Cette
semaine, on a pu mettre enfin un visage sur le projet de réforme du
collège : celui de Florence Robine, à la tête de la direction
générale de l'enseignement scolaire. C'est bien cette dame qui est
la cheville ouvrière de cette réforme lamentable et non le
ministre, dont il apparaît qu'elle n'est plus qu'un porte parole de
moins en moins crédible. Peut-être devient elle de moins en moins
persuadée de la justesse de ce projet ? Mme Robine est apparue
deux fois cette semaine dans les émissions C dans l'air sur France 5
et 28 minutes sur Arte. Elle a déployé tous les arguments d'un
vieux tract communiste des années 1970, comme dirait notre président, pour prétendre que cette
réforme allait remédier aux maux du collège actuel. Avec le ton
autoritaire qui va avec. Mais la dame a paru sur la défensive, les
détracteurs présents sur les plateaux ont réussi à montrer les
contradictions entre les objectifs affichés et le contenu du projet.
Mercredi dernier, dans l'émission Rue des école sur France culture,
un débat opposait Bruno Lemaire, à la tête de la contestation
parlementaire de la réforme, et Thierry Pech, président de la
fondation Terra nova, partisan de la réforme. Bruno Lemaire a bien
relevé toutes les absurdités du projet et s'est prononcé pour la
fin du collège unique mais il s'est peu étendu sur la
responsabilité de l'UMP dans les difficultés où se trouve l'école
aujourd'hui. Les très contestables enseignements pratiques
interdisciplinaires introduits pour le futur collège ne sont que le
pendant des TPE que l'UMP au pouvoir de 2002 à 2012 n'a pas supprimé
dans la dernière réforme du lycée. On a d'ailleurs peu ou pas
entendu les anciens ministres UMP de l'éducation sur ce sujet,
messieurs Fillon, De Robien, Darcos et surtout Chatel, responsable du
gâchis actuel de l'argent du contribuable dans l'accompagnement
personnalisé et les enseignements d'exploration du lycée !
Quant à N. Sarkozy, il observe un silence bien curieux sur le sujet,
se contentant d'attaquer bassement la personne même du ministre.
Serait-il d'accord sur le fond avec le projet du gouvernement ?
Sur une question aussi cruciale que l'école, ce silence est fâcheux
pour un candidat à la prochaine élection présidentielle ! On
a quand même une idée sur ce qui nous attend si l'UMP revient au
pouvoir en 2017 de la bouche de Bruno Lemaire : faire travailler
davantage les professeurs. Il faisait remarquer dans l'émission Rue
des écoles que agrégés et certifiés devaient respectivement 15h
et 18h de cours. Il envisage de porter ce service à 20h pour tous,
avec une rémunération supplémentaire. Je doute que les nombreux
collègues déjà à la peine avec un service sans heures
supplémentaires soient ravis de se voir imposer cette charge en
plus, même pour une rémunération plus élevée. Quant aux
collègues contraints de faire des heures en plus pour boucler leurs fins de mois, ils ne les font
qu'en sachant qu'ils peuvent y renoncer chaque année.
M.
Lemaire fait preuve de peu d'originalité pour redresser les
conditions d'enseignement. Se rappelle-t-il que Ségolène Royal,
entre autre, avait déjà proposé ce genre de mesure il y a quelques
années ? En matière de politique éducative, les différences
entre l'UMP et le parti socialiste apparaissent bien maigres et leur
opposition ne relève hélas que la posture.
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