samedi 21 mai 2016

Frustrés, gavés et casseurs

Il y a quelques années, devant le renoncement progressif de l'école à toute exigence et sa transformation inéluctable en garderie auquel s'ajoute la démission de certains parents, j'avais prédit à des collègues qu'une bonne partie de nos élèves se transformeraient en « frustrés gavés ». Gavés parce que quel que soit leur milieu social, presque tous les biens matériels leur auront été donnés ainsi que les diplômes bac compris (bientôt la licence!). Frustrés parce qu'une fois dans la « vraie vie », ils ne comprennent pas pourquoi personne ne les attend à bras ouverts et qu'on leur demande de faire la preuve de leurs capacités. Les « casseurs » dont on voit les méfaits dans les récentes manifestations relèvent assurément de cette catégorie. Issus de tous les milieux sociaux, certains ayant faits des études supérieures, leur nihilisme violent n'est que la traduction de cette frustration envers la société qui tarde de plus en plus à leur faire comprendre qu'elle ne peut pas se plier éternellement à leurs caprices d'enfants gâtés. Aucune frustration sociale ne saurait excuser l'agression de ces policiers dans leur voiture vue cette semaine à Paris ainsi que les jets de projectiles contre les CRS dont le rôle est de maintenir les débordements d'excités en tout genre. Quel contraste avec l'an dernier après l'attentat contre Charlie Hebdo où l'on a vu des policiers applaudis voir embrassés par des gens dans la rue ! Peut-on espérer au passage que la justice condamne ces délinquants à réparer par un travail (mais que savent-ils de ce mot?) les dégâts qu'ils ont causés plutôt que de les envoyer en cellule où ils ne feront que ruminer encore plus leur haine de la société ? Fort heureusement, le gouvernement s'est montré à la hauteur des circonstances en décorant les policiers pris à parti ces dernières semaines. Il ferait encore mieux en décernant une médaille d'indignité nationale aux auteurs de ces violences inexcusables.

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