Bruno
Lemaire confirme à nouveau dans cet article de Libération en ligne
toute l'ambiguïté de ses propositions pour réformer le collège.
La structure qu'il souhaite relève plus du collège allégé que
d'offrir un parcours diversifié aux élèves. Il veut en effet
supprimer l'apprentissage obligatoire d'une deuxième langue vivante
en relevant que beaucoup trop d'élèves de troisième sont
incapables d'aligner une phrase correcte en français. Soit, mais
alors, il faudrait dans ce cas augmenter significativement les
horaires de français, ce qu'il ne propose pas, ou alors sous la
forme, très efficace comme l'on sait, de l'accompagnement
personnalisé. Le renforcement de l'autonomie des établissements
revient également à la charge. Elle ne consiste à l'heure actuelle
qu'à gérer la pénurie des dotations en heures d'enseignement. Mais
B. Lemaire ne s'étend pas trop sur ce sujet préférant parler de
« donner plus de responsabilité aux enseignants » !
On ne voit pas trop en quoi peut consister cet accroissement de
responsabilité. Si on nous accordait juste la possibilité de mettre
dehors définitivement les élèves perturbateurs, au lieu de
s'entendre dire qu'on ne sait pas gérer nos classes, ce serait un
grand pas dans la réaffirmation de notre autorité ! Dans la
vision de M. Lemaire, ce collège diversifié doit être pourvu d'un
corps unique de professeurs, le même qui enseigne également au
primaire. Et avec un service de 20h à la clé. En dehors de ravir le
SGEN-CFDT dont il s'agit d'une mesure phare de longue date, cette
perspective nous menace d'épuisement physique et moral, si ce n'est
déjà fait d'ailleurs ! Mais il y a de belles économies en
perspective pour les finances publiques avec ce temps de service
obligatoire.
Il faut
aussi revoir la formation pédagogique d'après M. Lemaire et chose
stupéfiante, il se déclare incompétent pour enseigner en collège
parce qu'il est agrégé et spécialiste de Marcel Proust ! Mais
c'est bien parce que le collège a été transformé en garderie ces
30 dernières années qu'il est impossible aujourd'hui d'y faire
acquérir des savoirs comme y forme très justement l'agrégation !
Une n-ième réforme de la formation des professeurs ne changera rien
aux difficultés du collège. On lit aussi avec étonnement que le
savoir serait inversement proportionnel aux compétences
pédagogiques. Je reste pour ma part persuadé du contraire !
Plus on en sait sur une discipline (et sur d'autres aussi!) plus on
est capable de l'enseigner à tout public. Le reste se résume à une
question de gestion de classe, ceci constituant le point crucial de
la crise de l'école avec l'hétérogénéité croissante des
classes. Même si les deniers publics ne sont pas bien employés en
mettant des agrégés devant des collégiens, il faut noter que
l'agrégation reste le seul concours qui permette d'enseigner de la
classe de sixième jusqu'au premier cycle de l'enseignement supérieur
voir au delà ! Le corps multi-cycles d'enseignement qui
pourrait devenir unique existe déjà et c'est celui des agrégés.
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