mercredi 24 septembre 2014

TPE : travaux personnels ennuyeux

C'est reparti pour une nouvelle fournée de TPE (travaux personnel encadrés) et son lot de sujets tous plus convenus et ressassés d'une année sur l'autre ! Il y a une dizaine d'années encore, cette activité voulue par l'ancien ministre Allègre en lieu et place d'heures de cours, suscitait souvent des sujets assez divers et des présentations originales. Cette originalité a depuis disparu et tout le monde veut faire la même chose. Il y a quelques années, nous avons eu une vague cuisine « moléculaire ». Les élèves s'activaient dans des expériences avec des produits alimentaires additionnés d'émulsifiants et autres gélifiants. Expériences laborieuses et maintes fois répétées, avec le gaspillage que cela implique (*), pour produire des « aliments » à la texture peu ragoutante qu'on nous demandait cependant de goûter. Ce que j'ai toujours évité soigneusement de faire ! Si encore ces activités conduisaient à un contenu scientifique de valeur, l'objectif serait atteint. Mais très souvent, si ne n'est presque toujours, ce contenu s'avérait fort maigre au final voire totalement inexistant.
Mais une autre vague déferle depuis trois ans : la vague médicale. Elle emporte tout sur son passage en raflant la quasi totalité des sujets. Du jamais vu depuis que je participe à ces « travaux ». Les séries télévisées mettant en scène le milieu hospitalier ont manifestement suscité de nombreuses « vocations » parmi les élèves qui se voient déjà en blouse blanche et stéthoscope autour du cou s'affairer dans les locaux aseptisés. Les thèmes tournent autour de choses aussi réjouissantes que le cancer, la maladie d'Alzheimer, l'euthanasie, les drogues, le dopage et j'en passe. Curieuse génération qui développe des goûts aussi morbides ! Je finis par me demander si je ne suis pas « anormal » à ne pas me passionner pour ce genre de choses... Est-il besoin de préciser que l'aspect bi-disciplinaire exigé par les textes passe à la trappe avec de type de sujets ? Difficile en effet d'y caser des mathématiques ou des sciences physiques ! Quant à la biologie au coeur de ces sujets, les candidats auditionnés lors de la présentation de leur travail sont souvent incapables de répondre aux questions simples mettant juste en oeuvre les connaissances au programme de leur classe ! C'est dire si le reste de ce qui est présenté est maîtrisé. Cette remarque vaut aussi pour les sujets autres que « médicaux ». Beaucoup d'élèves auditionnés se révèlent incapable d'expliquer le contenu d'un travail qui s'échelonne sur presque six mois à raison de deux heures par semaine. Cela jette une pierre, ou plutôt un astéroïde, dans le jardin des « constructivistes » qui présentent comme efficace la « construction » du savoir par les élèves ! Le cours magistral est bien plus efficace pour faire acquérir des connaissances et surtout plus économique en moyens et en professeurs. Avec ces sujets mono-disciplinaires, les professeurs des autres disciplines qui « encadrent » cette activité en sont réduit au mieux à corriger les fautes d'orthographe des productions écrites des élèves qui les sollicitent et au pire à faire potiche dans la salle. Des moyens humains qualifiés encore fort bien employés en cette période de disette budgétaire...


(*) Il a été rapidement décidé que les élèves souhaitant effectuer ce type d'expériences le fasse avec des aliments achetés par eux.

mercredi 17 septembre 2014

Pilotes, notaires : bienvenue dans les professions à modeste salaire !

Mon titre est provocateur mais il ne fait que refléter une tendance de fond de notre belle société, la baisse ou au mieux la stagnation des rémunérations de plus en plus de professions. Avec la multiplication des compagnies aériennes à bas coûts, il fallait s'attendre à ce que les compagnies traditionnelles s'alignent sur ce modèle ou créent des filiales aux tarifs compressés comme les passagers dans leurs avions. Cela passe fatalement par la réduction des salaires des personnels pour affronter la concurrence et être rentable. Cet effet de réduction ne va pas sans conséquence pour les employés de la maison mère. Je suppose qu'il doit en être de même chez les autres catégories du personnel d'Air France mais elles n'ont pas l'air de suivre le mouvement. Notons cependant la force des syndicats de pilotes de la compagnie qui arrivent à mobiliser la majeure partie de leurs adhérents dans une grève qui dure plus de 24h. Cela laisse rêveur dans l'éducation nationale...
La mobilisation est aussi remarquable pour les notaires et huissiers de justice lundi dernier. Des professions, particulièrement les notaires, dont on était à des années lumières d'imaginer qu'elles puissent descendre dans la rue. Dans le journal télévisé de France 2 d'hier, mardi 16 septembre, on pouvait même voir un drapeau CGT Huissiers ! Diable ! Une profession libérale dont un syndicat appartient à une centrale « ouvrière »... Cela me rappelle une pièce de théâtre dans laquelle la regrettée Jacqueline Mailland disait dans une réplique : « mon père était ouvrier. Ouvrier notaire ! ». Je ne suis pas partisan des monopoles dans tous les domaines. Je ne suis pas partisan non plus de la déréglementation à tout va. Mais il doit bien exister un juste milieu pour ces professions. Il n'y aucune raison valable de ne pas les ouvrir à d'autres prestataires. Si notaires et huissiers continuent de proposer un service de qualité à prix concurrentiel, il n'y a pas de raison que leurs clients les boudent...


dimanche 14 septembre 2014

La série S, préférée des lycéens ?

D'après la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (un intitulé digne d'une entreprise commerciale!) du ministère de l'éducation nationale, 36% des élèves de seconde générale et technologique passent en première S, faisant de cette série la plus demandée de l'enseignement général. Un pourcentage important certes mais pas écrasant. La réforme du lycée du début des années 1990 avait voulu « casser » la « suprématie » supposée de la série C en créant la série S, version très allégée en sciences de son prédécesseur, afin de « revaloriser » les autres filières. Vingt ans plus tard, non seulement le but n'est pas atteint, mais en mettant à quasi égalité d'horaire et de coefficients(*) à l'examen matières scientifiques et « littéraires », cette série S est devenue la plus générale de l'enseignement général et donc fatalement la plus demandée par des élèves soucieux de garder toutes les portes ouvertes pour la suite de leurs études. Parmi eux, hélas, des opportunistes de plus en plus nombreux, pas spécialement intéressés par les sciences. Les deux autres séries, littéraire (L) et économique et sociale (ES), ont perdu au change en « prestige » car elles n'accueillent plus que des élèves vraiment allergiques aux sciences et dont le contenu des enseignements, lui aussi amoindri, ferme des portes par rapport aux anciens bac A et B. Il y a une trentaine d'années, mon médecin traitant de l'époque avait passé un bac A (littéraire). Inhabituel mais possible. Je n'ose pas prétendre que ce serait impossible aujourd'hui, car un bachelier L ou ES très motivé pourrait rattraper les cours de sciences physiques et sciences et vie et de la Terre de la série S pendant un stage intensif de trois mois tant le volume horaire de ces deux disciplines a diminué lors de la dernière réforme du lycée général. Qu'on ne se laisse pas abuser par la suppression, annulée depuis cette année, des cours d'histoire et géographie en terminale S. Elles n'avaient pas pour but de rendre la série plus scientifique mais bien de faire encore des économies sur le dos des élèves. Le rétablissement d'une vraie série scientifique ne passe que par le rétablissement des horaires des disciplines scientifiques au niveau qui étaient le leur il y a 25 ans. Trop cher ? Le surcoût serait largement compensée par la baisse du trop-plein d'élèves opportunistes pas passionnés par les sciences et qui emploieraient beaucoup mieux leurs talents dans les autres séries au lieu de peiner sur les lois de Newton ou le calcul intégral. Et cela ne ferait pas baisser le nombre de « scientifiques » formés puisque de toutes façons ces élèves opportunistes ne feront pas d'études supérieures scientifiques. D'ailleurs, a-t-on besoin de beaucoup de scientifiques dans un pays qui se désindustrialise à toute vitesse, en dépit de la création d'un ministère du « redressement productif » ?


(*) coefficient 21 pour les disciplines scientifiques et 19 pour le reste en y incluant les TPE (travaux personnels encadrés) réalisés en première et sans les options. 

lundi 8 septembre 2014

Cherche professeur de mathématiques à 9,53 euros de l'heure...

Tout les titulaires remplaçants étant affectés à l'année dans presque toutes les académies, et certains concours de recrutement n'ayant pas fait le plein, il ne reste plus que les petites annonces pour recruter des vacataires et boucher les trous les plus criants. Mais lorsqu'on lit cette annonce de Pôle emploi qui recherche un professeur de mathématiques pour enseigner à temps plein dans un collège à 9,53 euros de l'heure (soit un peu moins de 700 euros mensuel), on se doute que les candidats ne vont pas se bousculer ! Du même ordre de grandeur qu'une heure de ménage à domicile. Cela montre encore au passage à quel point on estime la fonction de professeur, en légère contradiction avec les discours officiels. Qui voudrait se déplacer, assurer préparation des cours et correction des copies à bac+3 minimum pour un salaire aussi dérisoire ? La crise de recrutement a encore de beaux jours devant elle...

mercredi 3 septembre 2014

Rentrée 2014 : du local au global

Que retenir de cette rentrée 2014 ? Au niveau local, elle s'est faite un peu plus rapidement que d'habitude les membres de l'équipe de direction ont été très bref dans leur présentation. Des sourires amusés se sont affichés sur les visages des collègues lorsque furent égrenés les résultats du bac (forcément très bons!) et le nombre record de mentions... L'organisation des enseignements a été ensuite rapidement confiée aux équipes pédagogiques, les mieux placées pour effectuer cette tâche. Equipes pluri-disciplinaires même, pour les enseignements communs, ces derniers représentant un nombre d'heures non négligeables dans nos services.
Quant au global, il n'est question que des communes récalcitrantes à l'application de la réforme des rythmes scolaires. Pourtant, j'ai appris ce matin à la radio que les municipalités n'auraient pas obligation à organiser et financer les activités dites péri-éducatives après la classe. La seule obligation résiderai dans l'ouverture des écoles le mercredi matin. Encore un nouveau son de cloche qui ne fait qu'ajouter à la confusion dans les esprits. L'ajout d'une demi-journée de cours supplémentaire permet sûrement de rééquilibrer la semaine scolaire dans le primaire et d'assurer une continuité avec le collège où des cours ont lieu aussi le mercredi matin. En revanche, la qualité et la diversité des activités après la classe sont fortement liées à la richesse de l'environnement culturel de chaque école. Et là, toutes ne sont évidemment pas logées à la même enseigne ce qui ne fait qu'accentuer les inégalités alors que la politique du ministère nous promet d'oeuvrer à leur réduction ! Autre mantra de cette rentrée 2014, le numérique ! Thème récurent dans lequel ceux qui n'ont pas mis les pieds depuis longtemps dans un établissement scolaire y voient l'alpha et l'oméga de la rénovation pédagogique. Cela fait pourtant belle lurette que les outils électroniques au sens large ont fait leur entrée à l'école et ce n'est pas parce qu'un nouveau gadget ou un nouveau service est mis sur le marché qu'il faut appeler à chaque fois à la remise en question des méthodes d'enseignement. La majorité des collègues n'attend pas les injonctions des promoteurs du numérique pour mettre ces outils au service de leur enseignement et non l'inverse. En revanche, notre administration est souvent à la traîne pour offrir des formation digne de ce nom à ces outils et nous sommes souvent obligés de nous y former seuls ou par l'intermédiaire de collègues plus informés.
Bonne rentrée à tous !