dimanche 19 janvier 2014

Education prioritaire (suite et pas fin, hélas!)

Finalement, la réforme des zones d'éducation prioritaire (ZEP), devenues à l'occasion réseaux d'éducation prioritaire (REP), se fera sans réduction du budget des classes préparatoires. On ne peut que s'en réjouir et remarquer au passage que la tentative de hold-up sur le fleuron de l'enseignement supérieur français n'était pas motivée par une bonne action de justice sociale en prenant aux « riches » (ou stigmatisés comme tels!) afin de redistribuer aux pauvres. Le document résumant la réforme disponible sur le site du ministère de l'éducation nationale reconnaît l'échec des politiques menées ces dernières années, comme en témoigne l'augmentation des inégalités de réussite scolaire entre les élèves des établissements d'éducation prioritaire et les autres.
Les nouvelles mesures annoncées vont-elles parvenir à corriger ces inégalités ? On peut en douter car elles reprennent exactement des dispositifs déjà bien connus : meilleure formation initiale et continue des professeurs, stabilisation des équipes, travail en équipe, pédagogie par projet. Les seules nouveautés consistent en une réduction du service en classe pour favoriser le travail en équipe et une revalorisation de 50% de l'indemnité annuelle versée à tous les professeurs de REP (actuellement 1156 euros par an) . Cela ne représente qu'un peu plus de 500 euros sur une année scolaire. Un peu maigre pour susciter des vocations ou encourager à rester dans ces établissements ! Quant à la formation continue, trois jours de formation sont garantis pour les professeurs des réseaux les plus difficiles. On a du mal à voir où se situe l'effort de l'Etat sachant que tout professeur, quel que soit son établissement d'exercice, peut sans difficulté bénéficier d'au moins 2 journées de formation chaque année scolaire via les plans académiques de formation. Il faudra au moins cela pour apprendre en quoi consiste la « pédagogie bienveillante et exigeante » vantée en caractère gras dans le document du ministère ! S'il y avait des réussites partageables, comme le prétend le document, cela ce saurait et il n'y aurait qu'à appliquer ces recettes miracles pour en finir avec l'échec scolaire. Souhaitons bon courage aux collègues qui devront assister aux multiples réunions de « pilotage de projet », « d'animations de réseaux » et autres « partenariats » !

Leur restera-t-il du temps pour véritablement enseigner à leurs élèves comme dans tout établissement scolaire « normal » ? Car cette différentiation dans la nature des enseignements va encore éloigner les élèves de l'éducation prioritaire des standards en place ailleurs. Ne vaudrait-il mieux pas en finir avec ces ghettos scolaires en les fermant ? Une distribution de leurs élèves dans des collèges et lycées « normaux » de centre ville ou de banlieue sans problème permettrait assurément une meilleure mixité sociale. Il est certain que les frais de transport de ces élèves coûterait moins cher que les moyens actuellement déployés. Affaire à suivre.

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