Vouloir
discrètement réduire les crédits de la recherche et proclamer la
priorité de l'emploi, ici celle de jeunes chercheurs, relève d'un
étonnant paradoxe. Les 150 millions d'euros que le gouvernement
s'apprêtait à retirer en catimini aux laboratoires en suscitant à
juste titre la colère des chercheurs n'étaient sûrement pas
superflus dans leurs activités. Une bonne partie de cette somme sert
bien souvent à rémunérer des doctorants ou post-doctorants qui
constituent la cheville ouvrière des laboratoires. Supprimer ces
crédits c'était réduire fortement leur activité. Suite à la
protestation de quelques personnalités, le massage a fini par être
compris au plus haut sommet de l'état et les crédits réattribués
derechef.
Comme
pour se faire pardonner de sa bévue, le gouvernement a décrété
récemment l'ouverture d'un concours spécifique d'agrégation pour
les titulaires d'un doctorat. On peut déjà douter que les épreuves
(ou la seule épreuve!) de ce concours réservé ne seront pas de
même nature et surtout du même niveau que celles (nombreuses!)
l'agrégation externe. La spécialisation extrême d'un doctorat
s'oppose à la nature généraliste de l'agrégation qui couvre la
totalité d'un champ disciplinaire. Préparer l'agrégation externe
nécessite au minimum une année de préparation intensive aux
épreuves écrites et orales. On imagine mal un néo-docteur sortant
de 3 ou 4 années d'un travail très spécialisé s'investir une
année complète et de surcroît sans financement dans ce travail de
préparation. Il y a donc de fortes chances que ce « concours »
se limitera à une seule épreuve dont la préparation exigera un
travail plus limité que le concours externe.
C'est
donc tout ce que le gouvernement a imaginé pour favoriser l'emploi
des docteurs en France ? N'était-ce pas plus simple que
d'augmenter le nombre de postes aux concours de maître de
conférence ? D'autant que le nombre d'étudiants dans les
universités est en augmentation. Le gouvernement a une idée
économique derrière la tête : que les docteurs agrégés par
ce concours se présentent à des postes « Prag » devant
la pénurie de postes de statut universitaire. Les « Prag »
doivent un service d'enseignement double par rapport aux maîtres de
conférence. Ce serait gagner un poste sur deux ! Reste posée
la question de la reconnaissance des agrégés déjà docteurs
lesquels ne bénéficient d'aucun avantage de carrière pour la
possession d'un doctorat...
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