vendredi 15 mai 2015

Réforme du collège à visage découvert

Cette semaine, on a pu mettre enfin un visage sur le projet de réforme du collège : celui de Florence Robine, à la tête de la direction générale de l'enseignement scolaire. C'est bien cette dame qui est la cheville ouvrière de cette réforme lamentable et non le ministre, dont il apparaît qu'elle n'est plus qu'un porte parole de moins en moins crédible. Peut-être devient elle de moins en moins persuadée de la justesse de ce projet ? Mme Robine est apparue deux fois cette semaine dans les émissions C dans l'air sur France 5 et 28 minutes sur Arte. Elle a déployé tous les arguments d'un vieux tract communiste des années 1970, comme dirait notre président, pour prétendre que cette réforme allait remédier aux maux du collège actuel. Avec le ton autoritaire qui va avec. Mais la dame a paru sur la défensive, les détracteurs présents sur les plateaux ont réussi à montrer les contradictions entre les objectifs affichés et le contenu du projet. Mercredi dernier, dans l'émission Rue des école sur France culture, un débat opposait Bruno Lemaire, à la tête de la contestation parlementaire de la réforme, et Thierry Pech, président de la fondation Terra nova, partisan de la réforme. Bruno Lemaire a bien relevé toutes les absurdités du projet et s'est prononcé pour la fin du collège unique mais il s'est peu étendu sur la responsabilité de l'UMP dans les difficultés où se trouve l'école aujourd'hui. Les très contestables enseignements pratiques interdisciplinaires introduits pour le futur collège ne sont que le pendant des TPE que l'UMP au pouvoir de 2002 à 2012 n'a pas supprimé dans la dernière réforme du lycée. On a d'ailleurs peu ou pas entendu les anciens ministres UMP de l'éducation sur ce sujet, messieurs Fillon, De Robien, Darcos et surtout Chatel, responsable du gâchis actuel de l'argent du contribuable dans l'accompagnement personnalisé et les enseignements d'exploration du lycée ! Quant à N. Sarkozy, il observe un silence bien curieux sur le sujet, se contentant d'attaquer bassement la personne même du ministre. Serait-il d'accord sur le fond avec le projet du gouvernement ? Sur une question aussi cruciale que l'école, ce silence est fâcheux pour un candidat à la prochaine élection présidentielle ! On a quand même une idée sur ce qui nous attend si l'UMP revient au pouvoir en 2017 de la bouche de Bruno Lemaire : faire travailler davantage les professeurs. Il faisait remarquer dans l'émission Rue des écoles que agrégés et certifiés devaient respectivement 15h et 18h de cours. Il envisage de porter ce service à 20h pour tous, avec une rémunération supplémentaire. Je doute que les nombreux collègues déjà à la peine avec un service sans heures supplémentaires soient ravis de se voir imposer cette charge en plus, même pour une rémunération plus élevée. Quant aux collègues contraints de faire des heures en plus pour boucler leurs fins de mois, ils ne les font qu'en sachant qu'ils peuvent y renoncer chaque année.
M. Lemaire fait preuve de peu d'originalité pour redresser les conditions d'enseignement. Se rappelle-t-il que Ségolène Royal, entre autre, avait déjà proposé ce genre de mesure il y a quelques années ? En matière de politique éducative, les différences entre l'UMP et le parti socialiste apparaissent bien maigres et leur opposition ne relève hélas que la posture.

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