'une mesure phare de longue date, cette perspective nous menace d'épuisement physique et moral, si ce n'est déjà fait d'ailleurs ! Mais il y a de belles économies en perspective pour les finances publiques avec ce temps de service obligatoire.
Il faut aussi revoir la formation pédagogique d'après M. Lemaire et chose stupéfiante, il se déclare incompétent pour enseigner en collège parce qu'il est agrégé et spécialiste de Marcel Proust ! Mais c'est bien parce que le collège a été transformé en garderie ces 30 dernières années qu'il est impossible aujourd'hui d'y faire acquérir des savoirs comme y forme très justement l'agrégation ! Une n-ième réforme de la formation des professeurs ne changera rien aux difficultés du collège. On lit aussi avec étonnement que le savoir serait inversement proportionnel aux compétences pédagogiques. Je reste pour ma part persuadé du contraire ! Plus on en sait sur une discipline (et sur d'autres aussi!) plus on est capable de l'enseigner à tout public. Le reste se résume à une question de gestion de classe, ceci constituant le point crucial de la crise de l'école avec l'hétérogénéité croissante des classes. Même si les deniers publics ne sont pas bien employés en mettant des agrégés devant des collégiens, il faut noter que l'agrégation reste le seul concours qui permette d'enseigner de la classe de sixième jusqu'au premier cycle de l'enseignement supérieur voir au delà ! Le corps multi-cycles d'enseignement qui pourrait devenir unique existe déjà et c'est celui des agrégés.

vendredi 15 mai 2015

Réforme du collège à visage découvert

Cette semaine, on a pu mettre enfin un visage sur le projet de réforme du collège : celui de Florence Robine, à la tête de la direction générale de l'enseignement scolaire. C'est bien cette dame qui est la cheville ouvrière de cette réforme lamentable et non le ministre, dont il apparaît qu'elle n'est plus qu'un porte parole de moins en moins crédible. Peut-être devient elle de moins en moins persuadée de la justesse de ce projet ? Mme Robine est apparue deux fois cette semaine dans les émissions C dans l'air sur France 5 et 28 minutes sur Arte. Elle a déployé tous les arguments d'un vieux tract communiste des années 1970, comme dirait notre président, pour prétendre que cette réforme allait remédier aux maux du collège actuel. Avec le ton autoritaire qui va avec. Mais la dame a paru sur la défensive, les détracteurs présents sur les plateaux ont réussi à montrer les contradictions entre les objectifs affichés et le contenu du projet. Mercredi dernier, dans l'émission Rue des école sur France culture, un débat opposait Bruno Lemaire, à la tête de la contestation parlementaire de la réforme, et Thierry Pech, président de la fondation Terra nova, partisan de la réforme. Bruno Lemaire a bien relevé toutes les absurdités du projet et s'est prononcé pour la fin du collège unique mais il s'est peu étendu sur la responsabilité de l'UMP dans les difficultés où se trouve l'école aujourd'hui. Les très contestables enseignements pratiques interdisciplinaires introduits pour le futur collège ne sont que le pendant des TPE que l'UMP au pouvoir de 2002 à 2012 n'a pas supprimé dans la dernière réforme du lycée. On a d'ailleurs peu ou pas entendu les anciens ministres UMP de l'éducation sur ce sujet, messieurs Fillon, De Robien, Darcos et surtout Chatel, responsable du gâchis actuel de l'argent du contribuable dans l'accompagnement personnalisé et les enseignements d'exploration du lycée ! Quant à N. Sarkozy, il observe un silence bien curieux sur le sujet, se contentant d'attaquer bassement la personne même du ministre. Serait-il d'accord sur le fond avec le projet du gouvernement ? Sur une question aussi cruciale que l'école, ce silence est fâcheux pour un candidat à la prochaine élection présidentielle ! On a quand même une idée sur ce qui nous attend si l'UMP revient au pouvoir en 2017 de la bouche de Bruno Lemaire : faire travailler davantage les professeurs. Il faisait remarquer dans l'émission Rue des écoles que agrégés et certifiés devaient respectivement 15h et 18h de cours. Il envisage de porter ce service à 20h pour tous, avec une rémunération supplémentaire. Je doute que les nombreux collègues déjà à la peine avec un service sans heures supplémentaires soient ravis de se voir imposer cette charge en plus, même pour une rémunération plus élevée. Quant aux collègues contraints de faire des heures en plus pour boucler leurs fins de mois, ils ne les font qu'en sachant qu'ils peuvent y renoncer chaque année.
M. Lemaire fait preuve de peu d'originalité pour redresser les conditions d'enseignement. Se rappelle-t-il que Ségolène Royal, entre autre, avait déjà proposé ce genre de mesure il y a quelques années ? En matière de politique éducative, les différences entre l'UMP et le parti socialiste apparaissent bien maigres et leur opposition ne relève hélas que la posture.

mardi 28 avril 2015

Volapük pédagogiste

Dès l'annonce du projet de réforme du collège, il semblait d'après mes lectures que les articles à ce sujet se partageaient à peu près équitablement entre partisans et adversaires. Du moins sur le net, car les reportages des journaux télévisés, surtout ceux de France 2, présentaient la réforme sous un jour des plus favorables. J'ai l'impression que ces derniers jours, ce rapport de force s'inverse, en faveur du rejet, comme en témoigne cet excellent article du site Slate.fr. Des personnalités politiques ou intellectuelles (en excluant chez ces dernières les spécialistes des « sciences de l'éducation », inspirateurs de toujours du contenu de ces réformes) prennent de plus en plus position contre ce projet. Dernier à ce jour de cette liste qui s'allonge de plus en plus, Régis Debray, invité de la matinale de France culture, qui a dit tout le mal qu'il pensait de cette réforme, notamment sur le renvoi des langues et civilisations anciennes au rang d'insipide « enseignement pratique interdisciplinaire » ou le caractère optionnel de l'étude des Lumières dans le projet des programmes d'histoire. Régis Debray n'a pas manqué d'humour en rappelant quelques expressions savoureuses du jargon pédagogiste : un crayon se dit « outil scriptural », les parents d'élèves sont les « géniteurs d'apprenants » et nager en piscine devient se déplacer dans un « milieu aqueux standardisé ». Encore plus ridicule que le célèbre « référentiel bondissant » (comprenez : un ballon) qui fit flores ces dernières années comme exemple type du volapük pédagogiste. Voilà au moins quelque chose qui ne se réforme pas dans l'éducation nationale ! Rien de nouveau sous le Soleil, hélas. A propos, les utilisateurs de ce langage savent-ils qu'ils peuvent remplacer le mot Soleil par « plasma auto-gravitant » ?

lundi 20 avril 2015

Vieux tracts pédagogistes des années 1970

Je n'ai pas écouté l'émission télévisée d'hier dont le président de la République était l'invité mais les média en ont donné heureusement un résumé exhaustif. On ne peut que se réjouir de l'aide financière apportée aux apprentis mineurs et aux exonérations de charges associées pour les entreprises. L'apprentissage doit se développer davantage en France et ce n'est pas par hasard que l'Allemagne, qui compte près de 50% d'apprentis parmi les jeunes (25% de plus qu'en France), affiche un taux de chômage des jeunes le plus faible d'Europe. L'actuel gouvernement avait pourtant envoyé il y a 2 ans un signal funeste pour l'apprentissage. On se souvient que l'ancien ministre Peillon avait annulé la possibilité d'apprentissage dès 14 ans votée par la précédente majorité. La mesure était justifiée par le peu de volume de recrutement dès cet âge : les chefs d'entreprise trouvaient que les jeunes candidats n'avaient pas assez de connaissances et de compétences. Un aveu flagrant d'échec du collège unique alors qu'il y a 40 ans, le niveau était apparemment suffisant pour devenir apprenti dès 14 ans. Cela ne va pas s'améliorer avec la réforme du collège engagée par le ministère ! Le président, apparemment grand connaisseur de tracts politiques des années 1970, a-t-il remarqué que l'idéologie qui préside à la réforme du collège engagée par son ministre de l'éducation est issue de théories constructivistes des mêmes années ? De vieilles idées, vraiment datées, qui ont fait la preuve de leur inefficacité depuis longtemps ! 
Nouvelle réjouissante ce soir, l'ancien premier ministre J.M. Ayrault, ancien professeur d'allemand, vient de rejoindre les adversaires de la réforme du collège. La suppression des classes bi-linguistes signerait la fin de l'apprentissage de la langue de Schiller au collège. Ces classes rassemblent en effet une large majorité des germanistes. Tout cela au nom d'un égalitarisme forcené qui prétend que ces classes sont « élitistes ». Encore des vieilleries des années 1970...

mercredi 8 avril 2015

Collège 2016 : Vieux gadgets pédagogiques sur fond de réduction horaire

Déjà 20 jours de grève quasi totale sur toutes les fréquences de Radio France. Le silence (véritablement radio!) commence à devenir pesant dès le lever et jusque dans la voiture. A moins de se connecter sur des stations commerciales où l'on s'agace vite à devoir supporter le ton plus que débile de la majorité de publicités. Deux semaines d'arrêt complet des émissions et on se prend à rêver d'un mouvement d'une telle durée dans l'éducation nationale. Assurément la ministre en perdrait son sourire médiatique inoxydable. Mais ne rêvons pas ! La profession est trop résignée devant ces « réformes » continuelles qui dégradent jour après jour nos conditions matérielles et morales de travail. Le projet de réorganisation (ou plutôt de désorganisation) du collège pour la rentrée 2016 mériterait pourtant à lui seul une bronca des professeurs, mais aussi des parents d'élèves. La majorité des syndicats encore lucides ont claqué récemment la porte des « négociations », sauf les indécrottables UNSA et SGEN-CFDT, officines des djihadistes du constructivisme pédagogique et partisans de la transformation des professeurs en animateurs socio-culturels. Pourtant, ces syndicats prompts à dénoncer l'organisation actuelle du collège comme étant un « mini-lycée élitiste », devraient remarquer que ce projet tend à copier encore plus l'actuel lycée général. Les « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) à tous les niveaux du collège (sauf la sixième) introduits par ce projet ne cachent pas leur parenté avec les travaux personnels encadrés (TPE) du lycée. Pas vraiment une innovation pédagogique ! Ces activités ont fait la preuve depuis longtemps de leur rendement fort médiocre, voire nul, au lycée. Paradoxalement, le document de présentation de ces « activités » précise qu'elles bénéficieront d'un volume horaire dédié alors qu'on ne le retrouve pas dans les grilles horaires par discipline de chaque niveau du collège. Voilà qui donne l'impression d'un travail pour le moins bâclé ! Quant aux thèmes de travail présentés (développement durable, Sciences et société, mondé économique et professionnel...), on peut douter qu'ils suscitent l'enthousiasme et l'adhésion des élèves devant des intitulés aussi abscons, notamment pour ceux issus de familles défavorisées. Loin de lutter contre les inégalités, comme le prétend le document ministériel, ce genre d'activité ne fait que les renforcer entre ceux qui n'ont que l'école pour acquérir des connaissances structurées et ceux qui disposeront d'aide chez eux. Pour éviter une perte de temps, les collègues soucieux d'apporter des connaissances solides devront proposer des activités dirigées en lien direct avec les programmes de leur discipline. La chose devrait être possible si ces EPI sont finalement pris sur les horaires disciplinaires, vu que la « réforme » se fera évidemment à moyens constants...

samedi 28 mars 2015

Echelle de valeurs

Il y a quelques mois, une amie collègue m'avait rapporté qu'un élève de seconde l'avait qualifiée sèchement « d'autiste » parce qu'elle ne voulait pas poursuivre une discussion dans laquelle cet élève et quelques autres n'avaient que des arguments spécieux à faire valoir. Suite à un rapport sur cet incident, l'élève avait écopé d'un blâme de la part du chef d'établissement. Récemment, cet élève a été surpris dans l'établissement en train de fumer une herbe non autorisée par la loi. Il a été exclu 3 jours de l'établissement. Dans notre éducation nationale « bienveillante », insulter un professeur est donc moins répréhensible que de fumer des substances illicites. Je laisse à votre appréciation cette hiérarchie des valeurs... 

dimanche 8 février 2015

Un mois après

Un mois après les événements tragiques de janvier, que va-t-il rester des déclarations martiales de nos ministres sur ce que doit faire l'Ecole maintenant ? Hormis un plan coûteux et précipité de « formation à la laïcité », il n'y a pas grand chose de fracassant ! Le constat d'échec de tout ces dispositifs d'éducation à la citoyenneté, ECJS(*) compris, ajoutés couche après couche en lieu et place des enseignements disciplinaires n'a pas été dressé. Il est pourtant cuisant. Ce n'est pas en surajoutant des moyens à de telles babioles pédagogiques qu'on va sensibiliser les élèves au respect de l'opinion d'autrui. Si cela avait été efficace, cela se saurait déjà. Il y a à la base de ces « enseignements » civiques une formidable méprise, celle de vouloir imposer une sorte de catéchisme républicain aux élèves alors que l'Ecole n'est là que pour aider à former le jugement, pas à formater les opinions. Le meilleur moyen de sensibiliser aux idées démocratiques, c'est encore dans les disciplines elle-mêmes, quelles quelles soient, depuis l'histoire jusqu'à l'EPS, en passant par les lettres et les sciences. A condition qu'on leur laisse le temps de le faire en en rétablissant les horaires. Cela ne coûtera pas plus cher puisqu'on ferait l'économie des des dispositifs inutiles. Le moment est opportun pour le faire puisque le renouvellement des programmes de l'école élémentaire et du collège est lancé. Voilà qui montrerai une vraie volonté politique qui ne se limite pas à des discours de grands mots sans effets.


(*) ECJS : Enseignement civique, juridique et social, une création du ministère Allègre à la fin des années 1990.

Pour étoffer la réflexion, je recommande la lecture de l'excellent article de Fanny Capel, professeur de lettre à Saint Denis, dans Marianne du 22 janvier visible sur ce lien

dimanche 11 janvier 2015

Lorsque l'instruction recule, les superstitions avancent

Hormis internet, les média ont peu parlé des établissements scolaires dans lesquels des élèves n'ont pas voulu s'associer à la minute de silence pour les victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo, voire qui prenaient fait et cause pour les assassins à des degrés divers. Heureusement, ils ne sont pas si nombreux que cela et il faudrait faire la part entre ceux qui ont des convictions et ceux qui ne font qu'afficher une posture provocatrice. Le phénomène n'est pas nouveau, on a déjà eu vent ces dernières années de ces élèves qui contestent des enseignements, en histoire (la Shoah), en littérature (les Lumières), en sciences de la vie et de la Terre (théorie de l'évolution), en physique (cosmologie) ou l'égalité filles/garçons. Démission des parents ou école « bienveillante » qui ne parle plus que de « compétences » et oublie l'instruction ? Certainement la conjugaison des deux. Certains parents feraient bien d'inculquer ou de rappeler les règles élémentaires de vie en société. L'école de son côté doit sans cesse montrer qu'elle ne s'interdit l'examen d'aucun champ du savoir, en particulier l'examen critique. Car sans possibilité d'examen critique, il ne s'agit pas d'un savoir mais d'un dogme. Il est important que les élèves comprennent la différence entre savoir, dogme et superstition. L'école de la République française se doit de dispenser des savoirs, de cerner les dogmes (au sens militaire du verbe) et démasquer les superstitions, quitte à choquer certains esprits étroits. Chacun doit laisser ses croyances à la porte d'entrée des établissements scolaires. Quant à ceux qui sont vraiment allergiques aux valeurs qui sont les nôtres, au premier rang desquelles la liberté d'expression et de critique, ils ont toujours la possibilité d'aller s'établir ailleurs au lieu de ruminer leur rage à la vue d'un journal satyrique. Personne n'est assujetti à résidence. La liberté d'établissement dans le pays de son choix fait partie des droits inscrits dans la déclaration universelle des droits de l'Homme.

A Giordano Bruno 


mercredi 7 janvier 2015

L'horreur

J'en étais resté à la nouvelle du matin que la France venait d'être dépassée (déclassée?) par le Royaume uni de son rang de 5ème puissance économique et je me demandais jusqu'où descendrait notre pays dans les mois et les années qui viennent lorsqu'un ami en visite cet après-midi m'a annoncé l'attaque horrible contre le journal Charlie Hebdo. Comment des individus, qui ne méritent évidemment pas le nom d'hommes, peuvent-ils commettre un acte aussi atroce ? Le motif religieux n'est évidemment qu'un enrobage grossier pour (mal) dissimuler une pulsion de haine et de mort contre toutes les libertés dont nous bénéficions sur notre sol et conquises de haute lutte depuis fort longtemps. Si ces barbares pensent nous faire peur et nous faire taire, qu'ils sachent qu'il n'y arriveront pas, du moins pas avec moi, j'ai le plaisir de leur en donne une preuve :



J'espère que les auteurs de cet acte seront retrouvés rapidement et jugés dans toute la rigueur de la loi.

jeudi 1 janvier 2015

Colifichets à solder !

L'humoriste Jean Yanne avait dit en son temps, alors que la légion d'honneur venait d'être attribuée à Brigitte Bardot, que cette décoration, comme le papier toilette, convenait à toutes les fesses. Aussi, je comprends et je félicite notre collègue Thomas Piketty d'avoir refusé ce colifichet hier. A l'heure d'internet, ces distinctions et autres décorations deviennent vraiment obsolètes pour faire reconnaître ses mérites, quels qu'ils soient ! Le quart d'heure (ou plus) de célébrité warholien s'obtient aujourd'hui en quelques clics. Et pour faire suite à l'article d'hier, je suggère au gouvernement de privatiser toute l'institution de la légion d'honneur et celle des autres « récompenses » en les mettant en vente. Voilà qui devrait rapporter quelque menue monnaie pour contribuer à payer l'énorme indemnité à verser à Ecomouv...

Des étrennes pour Ecomouv, pas pour les profs !

La société Ecomouv va recevoir de l'Etat, c'est à dire de nous, la somme rondelette de 800 millions d'euros en dédommagement de l'abandon de l'écotaxe par le gouvernement l'an dernier. De belles étrennes pour commencer l'année mais on peut douter que les anciens salariés de la société « remerciés » en profitent. Tout cela ira sans doute dans d'autres poches mais pas dans celles des serviteurs de l'Etat dont le point d'indice de rémunération est bloqué depuis 4 ans (et 5 avec le nouveau millésime). L'indemnité versée à Ecomouv représente rien de moins que 1000 euros de prime pour chacun des 800 000 et quelques professeurs de France. Le gouvernement a plus peur d'une petite société privée que d'une révolte en masse de ses agents.
S'il fallait faire un seul voeux pour 2015 ce serait celui de voir la fin de la résignation des collègues devant l'état de la profession. Bonne année 2015 !


PS : Il n'est pas dit que Ecomouv ne se pourvoit pas en justice pour obtenir plus de l'Etat !
PPS : Cette gabegie d'argent public est à rapprocher de la privatisation des autoroutes en 2005 par le gouvernement Villepin. Pour une somme dérisoire, l'exploitation des autoroutes a été cédée à des sociétés privées qui recueillent aujourd'hui un bon milliard d'euros par an. L'actuel gouvernement nous a joué récemment un mélodrame sur une éventuelle renationalisation avant la fin du contrat en 2014 pour cause de hausse abusive des péages mais cela n'a trompé personne. Les contrats d'exploitation sont parfaitement léonins au profit des sociétés et l'Etat est pieds et points liés devant elles. Toute hausse de la fiscalité serait répercutée sur les usagers. Et une renationalisation ne se ferait sûrement pas au tarif de la vente mais bien plus cher. Merci M. de Villepin et à votre majorité de l'époque ! Pour ma part, j'emprunte le plus souvent possible es routes nationales encore gratuites...