C'est
reparti pour une nouvelle fournée de TPE (travaux personnel
encadrés) et son lot de sujets tous plus convenus et ressassés
d'une année sur l'autre ! Il y a une dizaine d'années encore,
cette activité voulue par l'ancien ministre Allègre en lieu et
place d'heures de cours, suscitait souvent des sujets assez divers et
des présentations originales. Cette originalité a depuis disparu et
tout le monde veut faire la même chose. Il y a quelques années,
nous avons eu une vague cuisine « moléculaire ». Les
élèves s'activaient dans des expériences avec des produits
alimentaires additionnés d'émulsifiants et autres gélifiants.
Expériences laborieuses et maintes fois répétées, avec le
gaspillage que cela implique (*), pour produire des « aliments »
à la texture peu ragoutante qu'on nous demandait cependant de
goûter. Ce que j'ai toujours évité soigneusement de faire !
Si encore ces activités conduisaient à un contenu scientifique de
valeur, l'objectif serait atteint. Mais très souvent, si ne n'est
presque toujours, ce contenu s'avérait fort maigre au final voire
totalement inexistant.
Mais une
autre vague déferle depuis trois ans : la vague médicale. Elle
emporte tout sur son passage en raflant la quasi totalité des
sujets. Du jamais vu depuis que je participe à ces « travaux ».
Les séries télévisées mettant en scène le milieu hospitalier ont
manifestement suscité de nombreuses « vocations » parmi
les élèves qui se voient déjà en blouse blanche et stéthoscope
autour du cou s'affairer dans les locaux aseptisés. Les thèmes
tournent autour de choses aussi réjouissantes que le cancer, la
maladie d'Alzheimer, l'euthanasie, les drogues, le dopage et j'en
passe. Curieuse génération qui développe des goûts aussi
morbides ! Je finis par me demander si je ne suis pas
« anormal » à ne pas me passionner pour ce genre de
choses... Est-il besoin de préciser que l'aspect bi-disciplinaire
exigé par les textes passe à la trappe avec de type de sujets ?
Difficile en effet d'y caser des mathématiques ou des sciences
physiques ! Quant à la biologie au coeur de ces sujets, les
candidats auditionnés lors de la présentation de leur travail sont
souvent incapables de répondre aux questions simples mettant juste
en oeuvre les connaissances au programme de leur classe ! C'est
dire si le reste de ce qui est présenté est maîtrisé. Cette
remarque vaut aussi pour les sujets autres que « médicaux ».
Beaucoup d'élèves auditionnés se révèlent incapable d'expliquer
le contenu d'un travail qui s'échelonne sur presque six mois à
raison de deux heures par semaine. Cela jette une pierre, ou plutôt
un astéroïde, dans le jardin des « constructivistes »
qui présentent comme efficace la « construction » du
savoir par les élèves ! Le cours magistral est bien plus
efficace pour faire acquérir des connaissances et surtout plus
économique en moyens et en professeurs. Avec ces sujets
mono-disciplinaires, les professeurs des autres disciplines qui
« encadrent » cette activité en sont réduit au mieux à
corriger les fautes d'orthographe des productions écrites des élèves
qui les sollicitent et au pire à faire potiche dans la salle. Des
moyens humains qualifiés encore fort bien employés en cette période
de disette budgétaire...
(*) Il a
été rapidement décidé que les élèves souhaitant effectuer ce
type d'expériences le fasse avec des aliments achetés par eux.