samedi 12 septembre 2015

Profession au banc d'essai : professeur

Plutôt que de parler dans le vide et inexactement d'une profession qui n'est pas la sienne, le mieux ne serait-il pas de l'exercer temporairement pour en comprendre les difficultés ? C'est la démarche effectuée récemment par deux journalistes qui relatent leur expérience de professeur temporaire devant de « vrais » élèves. Louise Tourret, bien connue sur France culture pour son émission Rue des écoles, s'est portée volontaire pour enseigner le français dans un collège pour quelques mois. La première partie de son témoignage sur ce lien fait part de sa sidération devant la rapidité de son recrutement. Un simple entretien devant un inspecteur devant lequel elle expose sa motivation pour le métier suffit à lui confier un poste en établissement. Professeur est sans doute le seul métier à bac+5 que l'on peut exercer après un seul entretien d'embauche. Pour une fois que le secteur public peut donner l'exemple au privé, c'est à signaler ! Si les entreprises privées faisaient de même pour le recrutement de leurs cadres, elles économiseraient substantiellement sur leurs procédures d'embauche. Il n'est évidemment pas question de formation pour affronter les classes et c'est dommage car la journaliste se serait rendu vite compte que l'ESPE ne lui aurait été d'aucune utilité sur ce plan ! Je ne pense pas que les professeurs stagiaires recrutés par concours soient dans une meilleure situation pour affronter leurs premiers cours que les vacataires envoyés en classe sans formation. La seule aide que reçoit Louise Tourret est celle du professeur titulaire qu'elle remplace et qui lui donne des indications précises sur les classes et l'état de traitement du programme. Pour la préparation des cours, la journaliste mesure à quel point le temps de leur élaboration est prenant et que ce métier ne se réduit pas à 15 heures ou 18 heures de présence devant élèves comme on le présente souvent dans les média. La deuxième partie du récit, sur l'exercice même du métier, montre bien le niveau réel des élèves de collège avec, entre autre, leurs lacunes en orthographe. Rien n'est dit sur la méthode pédagogique employée mais vues les activités proposées, il semble qu'elle n'ai pas expérimenté les méthodes constructivistes vantées par nombre des invités de son émission radiophonique ! C'est fort dommage, nous aurions pu voir le résultat de ces méthodes à l'oeuvre.
L'autreexpérience d'enseignement relatée par la journaliste Alexandra Alévêque pour le site du Nouvel Observateur est de plus courte durée, 21 jours seulement, dans une école primaire et pas en totale responsabilité. La journaliste était présente dans la classe en même temps que l'institutrice titulaire. Là aussi, le récit montre l'hétérogénéité des capacités des élèves, les difficultés de gestion de la classe et la nécessité de se montrer ferme et directif. En légère contradiction avec le concept à la mode ces temps-ci d' « école bienveillante ». La journaliste insiste également sur la nécessité d'une formation initiale mais elle n'a pas eu l'occasion de tester celle de l'ESPE et c'est encore dommage. Voilà une suggestion pour un prochain reportage d'investigation !

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