Les
électeurs se sont chargés il y a 15 jours de sortir les deux
candidats anciens ministres de l'éducation dont j'avais dit dans le
billet précédent tout le « bien » qu'ils avaient fait
pour l'école et pire, le projet de continuer dans la même voie ou
presque. Nous voici donc avec deux finalistes dont les programmes
sont aux antipodes l'un de l'autre, du moins sur le plan économique
dont c'est le seul hélas qui est mis en exergue ces derniers jours.
L'éducation est passée à la trappe et je n'ai pas eu le courage
d'aller plus loin que les 15 premières minutes du débat télévisé
de mercredi dernier. Il nous reste les points de vue exprimés dans
les réponses des candidats au formulaire de la société des agrégés
dont j'ai donné le lien dans le billet précédent. Il y a un point
commun dans les propositions des deux finalistes : la volonté
de revaloriser l'enseignement professionnel en lycée et par la voie
de l'alternance. E. Macron ne semble pas vouloir une orientation
professionnelle au niveau du collège qu'il conserve tel quel, à
l'exception d'un retour des classes bilangues ou européennes là où
elles ont disparu et d'une restauration des horaires des langues
anciennes. En revanche M. Le Pen souhaite la fin du collège unique
et une orientation dès la 5ème avec une possibilité de retour dans
l'enseignement général. Le lycée général et le bac ne sont pas
évoqués par les deux candidats dans leurs lettres mais les média
ont fait part de la volonté de E. Macron de réduire l'examen final
à 4 épreuves écrites, les autres matières étant évaluées par
contrôle continu. Sur ce dernier point, on peut déjà prévoir que
les exigences ne seront pas les même d'un lycée à l'autre et il
est fort à parier que des pressions locales s'exerceront sur les
professeurs évaluateurs pour que le nombre de reçus à l'examen ne
soit pas inférieur à ce qu'exige l'institution !
En ce
qui concerne la gestion de carrière des professeurs et les
conditions de travail, M. Le Pen souhaite réduire l'affectation des
agrégés en collège pour les redéployer vers les lycées, les
classes post-bac et l'Université à travers les postes « Prag ».
Elle souhaite également mettre fin aux rendez-vous de carrière
prévus dans la réforme dite PPCR pour revenir au système des
inspections, ces dernières devant être plus régulières. Enfin
elle propose un alignement progressif de nos rémunérations sur la
moyenne européenne. Pour sa part, E. Macron ne veut pas d'une
affectation de débutants dans l'éducation prioritaire et il propose
une prime de 3000 euros aux courageux volontaires en plus des primes
existantes. Et dire que notre actuel ministre est persuadée qu'on ne
fait pas ce métier pour de l'argent ! Aucune autre
revalorisation en revanche pour tous les autres à l'exception d'une
« baisse de cotisation » comme pour les salariés du
privé. S'agit-il de revenir sur l'alignement de la cotisation
retraite sur celle du régime général pour laquelle nous constatons
tous les ans la hausse continuelle et non négligeable ? On peut
en douter car il a déclaré par ailleurs vouloir un régime unique
pour tous. Cela augure mal pour le calcul des retraites de la
fonction publique qui ne serait plus calculé sur les 6 derniers mois
de carrière...
Au
chapitre de la formation professionnelle, E. Macron souhaite un
« développement de la recherche » dont il ne précise
pas l'objet, mais on se doute qu'elle est de nature « pédagogique ».
Espérons qu'elle ne signe pas le maintien de la férule pédagogiste
à l'oeuvre depuis 40 ans... E. Macron nous promet 3 jours de
formation continue, sans préciser la fréquence (annuelle, peut-on
supposer) ainsi qu'une gestion des carrières « plus proches du
terrain ». Cette proximité se plaçant dans le cadre d'une
autonomie accrue des établissements dans laquelle il souhaite que
les parents aient une implication plus grande. Enfin, il affirme que
les suppressions de postes dans la fonction publique n'affecteront
pas l'éducation nationale.
Il ne
reste plus qu'à faire son choix ! Un dernier mot sur les appels
de certains syndicats à voter pour E. Macron. Il est étonnant de
voir les directions de ces syndicats prendre parti aussi ouvertement
pour un candidat partisan de la mondialisation tandis que leurs
militants de base luttent pour le maintien des emplois menacés par
les délocalisations induits par cette même mondialisation !
Encore un gouffre entre le peuple et ses représentants...
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