Plutôt
que de parler dans le vide et inexactement d'une profession qui n'est
pas la sienne, le mieux ne serait-il pas de l'exercer temporairement
pour en comprendre les difficultés ? C'est la démarche
effectuée récemment par deux journalistes qui relatent leur
expérience de professeur temporaire devant de « vrais »
élèves. Louise Tourret, bien connue sur France culture pour son
émission Rue des écoles, s'est portée volontaire pour enseigner le
français dans un collège pour quelques mois. La première partie de
son témoignage sur ce lien fait part de sa sidération devant la rapidité de
son recrutement. Un simple entretien devant un inspecteur devant
lequel elle expose sa motivation pour le métier suffit à lui
confier un poste en établissement. Professeur est sans doute le seul
métier à bac+5 que l'on peut exercer après un seul entretien
d'embauche. Pour une fois que le secteur public peut donner l'exemple
au privé, c'est à signaler ! Si les entreprises privées
faisaient de même pour le recrutement de leurs cadres, elles
économiseraient substantiellement sur leurs procédures d'embauche.
Il n'est évidemment pas question de formation pour affronter les
classes et c'est dommage car la journaliste se serait rendu vite
compte que l'ESPE ne lui aurait été d'aucune utilité sur ce plan !
Je ne pense pas que les professeurs stagiaires recrutés par concours
soient dans une meilleure situation pour affronter leurs premiers
cours que les vacataires envoyés en classe sans formation. La seule
aide que reçoit Louise Tourret est celle du professeur titulaire
qu'elle remplace et qui lui donne des indications précises sur les
classes et l'état de traitement du programme. Pour la préparation
des cours, la journaliste mesure à quel point le temps de leur
élaboration est prenant et que ce métier ne se réduit pas à 15
heures ou 18 heures de présence devant élèves comme on le présente
souvent dans les média. La deuxième partie du récit, sur
l'exercice même du métier, montre bien le niveau réel des élèves
de collège avec, entre autre, leurs lacunes en orthographe. Rien
n'est dit sur la méthode pédagogique employée mais vues les
activités proposées, il semble qu'elle n'ai pas expérimenté les
méthodes constructivistes vantées par nombre des invités de son
émission radiophonique ! C'est fort dommage, nous aurions pu
voir le résultat de ces méthodes à l'oeuvre.
L'autreexpérience d'enseignement relatée par la journaliste Alexandra
Alévêque pour le site du Nouvel Observateur est de plus courte
durée, 21 jours seulement, dans une école primaire et pas en totale
responsabilité. La journaliste était présente dans la classe en
même temps que l'institutrice titulaire. Là aussi, le récit montre
l'hétérogénéité des capacités des élèves, les difficultés de
gestion de la classe et la nécessité de se montrer ferme et
directif. En légère contradiction avec le concept à la mode ces
temps-ci d' « école bienveillante ». La journaliste
insiste également sur la nécessité d'une formation initiale mais
elle n'a pas eu l'occasion de tester celle de l'ESPE et c'est encore
dommage. Voilà une suggestion pour un prochain reportage
d'investigation !
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