mercredi 2 avril 2014

Inspecteurs et inspections

La société des agrégés propose actuellement un questionnaire en ligne à propos de l'inspection des professeurs. Il est ouvert à tous et je ne saurais que conseiller d'y répondre pour faire part de son expérience personnelle et peut-être faire bouger les conditions de ces inspections pas toujours bien vécues, souvent à juste titre ! L'inspection a-t-elle vraiment changé ces dernières années ? Je n'en n'ai pas l'impression lorsque je me rappelle les 6 ou 7 visites d'inspecteurs (et inspectrices) que j'ai « accueillis » dans mes classes. Hormis une seule d'entre eux avec laquelle un véritable échange a eu lieu lors de l'entretien après ma prestation, les autres se contentent d'un discours stéréotypé sur les « bonnes pratiques » pédagogiques du moment pendant lequel il est impossible de placer le moindre mot pour défendre son travail. Une évaluation sérieuse du professeur demande au minimum la prise en compte de toutes ses activités dans ses classes, voir en dehors, tels la rédaction d'articles, d'ouvrages, de participation à des congrès et autres université d'été. Mais, non. L'écrasante majorité de la corporation se limite à ces quelques minutes de cours dont seule la forme est critiquée. Mais ne nous a-t-on pas appris dans feu les IUFM (Instituts universitaires de formation des maîtres, pour ceux qui ne s'en souviendraient plus et je leur donne raison!) que toutes les formes se valent pour enseigner une notion ou un concept ? Les inspecteurs pédagogiques régionaux encadrant la formation des professeurs stagiaires n'y trouvaient alors rien à redire. Voici que rien ne va plus en passant à la pratique dans les classes, ou alors, je suis sans doute un piètre pédagogue qui se fourvoie depuis plus de 20 ans dans ce métier !
Que faudrait-il alors changer dans l'inspection ? Une suggestion qui me paraît importante : l'évaluation par les pairs, comme pour nos collègues universitaires. Il n'y a pas d'inspecteurs dans les universités, pourquoi y en aurait-il dans le second degré ? Des collègues sont déjà chargés d'inspection dans mon académie mais en gardant un service partiel d'enseignement. Il faut généraliser ce système en l'ouvrant au plus grand nombre et pour une durée limitée dans le temps. Mieux vaut ne pas rester loin de ce qui se passe en classe trop longtemps au risque de ne tenir qu'un discours dépassé... L'avis d'un collègue lui même en exercice me serait plus précieux que la critique d'un inspecteur qui n'a plus la gestion d'élèves depuis 10 ans au moins... Notre nouveau ministre s'attaquera-t-il à ce chantier ? Il ne manquera pas de travail avec les réformes engagées par son prédécesseur...

PS : J'ai oublié de mentionner dans cet article que nos chers inspecteurs se ne bousculent pas pour « visiter » nos collègues agrégés et certifiés affectés dans l'enseignement supérieur ! Je n'ai hélas pas enseigné suffisamment longtemps en BTS pour y être inspecté mais lors de la venue de l'inspectrice, c'est bien dans une classe pré-bac que j'ai été « auditionné », alors qu'elle aurait pu venir dans ma classe de BTS. Quel choix curieux ! Des collègues enseignant eux aussi en BTS m'ont confirmé que c'était toujours le cas. La forme deviendrait-elle moins importante que le fond après le bac ? Vérité pédagogique en deçà du bac, inutilité au-delà... Quant à nos collègues en IUT ou à l'université, ils ne voient pas souvent l'ombre d'un inspecteur dans leurs amphis bien qu'ils aient la possibilité de solliciter leur visite, comme tout personnel de statut second degré quelle que soit son affectation. Mais comme leur notation ne dépend que de leur supérieur hiérarchique, j'imagine que l'avis de ce dernier doit leur suffire !


  

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