samedi 16 mai 2015

Corps unique pour collège diversifié ?

Bruno Lemaire confirme à nouveau dans cet article de Libération en ligne toute l'ambiguïté de ses propositions pour réformer le collège. La structure qu'il souhaite relève plus du collège allégé que d'offrir un parcours diversifié aux élèves. Il veut en effet supprimer l'apprentissage obligatoire d'une deuxième langue vivante en relevant que beaucoup trop d'élèves de troisième sont incapables d'aligner une phrase correcte en français. Soit, mais alors, il faudrait dans ce cas augmenter significativement les horaires de français, ce qu'il ne propose pas, ou alors sous la forme, très efficace comme l'on sait, de l'accompagnement personnalisé. Le renforcement de l'autonomie des établissements revient également à la charge. Elle ne consiste à l'heure actuelle qu'à gérer la pénurie des dotations en heures d'enseignement. Mais B. Lemaire ne s'étend pas trop sur ce sujet préférant parler de « donner plus de responsabilité aux enseignants » ! On ne voit pas trop en quoi peut consister cet accroissement de responsabilité. Si on nous accordait juste la possibilité de mettre dehors définitivement les élèves perturbateurs, au lieu de s'entendre dire qu'on ne sait pas gérer nos classes, ce serait un grand pas dans la réaffirmation de notre autorité ! Dans la vision de M. Lemaire, ce collège diversifié doit être pourvu d'un corps unique de professeurs, le même qui enseigne également au primaire. Et avec un service de 20h à la clé. En dehors de ravir le SGEN-CFDT dont il s'agit d'une mesure phare de longue date, cette perspective nous menace d'épuisement physique et moral, si ce n'est déjà fait d'ailleurs ! Mais il y a de belles économies en perspective pour les finances publiques avec ce temps de service obligatoire.
Il faut aussi revoir la formation pédagogique d'après M. Lemaire et chose stupéfiante, il se déclare incompétent pour enseigner en collège parce qu'il est agrégé et spécialiste de Marcel Proust ! Mais c'est bien parce que le collège a été transformé en garderie ces 30 dernières années qu'il est impossible aujourd'hui d'y faire acquérir des savoirs comme y forme très justement l'agrégation ! Une n-ième réforme de la formation des professeurs ne changera rien aux difficultés du collège. On lit aussi avec étonnement que le savoir serait inversement proportionnel aux compétences pédagogiques. Je reste pour ma part persuadé du contraire ! Plus on en sait sur une discipline (et sur d'autres aussi!) plus on est capable de l'enseigner à tout public. Le reste se résume à une question de gestion de classe, ceci constituant le point crucial de la crise de l'école avec l'hétérogénéité croissante des classes. Même si les deniers publics ne sont pas bien employés en mettant des agrégés devant des collégiens, il faut noter que l'agrégation reste le seul concours qui permette d'enseigner de la classe de sixième jusqu'au premier cycle de l'enseignement supérieur voir au delà ! Le corps multi-cycles d'enseignement qui pourrait devenir unique existe déjà et c'est celui des agrégés.

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