Déjà
20 jours de grève quasi totale sur toutes les fréquences de Radio
France. Le silence (véritablement radio!) commence à devenir pesant
dès le lever et jusque dans la voiture. A moins de se connecter sur
des stations commerciales où l'on s'agace vite à devoir supporter
le ton plus que débile de la majorité de publicités. Deux semaines
d'arrêt complet des émissions et on se prend à rêver d'un
mouvement d'une telle durée dans l'éducation nationale. Assurément
la ministre en perdrait son sourire médiatique inoxydable. Mais ne
rêvons pas ! La profession est trop résignée devant ces
« réformes » continuelles qui dégradent jour après
jour nos conditions matérielles et morales de travail. Le projet de
réorganisation (ou plutôt de désorganisation) du collège pour la
rentrée 2016 mériterait pourtant à lui seul une bronca des
professeurs, mais aussi des parents d'élèves. La majorité des
syndicats encore lucides ont claqué récemment la porte des
« négociations », sauf les indécrottables UNSA et
SGEN-CFDT, officines des djihadistes du constructivisme pédagogique
et partisans de la transformation des professeurs en animateurs
socio-culturels. Pourtant, ces syndicats prompts à dénoncer
l'organisation actuelle du collège comme étant un « mini-lycée
élitiste », devraient remarquer que ce projet tend à copier
encore plus l'actuel lycée général. Les « enseignements
pratiques interdisciplinaires » (EPI) à tous les niveaux du
collège (sauf la sixième) introduits par ce projet ne cachent pas
leur parenté avec les travaux personnels encadrés (TPE) du lycée.
Pas vraiment une innovation pédagogique ! Ces activités ont
fait la preuve depuis longtemps de leur rendement fort médiocre,
voire nul, au lycée. Paradoxalement, le document de présentation de
ces « activités » précise qu'elles bénéficieront d'un
volume horaire dédié alors qu'on ne le retrouve pas dans les
grilles horaires par discipline de chaque niveau du collège. Voilà
qui donne l'impression d'un travail pour le moins bâclé !
Quant aux thèmes de travail présentés (développement durable,
Sciences et société, mondé économique et professionnel...), on
peut douter qu'ils suscitent l'enthousiasme et l'adhésion des élèves
devant des intitulés aussi abscons, notamment pour ceux issus de
familles défavorisées. Loin de lutter contre les inégalités,
comme le prétend le document ministériel, ce genre d'activité ne
fait que les renforcer entre ceux qui n'ont que l'école pour
acquérir des connaissances structurées et ceux qui disposeront
d'aide chez eux. Pour éviter une perte de temps, les collègues
soucieux d'apporter des connaissances solides devront proposer des
activités dirigées en lien direct avec les programmes de leur
discipline. La chose devrait être possible si ces EPI sont
finalement pris sur les horaires disciplinaires, vu que la « réforme »
se fera évidemment à moyens constants...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire