Notre
ministre n'aura pas fait long feu à son poste ! Quatre mois
tout juste. Il n'aura même pas préparé ni vécu une rentrée
scolaire. On peut lui reconnaître l'honnêteté de s'accrocher plus
à ses idées qu'à son poste et on aurait aimé que les apparatchiks
du ministère, ceux qui détiennent réellement le pouvoir et
suggèrent les réformes délétères, soient démis de leurs
fonctions par la même occasion. Ils ne manqueront même pas pour
assurer l'aspect matériel de la rentrée. Ce remplacement rapide de
personnel politique au ministère de l'éducation montre bien que ce
n'est pas le titulaire du portefeuille qui manoeuvre de fait le
navire mais bien les technocrates idéologues qui assurent la
continuité de la trajectoire vers l'iceberg fatal. Et eux n'ont de
compte à rendre à personne. Lorsqu'un nouveau ministre est nommé,
il a juste à ouvrir les tiroirs du bureau pour y trouver les projets
de réformes déjà prêts laissés par son prédécesseur ou
préparés par le cénacle des gardiens de la doctrine pédagogique à l'oeuvre depuis près de trente ans.
Le titulaire du maroquin n'a plus qu'à les présenter devant la
presse après avoir confié à une commission la gestion d'une
« consultation » dont la lettre de mission contient déjà
les conclusions auxquelles elle doit parvenir. Le travail du ministre
ne demande finalement que peu d'imagination politique. Il y a juste
un peu de communication à faire mais la pilule des « réformes »
passe de mieux en mieux avec la résignation grandissante et
désabusée des personnels. Il n'y a plus que les élèves qui sont
craints par le locataire de la rue de Grenelle, les seuls capables de
lui faire retirer une réforme en descendant dans la rue... Mme
Vallaud-Belkacem vient d'être nommée ce soir à la place de B. Hamon à
quelques jours de la rentrée. Si sa nomination avait eu lieu après
la rentrée, on ne se serait aperçu de rien...
mardi 26 août 2014
mercredi 20 août 2014
Allocation de rentrée scolaire : utilisée à tout sauf à ça !
Le
versement hier de l'allocation de rentrée scolaire sous condition de
ressources s'accompagne invariablement dans les média de reportages
sur des mères de familles (*) au budget serré en train d'acheter
moult fournitures scolaires dans une grande surface. Avec, bien sûr,
le choix cornélien entre le cartable à bas prix et celui de
marque... Il serait plus éclairant pour le téléspectateur de
montrer les monceaux de stylos, gommes, copies, trousses, ciseaux et
même calculatrices que l'on récupère dans nos salles de classes à
chaque fin d'année, « oubliés » par nos élèves et pas
forcément par les plus aisés d'entre eux... A quoi bon en effet
être soucieux du matériel puisque c'est l'Etat qui le paye chaque
année ? Et puis tant d'argent versé pour quelques crayons qui
serviront si peu et quelques copies qui seront si peu remplies (elle
seront aussi plus faciles à corriger!), mieux vaut l'utiliser pour
autre chose. Un nouveau téléphone mobile par exemple ! Au lieu
d'arpenter le rayon des fournitures scolaires des grandes surfaces,
les reporters devraient aussi enquêter dans les boutiques de
téléphonie mobile. Je suis prêt à parier qu'on y constaterait une
affluence de jeunes, flanqués ou non de leurs parents. Une anecdote
éclairante me revient en mémoire à propos de téléphone. Le
proviseur d'un lycée où j'ai exercé il y a quelques années
recevait une élève et sa mère dans son bureau. La mère, en
difficulté financière, venait demander une aide sociale. Au milieu
de l'entretien, l'élève a sorti de sa poche un téléphone mobile
rutilant orné d'une pomme croquée... A l'époque un tel téléphone
coûtait 500 euros au bas mot et même encore aujourd'hui (voire beaucoup plus!),
d'après le site du fabriquant que je viens de consulter. Même
d'occasion ou « tombé du camion », cela fait un peu
dispendieux pour une élève soit disant « dans le besoin ».
Je n'ai hélas pas su si l'aide financière avait été accordée et
encore moins à quoi elle a servi in fine. Peut-être à acheter le
forfait illimité pour le téléphone... Comme je l'ai entendu
récemment à la radio, la seule différence aujourd'hui entre les
riches et les pauvres, c'est l'argent ! Cette tautologie n'est
pas si triviale qu'elle en a l'air car en effet, riches ou pauvres,
surtout chez les jeunes, sont vêtus et équipés des mêmes marques
toutes plus tendances les unes que les autres. Il ne faudrait surtout
pas déchoir face au groupe prescripteur de mode et de comportement
sans quoi le « jeune » risque la pire relégation
sociale.
Pour en
revenir à l'allocation de rentrée scolaire, il y a sûrement des
parents qui l'utiliseront à bon escient mais nos gouvernants seraient
plus avisés de la donner sous forme de bons d'achat à valoir
uniquement sur des articles de fournitures scolaires. Quant aux
parents, ils devraient veiller à ce que ce matériel acheté aux
frais du contribuable ne soit pas abandonné dans les salles de
classe par leur chère progéniture...
(*) Ce
sont essentiellement des mères que l'on voit dans ces reportages.
Les pères n'aimeraient-ils pas faire les courses de fournitures ou
céderaient-ils facilement aux demandes de leurs enfants sur tel ou
tel produit ?
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